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Turquie: funérailles et frappes contre le PKK au lendemain de l'attentat près d'Ankara

  • Des policiers turcs sécurisent une partie d'une route principale à Kahramankazan, à environ 40 kilomètres au nord d'Ankara, le 23 octobre 2024, à proximité du bâtiment des industries aérospatiales turques (TAI) où un attentat a fait quatre morts morts et quatorze blessés
    ©Adem ALTAN, AFP - Des policiers turcs sécurisent une partie d'une route principale à Kahramankazan, à environ 40 kilomètres au nord d'Ankara, le 23 octobre 2024, à proximité du bâtiment des industries aérospatiales turques (TAI) où un attentat a fait quatre morts morts et quatorze blessés
  • Des policiers turcs sécurisent une partie d'une route principale à Kahramankazan, à environ 40 kilomètres au nord d'Ankara, le 23 octobre 2024, à proximité du bâtiment des industries aérospatiales turques (TAI) où un attentat a fait quatre morts morts et quatorze blessés
    ©Adem ALTAN, AFP - Des policiers turcs sécurisent une partie de la route principale menant au bâtiment des Industries aérospatiales turques (TAI), après une énorme explosion à ce siège, à Kahramankazan, à environ 40 kilomètres (25 miles) au nord d'Ankara, le 23 octobre 2024
  • Des policiers turcs sécurisent une partie d'une route principale à Kahramankazan, à environ 40 kilomètres au nord d'Ankara, le 23 octobre 2024, à proximité du bâtiment des industries aérospatiales turques (TAI) où un attentat a fait quatre morts morts et quatorze blessés
    ©Adem ALTAN, AFP - Les funérailles du chauffeur de taxi tué dans l'attentat d'Ankara, le 24 octobre 2024, à Ankara, en Turquie
  • Des policiers turcs sécurisent une partie d'une route principale à Kahramankazan, à environ 40 kilomètres au nord d'Ankara, le 23 octobre 2024, à proximité du bâtiment des industries aérospatiales turques (TAI) où un attentat a fait quatre morts morts et quatorze blessés
    ©Adem ALTAN, AFP - La famille proche du chauffeur de taxi tué dans l'attentat d'Ankara, à ses funérailles, le 24 octobre 2024 à Ankara, en Turquie

Les premières funérailles des victimes de l'attentat contre le siège des Industries de défense de Turquie mercredi, près d'Ankara, sont célébrées jeudi après une nuit de bombardements, qui se poursuivent, visant les combattants kurdes du PKK.

Le gouvernement turc a rapidement désigné le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) comme le "probable" responsable de l'attaque qui a fait cinq morts, plus les deux assaillants, et 22 blessés, dont 14 toujours hospitalisés jeudi.

Le ministre de l'Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé à la mi-journée l'identification de l'un des deux assaillants, surnommé "Rojger" et "membre du PKK". Celle d'une femme qui l'accompagnait est encore en cours, a-t-il indiqué.

Tous deux apparaissent sur des images des caméras de surveillance du site visé, aux abords d'Ankara, sortant d'un taxi, fusil d'assaut en mains et ouvrant directement le feu sur les employés.

Les obsèques du chauffeur du taxi, abattu par les deux attaquants qui lui ont volé sa voiture, ont été célébrées en présence du président du parlement, Numan Kurtulmus.

- Alerte orange -

Dans ce contexte, les aéroports d'Istanbul ont décidé de renforcer les mesures de sécurité passant en "alerte orange", selon la chaine de télévision privée NTV et l'agence DHA. L'aéroport de Sabiha Gocken, situé sur la rive asiatique du Bosphore, demande à ses passagers d'arriver "avec trois heures d'avance".

En représailles, l'armée turque mène depuis la nuit dernière des raids, par avion et par drone, qui ont visé "47 cibles (du PKK), dont 29 en Irak et 18 dans le nord de la Syrie", a précisé le ministère de la Défense.

Selon les forces kurdes en Syrie, douze civils dont deux enfants sont morts dans ces bombardements.

Le ministère a prévenu que ces frappes allaient se poursuivre jeudi.

Le président Recep Tayyip Erdogan, a remercié jeudi à Kazan, en Russie, "tous nos amis qui ont exprimé leurs condoléances pour l'attaque perfide d'hier et pour leur solidarité". Il s'adressait au sommet élargi des Brics - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - avant de regagner Ankara dans la journée, selon la présidence.

Cet attentat est survenu alors que des signes de détente se multiplient ces derniers temps entre les autorités et les responsables kurdes.

- Terrain politique -

Ainsi, au moment même où se produisait l'attentat, le chef kurde historique du PKK Adbullah Ocalan, détenu à l'isolement depuis 1999 sur une île-prison au sud d'Istanbul, a reçu mercredi sa première visite et son premier contact en 43 mois avec des proches.

Son neveu Ömer Öcalan, député du principal parti pro-kurde au parlement, le Dem (ex-HDP), a annoncé sur X : "notre dernière rencontre en face-à-face avec Abdullah Öcalan avait eu lieu le 3 mars 2020. En tant que famille, nous avons rencontré M. Öcalan des années plus tard, le 23 octobre 2024".

Son dernier contact avec sa famille, un bref échange téléphonique, remontait à fin mars 2021. Auparavant, il avait pu recevoir la visite de son frère Mehmet Öcalan en août 2019.

Son neveu, qui l'a jugé "en bonne santé", a fait passer le message suivant: "Si les conditions se présentent, j'ai le pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique".

Un éditorialiste en vue du quotidien Hürriyet, proche du gouvernement, Abdulkadir Selvi, qui précise que la rencontre a duré "deux heures", a également affirmé que "Öcalan s'est dit prêt à déposer les armes".

Mardi, le président du MHP (nationaliste) Devlet Bahçeli, principal allié du parti AKP au pouvoir et farouchement hostile au PKK, a invité Abdullah Öcalan à s'exprimer devant le Parlement pour annoncer son renoncement au terrorisme et la dissolution du parti.

Le Dem, troisième force au Parlement, auquel appartient le neveu d'Öcalan a jugé mercredi "significatif" que l'attentat se produise "alors que la société turque discute de solutions pour faire émerger la possibilité d'un dialogue".

Öcalan, "Apo" pour ses partisans ("oncle" et "chef", en kurde) avait été arrêté au terme d'un longue traque en février 1999 à Nairobi.

Fondateur du PKK d'obédience marxiste-léniniste en 1978, il avait opté pour la lutte armée en août 1984 afin d'obtenir la création d'un Etat kurde.

Öcalan avait appelé une première fois au dialogue et au cessez-le-feu en 2012 et de nouveau en 2013, avant que le conflit, sanglant, ne reprenne en 2015 au coeur de Diyarbakir (sud-est), la plus grande ville à majorité kurde du pays.

A l'issue de ces affrontements, les combattants s'étaient repliés dans les montagnes aux frontières de la Syrie et de l'Irak.

publié le 24 octobre à 13h19, AFP

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