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Biden va présenter des excuses historiques pour la maltraitance d'enfants amérindiens

  • L'entrée de l'ancienne école indienne de Genoa, dans le Nebraska, le 21 novembre 2021
    ©Stacy Revere, AFP - L'entrée de l'ancienne école indienne de Genoa, dans le Nebraska, le 21 novembre 2021
  • L'entrée de l'ancienne école indienne de Genoa, dans le Nebraska, le 21 novembre 2021
    ©ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, AFP - Le président américain Joe Biden salue des membres d'une communauté amérindienne à son arrivée à Phoenix, en Arizona, le 24 octobre 2024
  • L'entrée de l'ancienne école indienne de Genoa, dans le Nebraska, le 21 novembre 2021
    ©ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, AFP - La ministre américaine de l'Intérieur Deb Haaland, à Phoenix en Arizona le 24 octobre 2024

Le président américain Joe Biden va présenter vendredi des excuses présidentielles historiques aux peuples amérindiens, dont les enfants ont été arrachés à leur famille durant plus d'un siècle par l'Etat fédéral pour les placer dans des pensionnats où ils étaient maltraités.

Le but de ces pensionnats était d'effacer la culture, la langue et l'identité des Amérindiens, dans une politique d'assimilation forcée. Beaucoup d'enfants y ont subi des violences physiques, psychologiques ou sexuelles, selon un récent rapport gouvernemental.

Joe Biden doit se rendre dans la réserve amérindienne de Gila River, près de la ville de Phoenix en Arizona, dans le sud-ouest des Etats-Unis.

"Aujourd'hui, je suis en Arizona pour présenter des excuses présidentielles qui auraient dû être présentées depuis longtemps", a déclaré vendredi Joe Biden dans un message sur X.

"L'époque des pensionnats indiens fédéraux est l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire américaine", a-t-il ajouté. "Les traumatismes subis dans ces institutions hantent encore aujourd'hui notre conscience."

Ces pensionnats ont existé entre le début du XIXe siècle et les années 1970. Ils étaient souvent éloignés du foyer des enfants.

Selon le rapport gouvernemental, au moins 973 d'entre eux sont décédés dans ces structures.

- L'Eglise impliquée -

Ces excuses présidentielles, rares, sont "tellement historiques que je ne suis pas sûre de pouvoir en exprimer l'impact de manière adéquate", a déclaré jeudi la ministre de l'Intérieur Deb Haaland, première ministre amérindienne aux Etats-Unis. Elles "signifient bien plus que ce que les mots pourraient exprimer."

C'est sous son impulsion qu'une grande enquête a été lancée en 2021, aboutissant à un rapport détaillé. Elle a également mené une tournée, baptisée "Chemin de la guérison", dans 12 communautés amérindiennes, afin de donner l'occasion aux victimes de partager leur témoignage.

"Pendant plus d'un siècle, des dizaines de milliers d'enfants autochtones, dès quatre ans, ont été arrachés à leur famille et à leur communauté pour être placés de force dans des internats gérés par le gouvernement américain et des institutions religieuses", a déclaré la ministre. "Cela comprend ma propre famille."

"Pendant des décennies, ce terrible chapitre a été occulté de nos livres d'histoire", a-t-elle ajouté.

Les évêques catholiques américains ont formellement reconnu cette année le rôle de l'Eglise dans "les traumatismes" infligés aux Amérindiens, et présenté leurs excuses.

Au Canada voisin, la même pratique des pensionnats était menée, et le pays a également ouvert les yeux ces dernières années sur cette sombre page de son histoire.

La blessure avait été ravivée en 2021 avec la découverte de plus d'un millier de tombes anonymes sur les sites d'anciens pensionnats catholiques pour autochtones.

Lors d'une visite au Canada à l'été 2022, le pape François avait demandé "pardon pour le mal commis".

- Série de mesures -

L'administration de Joe Biden a mis en place toute une série de mesures afin de soutenir les nations amérindiennes et améliorer les relations avec l'Etat fédéral.

Plusieurs lieux ancestraux ont été désignés "monuments nationaux", des décrets ont été pris pour imposer la consultation "régulière" et "robuste" des gouvernements amérindiens par les agences fédérales, et plusieurs milliards de dollars ont été investis pour la construction d'infrastructures dans les réserves amérindiennes.

Le déplacement de Joe Biden intervient par ailleurs en pleine campagne présidentielle, menée par sa vice-présidente Kamala Harris face au républicain Donald Trump, dans une course extrêmement serrée.

En 2020, Joe Biden avait remporté de justesse l'Arizona, un Etat clé qui pourrait avec d'autres faire basculer le résultat du scrutin en novembre, et qui est l'un de ceux où la population amérindienne est la plus importante aux Etats-Unis.

publié le 25 octobre à 17h15, AFP

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