Un hommage à un ex-soldat nazi par le Parlement canadien fait scandale
© Doyle Patrick/CP/ABACA - Volodymyr Zelensky, entouré du Président de la Chambre des Communes Anthony Rota, du Premier ministre canadien Justin Trudeau, et de la présidente du Séant Raymonde Gagné, vendredi 22 septembre.
Lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky au Parlement canadien vendredi dernier, Yaroslav Hunka, un ancien combattant nazi a été ovationné, rapporte Le Devoir. Une affaire qui a poussé le président du Parlement à démissionner.
Énorme polémique au Canada. Vendredi dernier, lors de sa première visite d'État au Canada depuis le début du conflit en Ukraine, Volodymyr Zelensky s'est rendu à Ottawa. Mais convié à la Chambre des Communes, il a été invité à applaudir Yaroslav Hunka, rapporte le média canadien Le Devoir. Le président de la Chambre, Anthony Rota, l'a présenté comme un héros de guerre ayant combattu pour la 1ère division ukrainienne. "Je suis très fier de dire qu’il est de North Bay et de ma circonscription de Nipissing-Timiskaming, a déclaré le député ontarien en guise d’introduction. C’est un héros ukrainien, un héros canadien, et nous le remercions pour tous ses services", a-t-il clamé.
Problème, Yaroslav Hunka, 98 ans, n'est autre qu'un ancien combattant nazi. Comme le rappelle le Journal de Montréal, le gouvernement canadien a même avoué en 1997 avoir accueilli plus de 200 membres de sa division après la Seconde Guerre mondiale. Ils avaient tous intégré volontairement la division de Galicie de la Waffen-SS, composée majoritairement d’Ukrainiens. Mais elle avait été désignée comme une organisation criminelle par le Tribunal militaire international lors du procès de Nuremberg en 1946. Alors pourquoi une telle ovation pour Yaroslav Hunka ? Toujours selon le Journal de Montréal, plusieurs de ces vétérans, dont Hunka, ont eu droit à des monuments sur le sol canadien (depuis vandalisés).
Un moment "profondément gênant" pour Justin Trudeau
Une affaire gênante pour Anthony Rota, qui avait dû présenter ses excuses "les plus sincères" dimanche 24 septembre, ajoutant qu'il avait "reçu de nouveaux renseignements" lui faisant "regretter sa décision". Ce lundi, le président de la Chambre a finalement annoncé sa démission. Lâché par la ministre des Affaires étrangères, il l'avait été aussi par Justin Trudeau, qui avait parlé d'un moment "profondément gênant pour le Parlement du Canada et par extension pour tous les Canadiens". Par ailleurs, des organisations de défense des personnes juives avaient fustigé un tel accueil réservé à Yaroslav Hunka, le groupe de défense les Amis du centre Simon-Wiesenthal publiant même un communiqué ce dimanche.
Pour eux, le nonagénaire a été "responsable du massacre de civils innocents avec un niveau de brutalité et de méchanceté inimaginable". Ils avaient demandé des "excuses à chaque survivant de la Shoah et vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui ont combattu les nazis" ainsi qu'une "explication (…) sur la manière dont cet individu est entré dans les salles sacrées du Parlement canadien et a reçu la reconnaissance du président de la Chambre".
En outre, le président-directeur général de B’nai Brith Canada, ainsi que le Centre des affaires israéliennes et juives s'étaient offusqués de cet accueil réservé au Parlement. "La communauté juive du Canada se tient fermement aux côtés de l’Ukraine dans sa guerre contre l’agression russe. Mais, nous ne pouvons pas rester silencieux lorsque les crimes commis par les Ukrainiens pendant la Shoah sont blanchis", avait-il laissé entendre.
publié le 26 septembre à 20h33, Xavier Martinage, avec 6Medias