France

Macron attendu jeudi sur l'archipel dévasté de Mayotte

  • Les dommages du cyclone Chido à Pamandzi, à Mayotte, le 17 décembre 2024
    ©Dimitar DILKOFF, AFP - Les dommages du cyclone Chido à Pamandzi, à Mayotte, le 17 décembre 2024
  • Les dommages du cyclone Chido à Pamandzi, à Mayotte, le 17 décembre 2024
    ©Sylvie HUSSON, Valentina BRESCHI, Omar KAMAL, AFP - Carte montrant les différents niveaux de destructions causées par le cyclone Chido à Mayotte dans cinq zones analysées par le service EMS Copernicus
  • Les dommages du cyclone Chido à Pamandzi, à Mayotte, le 17 décembre 2024
    ©Handout, AFP - Photographie fournie par la police nationale du port de Mamoudzou, le 17 décembre 2024 à Mayotte

Emmanuel Macron est attendu jeudi sur l'archipel de Mayotte, dévasté par le passage meurtrier du cyclone Chido et menacé par une crise sanitaire, et qui commence sa première nuit sous couvre-feu.

Le chef de l'Etat, qui avait fait savoir lundi qu'il se rendrait dans les prochains jours sur place, "sera jeudi à Mayotte", a annoncé l'Elysée mardi soir.

Le nouveau Premier ministre François Bayrou, sous le feu des critiques pour avoir privilégié le conseil municipal de Pau lundi en pleine crise mahoraise, lui emboîtera le pas dès que "(s)on gouvernement sera formé", afin de "mobiliser la totalité des moyens de l'Etat", a-t-il dit sur France 2.

Un couvre-feu est mis en place depuis 22H00 heure locale (20H00 à Paris) et courant jusqu'04H00 mercredi matin pour assurer la sécurité et éviter les pillages, alors que les habitants de ce territoire de l'océan Indien manquent de tout.

Quelque 100 tonnes de nourriture seront distribuées mercredi à Grande-Terre, et 20 tonnes dans les deux communes de Petite-Terre, selon les autorités.

Trois barges seront "fonctionnelles" mercredi pour transporter personnels de secours, nourriture et eau entre les deux îles, isolées l'une de l'autre.

La situation reste très difficile dans l'archipel, où l'habitat mais aussi les infrastructures publiques ont été très endommagées par le passage du cyclone.

Mardi soir, l'électricité était "en cours de rétablissement" selon les autorités, tandis que le réseau de téléphonie mobile demeurait toujours indisponible à 80%.

Le bilan provisoire atteint 22 morts et 1.373 blessés, selon des chiffres communiqués mardi soir par le ministère de l'Intérieur.

Mais les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, peut-être même "quelques milliers" dans le département le plus pauvre de France.

Le décompte est d'autant plus compliqué que Mayotte est une terre de forte tradition musulmane et que, selon les rites de l'islam, les défunts doivent être enterrés au plus vite.

- "Pénurie générale" -

"70% des habitants ont été gravement touchés", a expliqué Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l'Intérieur, annonçant l'arrivée "dans les prochains jours" de 400 gendarmes supplémentaires pour prêter main forte aux 1.600 gendarmes et policiers présents sur l'archipel.

Le cyclone, le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a ravagé samedi le territoire de l'océan Indien, où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit.

Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface étaient proches de 30 °C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène lié au réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique Nord et dans le Pacifique.

Il a également tué au Mozambique au moins 34 personnes, fait plus de 300 blessés et détruit plus de 20.000 maisons, a annoncé mardi l'Institut national de gestion des risques et désastres.

Arbres arrachés, débris jonchant à perte de vue les collines, bateaux entassés : sur Petite-Terre, à Mayotte, le décor est apocalyptique plus de trois jours après le passage du cyclone.

"Tout le monde se rue sur les magasins pour de l'eau. C'est la pénurie générale", raconte Ali Ahmidi Youssouf, un Comorien de 39 ans qui marche sur la route avec quelques bouteilles à la main.

La priorité est d'assurer les "besoins vitaux" des habitants en eau et en nourriture, a insisté lundi Bruno Retailleau, la situation sanitaire continuant de se dégrader.

Les opérations de déblaiement se poursuivent: environ 80% du réseau départemental et national était dégagé mardi.

Une fois les routes dégagées, "il faut aller jusqu'à chaque maison, chaque pièce, retourner chaque tôle, pour pouvoir confirmer s'il y a ou pas des victimes", a expliqué Yaël Lecras, vice-président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels, sur BFMTV.

Sur l'archipel, premier désert médical de France, l'unique hôpital, très endommagé, a retrouvé "quelque 50%" de son activité, a indiqué François Bayrou, et sera soutenu par un hôpital de campagne dès jeudi.

Selon les autorités, "48 évacuations sanitaires" avaient été "effectuées" mardi, après de premières évacuations de patients lundi vers La Réunion.

Le stock de dialyses est "détruit" à Mayotte, selon le centre de dialyses Maydia Mayotte, qui a demandé l'évacuation de 280 autres patients.

Côté militaire, un avion de transport A400M fait la navette La Réunion-Mayotte pour d'éventuelles évacuations de personnes fragiles et un second A400M assure une liaison directe métropole-Mayotte, a-t-on appris auprès de l'état-major des armées.

Le bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer (BSAOM) Champlain, qui a appareillé de La Réunion, doit arriver jeudi matin à Mayotte avec 180 tonnes de fret à bord, selon la même source.

Autre priorité des autorités, l'envoi de tentes et de bâches pour rétablir des habitats, totalement détruits ou dont la toiture a été arrachée par des rafales de vent qui ont atteint plus de 220 km/h.

- Appel aux volontaires -

Dans l'urgence de retrouver un toit, beaucoup d'habitants ont déjà commencé à déblayer et reconstruire sans attendre l'aide.

A Mamoudzou, la capitale, où les secours s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles, très peuplés, la mairie a appelé lundi ses habitants majeurs et en "bonne condition physique" à "renforcer les équipes sur le terrain".

Selon Florent Vallée, de la Croix-Rouge française, "des familles entières" et "beaucoup d'enfants mineurs seuls" et "délaissés" vivent dans les bangas, ces petites maisons traditionnelles désormais détruites.

Afin de renforcer ses effectifs sur place, la police nationale a lancé un appel aux volontaires "de toutes les filières" mardi, pour "a minima quatre semaines".

Les autorités sur place constatent que des "tensions commencent à apparaître", les personnes affluant vers les stations-services, dont les deux tiers sont réquisitionnées pour les véhicules de secours.

TotalEnergies a indiqué mardi déployer "tous les moyens à sa disposition pour assurer l'approvisionnement de l'archipel en carburants".

Les appels à la solidarité se sont multipliés en France et à l'étranger. Après les Etats-Unis, l'Allemagne a déclaré mardi être "prête à apporter son aide et son soutien".

publié le 17 décembre à 22h15, AFP

Liens commerciaux