En pleine crise à Mayotte, Bayrou se rend à Pau dont il entend rester maire
© STEPHANE DE SAKUTIN, AFP - Le Premier ministre François Bayrou, réagissant à la situation à Mayotte, dévastée par un cyclone, Paris, le 14 décembre 2024
François Bayrou présidera lundi soir le conseil municipal de sa ville de Pau avec l'idée de conserver son mandat parallèlement à son poste de Premier ministre, mais ce déplacement en pleine crise à Mayotte suscite la colère à gauche.
Le nouveau Premier ministre, maire de Pau depuis 10 ans, avait déjà conservé son mandat local quand il avait été brièvement ministre de la Justice du 17 mai au 21 juin 2017.
Son intention est de conserver la mairie, selon une source gouvernementale. Il expliquera le sens de sa venue au début de la réunion prévue à 19H.
Avant le conseil municipal, François Bayrou participera à distance à 18H00 à la réunion du centre interministériel de crise (CIC) sur Mayotte, dévasté par un cyclone meurtrier, qui sera présidée par Emmanuel Macron.
Ce déplacement à Pau a suscité de vives réactions à gauche.
C'est une décision "indigne et irrespectueuse(...) alors même que (l'archipel de Mayotte) traverse l’une des pires tragédies", a dénoncé sur X le député socialiste Arthur Delaporte.
"Nous traitons la catastrophe avec distance comme si elle s’était déroulée dans un ailleurs, lointain et différent. Mayotte est la France", a fustigé l'écologiste Sandrine Rousseau, la vice-présidente LFI de l'Assemblée nationale, Clémence Guetté, dénonçant "un Premier ministre illégitime à mi-temps".
Selon le site de sa ville, François Bayrou doit ouvrir la séance du conseil municipal par "sa chronique des actualités et échange avec les élus sur ces thèmes", avant que l'exécutif local ne se penche sur 35 dossiers, dont celui du budget pour 2025.
Son premier adjoint à Pau, Jean-Louis Peres, a jugé lundi sur France Bleu "souhaitable" que François Bayrou conserve ce mandat local qui permet de "résoudre les questions que se posent les Français" avec "du très concret".
Aucun texte n'oblige un Premier ministre à démissionner de son mandat de maire. L'article 23 de la Constitution interdit seulement le cumul d'une fonction de ministre avec un mandat "parlementaire".
Ses prédécesseurs à Matignon Jean-Marc Ayrault, Jean Castex et Edouard Philippe avaient laissé leurs fauteuils de maire de Nantes, Prades et Le Havre à leurs suppléants.
A l’inverse, Jacques Chirac était resté maire de Paris quand il avait été Premier ministre de 1986 à 1988.
Les débats pourraient aussi porter sur le maintien ou pas de François Bayrou à la présidence de l'Agglomération de Pau, qui comprend 31 communes représentant plus de 160.000 habitants.
Reste aussi à savoir si François Bayrou sera de nouveau candidat aux élections municipales en 2026.
publié le 16 décembre à 15h41, AFP