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Une Philippine condamnée à mort en Indonésie, bientôt rapatriée pour Noël

  • Mary Jane Veloso, une détenue philippine condamnée à mort en Indonésie, salue les journalistes à l'établissement pénitentiaire pour femmes de Wonosari, à Yogyakarta, avant son transfert à Jakarta, le 15 décembre 2024
    ©DEVI RAHMAN, AFP - Mary Jane Veloso, une détenue philippine condamnée à mort en Indonésie, salue les journalistes à l'établissement pénitentiaire pour femmes de Wonosari, à Yogyakarta, avant son transfert à Jakarta, le 15 décembre 2024
  • Mary Jane Veloso, une détenue philippine condamnée à mort en Indonésie, salue les journalistes à l'établissement pénitentiaire pour femmes de Wonosari, à Yogyakarta, avant son transfert à Jakarta, le 15 décembre 2024
    ©DEVI RAHMAN, AFP - Mary Jane Veloso à l'établissement pénitentiaire pour femmes de Wonosari, à Yogyakarta, le 13 décembre 2024

Une Philippine condamnée à mort en Indonésie pour trafic de drogue, une affaire à rebondissements qui avait bouleversé ses compatriotes, a été remise aux autorités de son pays mardi à Jakarta d'où un avion devait la rapatrier dans la soirée, à temps pour Noël, a constaté un journaliste de l'AFP.

Mary Jane Veloso, 39 ans, mère de deux enfants, avait été arrêtée en 2010 en Indonésie alors qu'elle transportait dans sa valise 2,6 kilos d'héroïne.

Deux jours après le rapatriement de cinq Australiens, qui purgeaient de lourdes peines pour trafic de drogue et emprisonnés 19 ans en Indonésie, elle a bénéficié d'un accord conclu entre son pays et l'Indonésie du nouveau président Prabowo Subianto.

Le pays compte au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l'association de défense des droits Kontras, citant des données officielles, parmi lesquels 96 étrangers, dont le Français Serge Atlaoui, 60 ans, emprisonné depuis 2005 et pour qui la France est en pourparlers.

"Je suis très heureuse aujourd'hui mais pour être honnête, également un peu triste car l'Indonésie est ma seconde famille", a-t-elle déclaré lors d'un point presse à l'aéroport international de Jakarta, avant d'être remise aux autorités philippines.

Elle a ensuite entonné l'hymne indonésien.

"J'espère que vous allez tous prier pour moi, je dois être forte", a-t-elle ajouté.

Avant de s'adresser aux médias, elle a passé un appel vidéo avec ses enfants et ses parents, et fondu en larmes.

"Je dois rentrer à la maison car j'y ai ma famille, mes enfants qui m'attendent", a-t-elle ajouté, disant espérer fêter Noël avec eux. "C'est une nouvelle vie qui commence pour moi, un nouveau départ aux Philippines", a-t-elle dit.

Mary Jane Veloso devait embarquer à bord d'un vol de la compagnie Cebu Pacific pour Manille prévu pour décoller peu après minuit (17H00 GMT) de Jakarta. Elle sera interdite de revenir en Indonésie, selon les autorités indonésiennes.

Sa condamnation avait déclenché un tollé aux Philippines, sa famille et ses partisans affirmant qu'elle était innocente et qu'elle avait été la victime d'un réseau international de trafic de drogue.

- "Un miracle" -

Fin novembre, le président philippin Ferdinand Marcos Jr. avait annoncé que son homologue indonésien Prabowo Subianto avait donné son accord de principe au rapatriement de Mme Veloso.

Un accord prévoyant qu'elle soit transférée avec le statut de détenue, mais que le président Marcos puisse lui accorder sa grâce à son retour aux Philippines. Sa mère Celia Veloso, 65 ans, a téléphoné au président Marcos Jr pour demander qu'il permette à sa fille de passer Noël en famille.

"C'est un miracle parce que, honnêtement, même maintenant, cela ressemble toujours à un rêve", confiait vendredi dernier à l'AFP Mary Jane Veloso depuis sa prison pour femmes de Yogyakarta, sur l'île de Java.

En 2015, son gouvernement avait obtenu un sursis de dernière minute pour éviter son exécution, après l'arrestation d'une femme soupçonnée de l'avoir recrutée et qui a été jugée pour trafic d'être humains.

Après autant d'années en Indonésie, la jeune femme rapporte "plein de choses: une guitare, des livres, des tricots, même le T-shirt que je porte et donné par mes amis", a-t-elle dit en quittant la prison.

Elle prévoit d'utiliser les compétences qu'elle a acquises en prison, notamment les techniques locales de batik (teinture des tissus), pour gagner de l'argent pour elle et sa famille.

Pays majoritairement musulman, l'Indonésie est l'un des pays où la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde.

La semaine dernière, l'Australie a obtenu le rapatriement de cinq ressortissants emprisonnés pendant 19 ans pour trafic de drogue en Indonésie, dans l'affaire dite des "Neuf de Bali".

Deux d'entre eux, Andrew Chan et Myuran Sukumaran, considérés comme les chefs de la bande, avaient été exécutés en 2015 en dépit des requêtes de l'Australie.

publié le 17 décembre à 17h32, AFP

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