Budget 2025

Premier Conseil des ministres de Bayrou, qui voit "un chemin" pour sortir de l'instabilité

  • Gouvernement Bayrou : deux tiers des 35 ministres l'ont déjà été pendant la présidence d'Emmanuel Macron
    ©Nalini LEPETIT-CHELLA, Sabrina BLANCHARD, Jean-Michel CORNU, AFP - Gouvernement Bayrou : deux tiers des 35 ministres l'ont déjà été pendant la présidence d'Emmanuel Macron
  • Gouvernement Bayrou : deux tiers des 35 ministres l'ont déjà été pendant la présidence d'Emmanuel Macron
    ©Bertrand GUAY, AFP - François Bayrou, entouré notamment d'Elisabeth Borne (g), ministre de l'Education et de Bruno Retailleau (d), ministre de l'Intérieur, se dirigeant vers l'Elysée pour le premier Conseil des ministres du Premier ministre
  • Gouvernement Bayrou : deux tiers des 35 ministres l'ont déjà été pendant la présidence d'Emmanuel Macron
    ©Bertrand GUAY, AFP - François Bayrou le 3 janvier 2025, à Paris

"Il existe un chemin" pour sortir de l'instabilité politique, a assuré François Bayrou vendredi en amont de son premier Conseil des ministres, lors duquel Emmanuel Macron a appelé à "l'unité" et à "l'audace", notamment pour faire adopter rapidement un budget après la censure du précédent gouvernement.

Comme chaque nouvelle année, les membres du gouvernement se sont d'abord retrouvés place Beauvau, au ministère de l'Intérieur, pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée, où l'hôte des lieux, le Vendéen Bruno Retailleau, a offert à tous une bouteille de "trouspinette", un vin d'épines.

Autre rituel, le gouvernement en rangs serrés a ensuite rejoint à pied la salle des fêtes de l'Elysée, à quelques dizaines de mètres de là. Des ministres sont ensuite restés autour du président pour un Conseil de défense consacré à Mayotte, trois semaines après le passage du cyclone Chido.

"Il existe un chemin" pour sortir de "cette période d'instabilité", "il est même mieux défini qu'on ne le croit", a assuré François Bayrou à ses ministres, selon son entourage. "Si nous sommes unis, nous pourrons déplacer un certain nombre d'obstacles devant nous", a encore lancé le Premier ministre, qui avait placé 2025 sous les auspices d'un triptyque "réconciliation, action, stabilité".

Le président Emmanuel Macron a appelé pour sa part les ministres à "l'unité" et à "l'audace", a rapporté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.

- "Coups politiques" -

"Vous êtes à la tête d'administrations, dirigez-les. La vie des Français ne change pas car une loi est votée ou une parole prononcée", a-t-il encore dit selon un participant.

"Le fait d’être au gouvernement vous élève au-dessus des différends", a ajouté le chef de l'Etat, qui a exprimé sa "préoccupation sur les instabilités que vivent les démocraties", selon une source gouvernementale, et mis en garde contre les "coups politiques qui mettraient en danger le pays".

M. Bayrou espère durer davantage à Matignon que son prédécesseur, resté en poste trois mois, mais il est pareillement privé de majorité à l'Assemblée nationale, faute d'avoir pu élargir son gouvernement au-delà du centre et de la droite.

Une lacune qu'il espère compenser par la présence de poids lourds politiques, comme les ex-Premiers ministres Elisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outre-mer), et de quelques ministres qui ont, dixit une source gouvernementale, "une histoire" avec la gauche, tels Eric Lombard (Economie) ou François Rebsamen (Aménagement du territoire).

Auxquels s'ajoutent "deux grands fauves", Bruno Retailleau (Intérieur) et Gérald Darmanin (Justice), qui rivalisent de déplacements et d'expressions publiques mais pourraient lui faire de l'ombre.

- "S'assoir" sur le déficit -

Plusieurs de leurs collègues étaient dans les médias vendredi avec un message martelé à l'unisson: "Nous avons besoin d'un budget".

Parce que sans loi de finances depuis le 1er janvier, "la France fonctionne en service minimum", a expliqué sur RTL Catherine Vautrin, en charge notamment du Travail et de la Santé.

Mais le gouvernement va sans doute "s'assoir" sur la réduction du déficit, a rapporté à l'AFP un élu consulté par Bercy.

Selon le journal Le Monde, M. Bayrou se serait fixé un objectif de déficit à 5,4% du PIB au lieu de 5% comme envisagé par Michel Barnier.

L'objectif chiffré "sera le fruit des discussions" du gouvernement avec les forces politiques, a balayé la porte-parole Sophie Primas, sans donner de calendrier pour l'adoption du budget, dont les "principales orientations" devraient figurer dans la déclaration de politique générale du 14 janvier.

- Grain de sel -

Urgence aussi pour Mayotte, où le Premier ministre s'est rendu avec cinq ministres pour annoncer une batterie de mesures destinées à remettre "debout" ce département, le plus pauvre de France.

Ce texte présenté mercredi et "adopté avant la fin du mois", a assuré Mme Primas.

L'exercice du compte-rendu du Conseil des ministres a été rapatrié à l'Elysée, à la demande de François Bayrou, alors que son prédécesseur avait choisi de le délocaliser dans un bâtiment des services du Premier ministre.

Pour préparer cette première réunion, François Bayrou a déjeuné longuement jeudi avec le président. Manière d'apaiser les tensions, alors que le chef de l'Etat a hésité en décembre à nommer le patron du MoDem, ce dernier menaçant alors de rompre leur alliance historique.

Depuis, le président ne s'est pas privé de mettre son grain de sel dans le travail du gouvernement, lors de ses voeux aux Français. Il faut que la France "continue d'être attractive", "travaille et innove plus", "continue de créer des emplois" et "assure sa croissance en tenant ses finances", a-t-il exhorté.

La marque d'une nouvelle relation de "coresponsabilité", selon le nouveau locataire de Matignon, qui a entamé son bail avec une cote de popularité historiquement basse.

publié le 3 janvier à 18h06, AFP

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