France

Main arrachée d'un "gilet jaune" en 2018: le parquet demande un non-lieu pour un major de CRS

Le parquet de Paris a requis un non-lieu pour un major de CRS mis en cause pour un tir d'une grenade dont l'explosion a mutilé un

© Sameer Al-DOUMY, AFP - Le parquet de Paris a requis un non-lieu pour un major de CRS mis en cause pour un tir d'une grenade dont l'explosion a mutilé un "gilet jaune" en novembre 2018

Le parquet de Paris a requis vendredi un non-lieu pour un major de CRS mis en cause pour un tir d'une grenade dont l'explosion a mutilé un "gilet jaune" en novembre 2018, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier.

Le major Jackie D., 53 ans, officiant dans la CRS 7, a été mis en examen en février 2022. Il lui était reproché d'avoir involontairement blessé plusieurs manifestants mais aussi de les avoir mis en danger en lançant une grenade lacrymogène GLI-F4, une arme dite intermédiaire régulièrement accusée de causer des mutilations et interdite depuis 2020.

Le cas le plus grave était celui d'un manifestant, Gabriel Pontonnier, dont une main a été arrachée dans l'explosion de la grenade.

Dans son interrogatoire en février 2022, Jackie D. raconte que la situation était devenue "insurrectionnelle" dans l'après-midi lors de l'"acte 2" des "gilets jaunes" qui avait dégénéré.

Vers 18h00, sur un rond-point en bas des Champs-Elysées, le fonctionnaire de police a lancé, en face de lui, une grenade GLI-F4 malgré, a-t-il reconnu, des "conditions de visibilité (qui) n'étaient pas suffisantes", en raison des gaz lacrymogènes.

Mais selon lui, ce tir était "absolument nécessaire", en "réaction" aux manifestants et à leurs "projectiles".

La justice avait jusque-là estimé que Jackie D. n'avait pas respecté la réglementation en vigueur lors de ce tir notamment car le major n'avait pas demandé l'aval d'un superviseur, une mesure impérative qu'il ignorait, avait-il assuré devant le juge.

Mais dans ses réquisitions, le parquet de Paris a prôné vendredi de ne retenir aucune infraction contre le policier.

D'une part, car son usage de la grenade était "nécessaire et proportionné", pour "préserver les hommes" et le major D. de blessures, et s'inscrivait, selon le ministère public, dans le cadre légal prévu.

D'autre part, car M. Pontonnier, "bien que prévenu de faire attention à plusieurs reprises, s'est rapproché (de la grenade) pour s'en saisir, s'exposant alors à des blessures très graves".

La décision finale sur un procès ou non revient au juge d'instruction.

Pour Mes Emma Eliakim, William Bourdon et Vincent Brengarth, avocats de M. Pontonnier, "le lancer de la grenade s'est fait en dehors du respect des normes minimales requises et doit nécessairement, au vu des blessures occasionnées, engager la responsabilité de son auteur."

"Les autorités de poursuite ne sauraient se prévaloir d'un supposé climat insurrectionnel pour absoudre les manquements commis, sauf à créer une cause inédite d'irresponsabilité pénale. Ce réquisitoire est juridiquement consternant à tous égards", d'après ces trois conseils.

L'avocat de Jackie D. n'a pas répondu à l'AFP.

publié le 19 juin à 17h24, AFP

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