Soldats nord-coréens capturés: Kiev propose un échange de prisonniers
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est dit "prêt" dimanche à remettre à Pyongyang, en échange de soldats ukrainiens prisonniers en Russie, les deux soldats nord-coréens que Kiev vient de capturer dans la région russe de Koursk.
"L'Ukraine est prête à remettre à Kim Jong Un ses soldats s'il peut organiser leur échange contre nos combattants qui sont détenus en Russie", a écrit M. Zelensky sur son compte X.
Kiev avait annoncé samedi avoir fait prisonniers deux soldats nord-coréens blessés dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent plusieurs centaines de km2 depuis août dernier.
Le service national de renseignement sud-coréen a confirmé dimanche à l'AFP cette version, affirmant que les deux soldats capturés le 9 janvier étaient bien nord-coréens.
M. Zelensky a ajouté dimanche soir qu'"il y aura sans aucun doute davantage" de soldats nord-coréens capturés à l'avenir par Kiev.
Fin décembre, le président ukrainien avait déjà annoncé que de deux soldats nord-coréens grièvement blessés avaient été capturés dans la région de Koursk, mais les soldats avaient succombé à leurs blessures.
"Pour les soldats nord-coréens qui ne souhaitent pas rentrer (dans leur pays), il pourrait y avoir d'autres options possibles", a-t-il poursuivi dimanche : ceux qui "raconteront en coréen la vérité sur cette guerre en auront cette opportunité".
Ni Moscou ni Pyongyang n'ont à ce stade réagi, aucun des deux pays n'ayant reconnu que des soldats nord-coréens ont été déployés pour combattre les forces ukrainiennes.
M. Zelensky a encore déclaré que le président russe Vladimir Poutine "ne peut désormais pas se passer du soutien militaire de Pyongyang".
L'Ukraine, les Etats-Unis et la Corée du Sud accusent Pyongyang d'avoir envoyé plus de 10.000 soldats pour aider les forces russes.
En décembre, M. Zelensky a déclaré que près de 3.000 soldats nord-coréens avaient été "tués ou blessés" sur place, tandis que Séoul avançait le chiffre de 1.000.
- Pertes importantes -
Le service de renseignements ukrainien SBU a diffusé samedi une vidéo montrant les deux soldats prisonniers dans des couchettes d'hôpital avec des bandages, l'un sur les mains, l'autre sur la mâchoire.
Son homologue sud-coréen, le NIS, a indiqué que l'un des soldats avait révélé lors de son interrogatoire qu'il avait reçu un entraînement militaire des forces russes après son arrivée en novembre.
"Il a d'abord cru qu'il était envoyé en formation, puis s'est rendu compte à son arrivée en Russie qu'il avait été déployé" au front, selon le NIS.
Le soldat a déclaré que les forces nord-coréennes avaient subi des "pertes importantes au cours des combats", selon cette source.
L'agence de renseignement de Séoul a aussi précisé que l'un des hommes avait "été privé de nourriture et d'eau pendant quatre à cinq jours avant d'être capturé".
D'après le SBU, les prisonniers ne parlent ni anglais ni russe, et les échanges sont menés en coréen avec des interprètes en coopération avec le service sud-coréen.
Volodymyr Zelensky avait indiqué samedi que les soldats, bien que blessés, avaient pu être transférés à Kiev pour y être interrogés.
"Ce n'était pas une tâche aisée: généralement, les Russes et les autres soldats nord-coréens achèvent leurs blessés et font tout pour effacer les preuves de la participation d'un autre Etat, la Corée du Nord, à la guerre contre l'Ukraine", avait-il affirmé.
- Liens militaires resserrés -
L'implication présumée d'une armée étrangère a constitué une escalade majeure dans l'invasion de l'Ukraine déclenchée il y a près de trois ans par Vladimir Poutine et qui entre dans une phase critique avec le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche.
La Russie et la Corée du Nord ont resserré leurs liens militaires depuis cette invasion.
Lors d'une visite à Séoul début janvier, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a affirmé que la Russie était en train d'étendre sa coopération spatiale avec la Corée du Nord en échange de la contribution de ses troupes à la lutte contre l'Ukraine.
Il a aussi affirmé que la Russie "pourrait être proche" d'une reconnaissance officielle du statut de puissance nucléaire pour la Corée du Nord.
L'état-major des forces sud-coréennes a de son côté observé des préparatifs qui lui font penser que la Corée du Nord s'apprête à dépêcher de nouvelles unités en Russie, en renfort ou pour relever celles qui se battent déjà, en plus de drones.
Sur le terrain en Ukraine, dans les combats opposant les armées de Kiev et de Moscou, cette dernière a revendiqué dimanche la prise de deux localités dans l'est: Iantarné, dans la région de Donetsk, et Kalinové, dans celle de Kharkiv plus au nord.
L'armée russe progresse lentement mais constamment sur le front depuis des mois face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses, mais sans réaliser toutefois de percée d'envergure.
publié le 12 janvier à 21h07, AFP