France

Entre la crise à Mayotte et Pau, Bayrou consulte et espère former un gouvernement "cette semaine"

  • La présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, arrive à Matignon le 16 décembre 2024 pour être reçu par le nouveau Premier ministre François Bayrou
    ©LOU BENOIST, AFP - La présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, arrive à Matignon le 16 décembre 2024 pour être reçu par le nouveau Premier ministre François Bayrou
  • La présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, arrive à Matignon le 16 décembre 2024 pour être reçu par le nouveau Premier ministre François Bayrou
    ©LOU BENOIST, AFP - Le président du groupe LR au Sénat Mathieu Darnaud, à droite et le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, à gauche, à leur arrivée à Matignon, le 16 décembre 2024 à Paris
  • La présidente du groupe des députés Rassemblement national, Marine Le Pen, arrive à Matignon le 16 décembre 2024 pour être reçu par le nouveau Premier ministre François Bayrou
    ©Gaizka IROZ, AFP - François Bayrou à Pau dans les Pyrénées-Atlantique le 16 décembre 2024

François Bayrou a mené lundi une première série de consultations des forces politiques afin de composer son gouvernement, idéalement "cette semaine", et de trouver un chemin sur le budget. Il a ensuite défendu le cumul des mandats depuis sa ville de Pau dont il entend rester maire, malgré les critiques.

Face au conseil municipal de la commune des Pyrénées-Atlantiques dont il est l'édile depuis 10 ans, le nouveau Premier ministre a qualifié d'"erreur" l'interdiction du cumul des mandats pour les parlementaires, une règle établie en 2014 sous la présidence de François Hollande. "Je pense qu'il faut que ce débat soit repris", a-t-il déclaré, précisant qu'il poserait cette question dans son discours de politique générale.

Et de justifier sa position par "la rupture entre la base de la société française (...) et les milieux de pouvoir", qui nourrit, selon lui, "une défiance profonde à l'égard du monde politique".

Le président du MoDem a aussi confirmé son intention de rester maire.

A gauche, les réactions n'ont pas tardé. "Je pense qu'il devrait démissionner de son mandat" local, a fustigé sur LCP la cheffe de file des députés insoumis Mathilde Panot. "On ne peut pas être à la fois Premier ministre de la France et maire d'une ville".

François Bayrou avait déjà suscité la controverse en choisissant de se rendre à Pau plutôt qu'à une réunion de crise sur Mayotte, dévastée par un cyclone qui aurait fait des centaines voire des milliers de morts. Il n'y a assisté qu'à distance.

Cette décision est "indigne et irrespectueuse" alors que l'archipel "traverse l'une des pires tragédies", a notamment dénoncé sur X le député socialiste Arthur Delaporte.

Auparavant, le nouveau locataire de Matignon a organisé une première salve de consultations des partis représentés à l'Assemblée nationale "par leur ordre d'importance" en nombre de députés.

Première reçue, Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, accompagnée du président du parti Jordan Bardella. A la sortie, elle a salué une "méthode plus positive" que son prédécesseur Michel Barnier, accusé de l'avoir reçue trop tardivement. Et ce alors qu'Emmanuel Macron a souhaité après la censure "ne plus dépendre" du parti d'extrême droite.

Marine Le Pen a souhaité que le chantier de l'élection des députés à la proportionnelle, revendiqué aussi par François Bayrou, soit engagé "juste après le budget" et qualifié la proposition de la gauche, de ne pas censurer le gouvernement en échange d'un abandon du 49.3, de "tractations indignes".

- Socialistes sur leur "faim" -

A la tête de la délégation socialiste, Olivier Faure est ressorti "sur (sa) faim" du rendez-vous, lors duquel ils ont "beaucoup parlé" de ce pacte de non-censure, sans que l'échange soit "conclusif".

S'il engage la même politique que Michel Barnier, "nous le censurerions de la même façon", a-t-il prévenu.

La France insoumise, qui a déjà promis la censure, a elle refusé de rencontrer pour le moment François Bayrou.

Gabriel Attal, pour le parti présidentiel Renaissance, est ressorti sans un mot, pour demeurer selon son entourage "une force facilitatrice".

Quant au parti Les Républicains, le patron des sénateurs Mathieu Darnaud a affirmé à l'AFP vouloir que M. Bayrou "éclaircisse rapidement sa feuille de route" avec "les sujets régaliens", "l'immigration" ou encore "l'urgence agricole". Si elle va dans le bon sens aux yeux de la droite, il a souhaité qu'elle "soit représentée de façon significative" au gouvernement.

Les consultations se poursuivront mardi, à commencer par les écologistes, qui ne souhaitent pas "censurer a priori" le futur exécutif.

- Grand oral -

Le Premier ministre, nommé vendredi, a dit vouloir présenter rapidement son équipe gouvernementale. "Mon échéancier, c'est cette semaine, j'espère. Mais faut que le président soit là", a-t-il dans la soirée depuis Pau.

Emmanuel Macron va mardi après-midi à Lyon, puis de mercredi après-midi à jeudi soir à Bruxelles pour des sommets européens. Il a aussi annoncé qu'il se rendra "dans les prochains jours" à Mayotte.

Le temps presse car ce gouvernement devra porter un nouveau budget pour 2025, le précédent projet ayant été interrompu par la censure, alors que le déficit s'aggrave et que les agences de notation froncent les sourcils.

François Bayrou, qui entame son bail à Matignon avec le plus faible niveau de confiance (40%) pour un Premier ministre depuis 2017, selon un sondage BVA Xsight, passera mardi son premier grand oral à l'Assemblée, où il répondra en solo aux questions des députés -- les ministres démissionnaires n'y sont pas autorisés.

Se définissant comme "un Premier ministre de plein exercice et de complémentarité" avec le chef de l'Etat, il souhaite former un gouvernement resserré et dominé par des "personnalités" d'expérience. Il a choisi pour son cabinet des proches, avec comme directeur Nicolas Pernot qui a dirigé les services de la ville de Pau.

publié le 16 décembre à 23h48, AFP

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