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Présidentielle en Croatie : victoire écrasante du sortant Milanovic

Un homme à vélo passe devant une affiche électorale du président croate sortant et candidat à la présidentielle, Zoran Milanovic, à Zagreb, le 9 janvier 2025

© DAMIR SENCAR, AFP - Un homme à vélo passe devant une affiche électorale du président croate sortant et candidat à la présidentielle, Zoran Milanovic, à Zagreb, le 9 janvier 2025

Le président croate Zoran Milanovic, un socialiste aux accents populistes, a été réélu haut la main dimanche, infligeant un camouflet au parti de droite conservatrice HDZ qui dirige le gouvernement.

M. Milanovic a recueilli plus de 74% des voix au second tour de l'élection présidentielle, contre un peu moins de 26% à son rival Dragan Primorac, selon des résultats officiels portant sur la quasi-totalité des bulletins dépouillés.

Il s'agit du plus haut score à une présidentielle depuis l'indépendance en 1991 de la Croatie, où le chef de l'Etat dispose de peu de pouvoirs, mais est perçu comme un vecteur de stabilité et un rouage garantissant le bon fonctionnement des institutions.

M. Milanovic avait frôlé la victoire dès le premier tour, avec 49% des voix.

Ce résultat est un nouveau coup dur pour le HDZ et le Premier ministre Andrej Plenkovic, rival politique de toujours de M. Milanovic, après un scandale de corruption très médiatisé en novembre.

"Croatie, merci!", a lancé Zoran Milanovic à ses partisans rassemblés dans un centre d'art. "Je vois cette victoire comme une reconnaissance de mon travail durant ces cinq dernières années et un message de plébiscite du peuple croate adressé à ceux qui devraient l'entendre", a-t-il poursuivi, en référence au gouvernement.

Le taux de participation a été de près de 44%, selon la commission électorale.

Ce pays de 3,8 millions d'habitants, membre de l'Union européenne, est aux prises avec le taux d'inflation le plus élevé de la zone euro, une corruption endémique et une pénurie de main d'oeuvre.

- Contrepoids -

L'ancienne république yougoslave a été principalement gouvernée par le HDZ depuis son indépendance en 1991. Mais M. Milanovic, ancien Premier ministre de gauche, a pris la présidence en 2020 avec le soutien du principal parti d'opposition, les sociaux-démocrates (SDP).

Personnalité clé de la scène politique depuis près de deux décennies, il met régulièrement en cause les responsables européens.

Dimanche, après avoir voté à Zagreb et exprimé sa confiance dans la victoire, il a à nouveau critiqué Bruxelles, selon lui "à bien des égards autocratique et non représentatif".

"Milanovic est une sorte d'omnivore politique", explique à l'AFP l'analyste politique Zarko Puhovski : le président est largement considéré comme le "seul contrepoids, au moins symbolique, au gouvernement et au pouvoir de Plenkovic".

Le style de M. Milanovic a fait grimper sa popularité et a contribué à attirer le soutien d'électeurs de droite.

Son rival, Dragan Primorac, 59 ans, ancien ministre de l'Education et des sciences de retour en politique après 15 ans d'absence, a insisté sur le patriotisme et les valeurs familiales.

Mais les critiques affirment que son manque de charisme lui a coûté le ralliement de la base du HDZ.

"Avec mon programme, je voulais envoyer un message clair que la Croatie peut et mérite mieux", a-t-il déclaré à ses partisans dimanche soir, alors que les résultats officiels confirmaient sa défaite. "La Croatie a été et restera toujours ma priorité numéro un".

- Russie -

M. Milanovic avait condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie mais également critiqué le soutien militaire de l'Occident à Kiev, et s'affiche comme opposant notoire à un programme qui aurait vu des soldats croates aider à former les troupes ukrainiennes en Allemagne.

Cela lui a valu des accusations de "marionnette prorusse" par le HDZ.

"La défense de la démocratie ne consiste pas à dire à tous ceux qui ne pensent pas comme vous qu'ils 'jouent pour la Russie'", a-t-il répondu dimanche devant des journalistes.

De leur côté, les jeunes Croates ont exprimé leur frustration face à l'absence dans la campagne de sujets qui les intéressent vraiment, comme le logement ou le niveau de vie des étudiants.

"Nous les entendons (les hommes politiques) parler principalement de sujets anciens et recyclés. Ce qui est important pour les jeunes ne leur traverse même pas l'esprit", a témoigné à l'AFP Ivana Vuckovic, une étudiante de 20 ans.

publié le 12 janvier à 22h20, AFP

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