Insolite

L'Inde va-t-elle bientôt changer de nom ?

Le pays qui compte plus d'1,4 milliard d'habitants pourrait acter sa décision d'ici la fin du mois de septembre, selon Al Jazeera. L'Inde pourrait ainsi s'affranchir de son passé.

Une rumeur pour l'instant, mais qui pourrait rapidement se transformer en changement de taille. Comme le rapportent plusieurs médias, dont Al Jazeera, l'Inde pourrait bientôt… ne plus s'appeler l'Inde. Un changement de nom est évoqué dans la presse locale depuis l'envoi d'un carton d'invitation du G20. Dans ces documents adressés aux différents présidents du sommet (9 et 10 septembre), l'Inde n'est pas appelée "India" (en anglais) mais avec son second nom, "Bharat". Ce mot n'a rien de nouveau. En sanscrit, il désigne le pays, et le terme est d'ailleurs le deuxième nom officiel du pays le plus peuplé du monde. Il apparaît même dans la Constitution.

Sur le carton d'invitation, la présidente, Droupadi Murmu est nommé "présidente du Barhat" et non "présidente de l'Inde". Pour une partie de la classe politique, le terme "Inde" a été introduit par les colons britanniques, or il s'agirait d'un "symbole de l'esclavage". Pour rappel, les Britanniques ont gouverné l'Inde pendant plus de 200 ans, jusqu'à l'indépendance en 1947. D'un autre côté, des historiens rappellent que "Bharat" remonte aux premiers textes hindous. Peu à peu, le gouvernement tente de s'affranchir de son passé colonial.

Le gouvernement veut "récupérer" son passé hindou

En 2015, la célèbre rue "Aurangzeb Road", nommée en l'honneur d'un empereur moghol, a été renommée en "Dr APJ Abdul Kalam Road", après de nombreuses protestations émanant des leaders du parti du Premier ministre, Narendra Modi. L'année passée, le gouvernement nationaliste a aussi renommé une célèbre avenue datant de l'ère coloniale dans le centre de New Delhi, souvent utilisée pour des cérémonies militaires. Pour le gouvernement, ces efforts sont réalisés afin de "récupérer" son passé hindou. Selon un membre du BJP (Bharatiya Janata Party), parti du Premier ministre, cette décision est déjà un "sérieux coup porté à la mentalité esclavagiste".

L'Inde ira-t-elle au bout ? Une session extraordinaire du Parlement est d'ores et déjà convoquée à la fin du mois (18-22 septembre). Si les thèmes abordés n'ont pas été dévoilés, une télévision locale évoque des résolutions faisant de "Bharat" un terme à utiliser à l'avenir dans les discours officiels. Mais ce changement de nom ne plaît pas à tout le monde, à commencer par les opposants au BJP. "L’article 1 de la Constitution peut se lire ainsi : 'Bharat, qui était l’Inde, sera une Union des États.' Mais maintenant, même cette 'Union des États' est attaquée", a déploré Jairam Ramesh, leader du principal parti d'opposition. S'il n'est pas opposé à l'emploi des deux termes, le législateur du Congrès a dit espérer "que le gouvernement ne sera pas assez stupide pour se passer complètement de 'l’Inde', qui a une valeur de marque incalculable accumulée au fil des siècles".

publié le 5 septembre à 20h14, Xavier Martinage, avec 6Medias

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