Les incendies s'étendent à Los Angeles, menacée par le retour des vents violents
Les incendies qui ont fait au moins 16 morts à Los Angeles continuent dimanche de gagner du terrain et pourraient se renforcer dans les heures à venir, avec le retour anticipé des vents violents.
Assiégée par les flammes depuis mardi, la mégapole américaine continue de compter ses morts: le bilan s'est alourdi samedi soir et pourrait encore évoluer, ont prévenu les autorités.
"La situation est toujours critique", a averti dimanche Deanne Criswell, de l'agence fédérale de réponse aux catastrophes naturelles (FEMA).
"Les vents risquent de redevenir dangereux", a-t-elle expliqué à la chaîne ABC, appelant la population à rester extrêmement vigilante.
Après une courte accalmie des vents, les autorités s'attendent dimanche à leur retour en force.
"Ces vents, combinés à un air sec et à une végétation sèche, maintiendront la menace d'incendie dans le comté de Los Angeles à un niveau élevé", a averti Anthony Marrone, le chef des pompiers du comté.
Malgré les efforts de milliers de soldats du feu à pied d'œuvre, le "Palisades Fire" s'est étendu samedi au nord-ouest de Los Angeles. Il menace désormais la vallée densément peuplée de San Fernando, mais aussi le musée Getty et ses oeuvres d'art inestimables.
Plus de 12.000 structures - maisons, bâtiments divers ou encore caravanes - ont été détruits ou endommagés par les feux, selon le dernier bilan.
- "Laissés tomber" -
"C'est juste bouleversant", a confié à l'AFP Dara Danton, une habitante depuis 25 ans du quartier huppé de Pacific Palisades, le premier à avoir pris feu mardi.
Elle fait partie des plus de 150.000 personnes forcées de fuir face aux flammes de la région.
La deuxième ville la plus peuplée des Etats-Unis rejoue des scènes qu'elle n'avait plus vécues depuis la pandémie. Ses bouchons légendaires ont disparu et les habitants qui s'aventurent dehors portent souvent des masques, pour se protéger de l'air vicié par les fumées toxiques.
Nombre d'entre eux commencent à questionner la gestion des autorités, notamment car les pompiers ont parfois dû composer avec des bouches d'incendie vides ou avec une faible pression.
"Notre ville nous a complètement laissés tomber", a estimé auprès de l'AFP Nicole Perri, une autre habitante de Pacific Palisades ayant perdu sa maison.
Très critiquée, la maire démocrate de Los Angeles, Karen Bass, a assuré samedi que ses services étaient "tous sur la même longueur d'ondes". La veille, la cheffe des pompiers de la ville avait pointé le budget insuffisant alloué par la municipalité aux soldats du feu.
Le gouverneur démocrate de l'Etat, Gavin Newsom, a lui demandé vendredi "un examen indépendant complet" des services de distribution d'eau de la ville.
Donald Trump a lancé dimanche une nouvelle attaque sur la gestion des feux par les dirigeants locaux. "Les politiciens incompétents n'ont aucune idée de la manière de les éteindre", a-t-il fustigé sur sa plateforme Truth Social.- "Plan Marshall" -
Face aux pillages dans les zones sinistrées ou évacuées, un strict couvre-feu, en vigueur entre 18H00 et 06H00 du matin est désormais en vigueur dans les secteurs de Pacific Palisades et Altadena, les plus ravagés.
Les dégâts devraient se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, et certains experts redoutent déjà que ces incendies soient les plus coûteux jamais enregistrés.
Le gouverneur de l'Etat a affirmé dimanche sur NBC vouloir lancer un "Plan Marshall" pour reconstruire la Californie : "Nous luttons encore contre ces incendies, mais nous discutons déjà avec des dirigeants (...), des chefs d'entreprise, des ONG, a-t-il détaillé.
Les autorités se mobilisent également pour contenir un bond vertigineux des tarifs des locations, auquel sont confrontés certains évacués. Samedi, le procureur général de l'Etat a rappelé que cette pratiqué était "passible d'un an de prison et de 10.000 dollars d'amende".
- Chiens renifleurs -
Dans la ville, des secouristes assistés de chiens renifleurs continuent d'inspecter les décombres à la recherche de corps.
L'enquête pour déterminer les causes de ces multiples incendies, à laquelle participe le FBI, est toujours en cours, a rappelé samedi le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna.
"Nous ne négligerons aucune piste", a-t-il assuré.
Les vents chauds et secs de Santa Ana qui ont attisé ces incendies sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais ils ont atteint cette fois une intensité inédite depuis 2011, selon les météorologues, avec des rafales jusqu'à 160 km/h cette semaine.
De quoi propager les braises très rapidement, parfois sur des kilomètres. Un scénario cauchemardesque pour les pompiers, car la Californie sort de deux années très pluvieuses qui ont fait naître une végétation luxuriante, désormais asséchée par un manque de pluie criant depuis huit mois.
Les scientifiques rappellent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes.
publié le 12 janvier à 16h20, AFP