France

Des linguistes demandent la suppression de l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir

© ANDBZ/ABACA

Dans un manifeste publié ce jeudi 25 mai, des linguistes ont suggéré de supprimer l’accord du participe passé après l’auxiliaire avoir ou encore d’introduire le correcteur automatique à l’école. Des propositions immédiatement condamnées par leurs confrères et consœurs les plus conservateurs.

Une langue évolue avec le temps, mais tout le monde ne souhaite pas la voir changer. Dans un manifeste publié jeudi 25 mai, Le français va très bien, merci, des linguistes estiment que l’avenir de l’orthographe française est dans le correcteur automatique, un outil qu’ils souhaitent voir utilisé par les élèves dès l’école. Ils y formulent une trentaine de propositions, comme la suppression de l’accord du participe passé après l’auxiliaire avoir, car celui-ci tendrait à disparaître.

Mais, pour certains de leurs confrères, c’en est trop. Auprès de Ouest-France, Jean Pruvost fustige cette proposition et souligne que“ la lecture de la presse suffit à constater” que l’accord est toujours respecté. “C’est comme si on affirmait que l’infinitif et le participe passé tendent à se confondre, la faute existant dans les copies. À ce train-là, on peut supprimer l’enseignement de l’orthographe”, poursuit-il.

Un débat vieux comme la langue française

Et cette guerre, au sujet de l’évolution de la langue et de l’orthographe, mais aussi de la suppression du participe passé, ne date pas d’hier. “Prenez Louis Meigret. On lui doit en 1550 la première grammaire de la langue française. Mais, huit ans auparavant, il propose déjà une orthographe simplifiée, phonétique. Tout le monde lui tombe dessus”, rappelait en août 2016 Bernard Cerquiglini, ex-délégué général à la Langue française, dans les colonnes du Point.

Ici s’opposent réformistes et conservateurs, largement représentés à l’Académie française. “Il faut en finir avec le mythe d’un âge d’or de l’orthographe. Les écrivains du XIXe siècle ne la connaissaient pas. Ils remettaient leurs textes à des spécialistes, des professionnels, qui étaient les imprimeurs et les éditeurs”, relève Anne Abeillé, une des signataires du manifeste. Et différentes études révèlent que le niveau des élèves en orthographe n’a de cesse de régresser. Réformer y remédiera-t-il ? Nul ne peut le savoir tant que cela n’a pas été tenté.

publié le 25 mai à 20h54, Orange avec 6Medias

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