Faits divers

Japon: le parquet présente ses excuses à un homme innocenté 46 ans après sa condamnation à mort

Un procureur régional en chef, Hideo Yamada (à gauche), s'incline pour présenter ses excuses à Iwao Hakamada, innocenté après 46 ans dans le couloir de la mort, et à sa soeur Hideko Hakamada, le 27 novembre 2024 à Hamamatsu (Japon)

© JAPAN POOL, AFP - Un procureur régional en chef, Hideo Yamada (à gauche), s'incline pour présenter ses excuses à Iwao Hakamada, innocenté après 46 ans dans le couloir de la mort, et à sa soeur Hideko Hakamada, le 27 novembre 2024 à Hamamatsu (Japon)

Un haut responsable du parquet japonais a présenté mercredi ses excuses à Iwao Hakamada, un ex-condamné à la peine capitale ayant passé près d'un demi-siècle dans le couloir de la mort avant d'être récemment acquitté.

Après un long combat judiciaire mené principalement par sa sœur, M. Hakamada, 88 ans, avait été déclaré fin septembre innocent du quadruple meurtre pour lequel il avait été condamné à mort. Il a passé 46 années en prison.

Le juge a estimé que des éléments de preuve contre M. Hakamada avaient été "fabriqués", et jugé que les interrogatoires qu'il a subis étaient "inhumains" et visaient à infliger une "douleur physique et mentale" ainsi qu'à obtenir "des déclarations sous la contrainte".

Dans la foulée, le chef de la police locale s'est rendu en octobre au domicile d'Iwao Hakamada pour lui présenter ses excuses. Mercredi, c'était au tour du procureur régional en chef Hideo Yamada de rendre visite au vieil homme.

"Nous sommes terriblement désolés que vous, M. Iwao Hakamada, ayez été placé dans des conditions juridiquement instables pendant une période très longue, vous obligeant, ainsi que votre sœur Hideko, à vivre des moments difficiles qu'il est à peine possible d'exprimer par des mots", a déclaré M. Yamada en s'inclinant devant M. Hakamada et sa sœur, âgée de 91 ans.

Mme Hakamada, qui parle souvent au nom de son frère, a déclaré qu'ils étaient "extrêmement heureux qu'il ait été reconnu innocent". "Merci d'être venus aujourd'hui", a-t-elle ajouté.

Ancien boxeur devenu employé dans une entreprise de fabrication de miso (soja fermenté), Iwao Hakamada était accusé d'avoir assassiné en 1966 son patron et trois membres de la famille de ce dernier. Il avait été condamné deux ans plus tard.

Après des décennies de bataille judiciaire et de décisions tantôt favorables, tantôt défavorables, M. Hakamada avait finalement obtenu un procès en révision, qui lui a permis d'être acquitté.

Le Japon et les États-Unis sont les seuls pays du G7 à avoir toujours recours à la peine capitale. Celle-ci bénéficie d'un fort soutien de l'opinion publique dans l'archipel, où son abolition est rarement évoquée.

Iwao Hakamada est le cinquième condamné à mort à bénéficier d'un procès en révision au Japon depuis l'après-guerre. Les quatre affaires précédentes ont également abouti à des acquittements.

Une semaine après l'acquittement de M. Hakamada, le nouveau ministre japonais de la Justice, Hideki Makihara, avait déclaré qu'abolir la peine de mort serait "inapproprié" car "des crimes odieux continuent de se produire", appelant seulement à "la prudence" pour les condamnations, selon la chaîne Nippon TV.

La dernière exécution au Japon, celle d'un homme de 39 ans condamné pour avoir tué sept personnes dans la rue à Tokyo, remonte à 2022.

publié le 27 novembre à 09h44, AFP

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