France

Cafards, froid, insalubrité: la justice épingle les prisons de Limoges et de l'île de Ré

Photo prise le 27 juillet 2004 de la centrale de Saint-Martin-de-Ré

© AFP, AFP - Photo prise le 27 juillet 2004 de la centrale de Saint-Martin-de-Ré

La justice administrative a ordonné mardi à l'administration pénitentiaire de prendre des mesures d'urgence pour améliorer la condition des détenus, jugée indigne, dans les prisons de Limoges et Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime).

Le juge des référés avait été saisi par l'Ordre des avocats et la section française de l'Observatoire international des prisons (OIP), après une visite inopinée de la maison d'arrêt de Limoges par le bâtonnier début novembre.

Il a estimé que les conditions de détention y étaient "contraires à la dignité humaine", selon un communiqué du tribunal administratif (TA) de la ville.

Surpopulation carcérale, absence de cloisonnement des sanitaires dans les cellules, défaut d'entretien, prolifération des punaises de lit, hygiène insuffisante des détenus: autant de "manquement graves" déjà signalés par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) en 2022 et qui n'ont pas été corrigés depuis, avait dénoncé l'Ordre des avocats à l'audience.

Écartant les demandes ne relevant pas de sa compétence, le juge a ordonné de délivrer "sans délai" une couverture supplémentaire aux détenus qui le demandent, tant que des fenêtres demeurent cassées et les exposent au froid.

L'administration doit aussi distribuer régulièrement et gratuitement aux détenus des kits d'hygiène, ainsi que des kits d'entretien pour les cellules. Injonction lui est faite, enfin, d'isoler les espaces de toilette au moyen d'une cloison ou d'un panneau de bois dans les cellules, afin de protéger l'intimité des détenus.

En service depuis 1856, la maison d'arrêt de Limoges a une capacité de 83 places et souffre d'une "ancienne et importante surpopulation carcérale", relève le juge dans sa décision, avec un taux d'occupation de 195% le jour de la visite du bâtonnier.

En Charente-Maritime, ce sont 15 détenus de la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, avec l'OIP, qui avaient saisi la justice administrative pour dénoncer une "insalubrité chronique".

Le juge des référés du TA de Poitiers a ordonné à l'administration pénitentiaire, "dans les plus brefs délais", de renforcer l'efficacité des mesures de lutte contre la présence de cafards dans les bâtiments et d'assurer la régulation de la température de l'eau dans les douches.

L'administration doit aussi "faire cesser le caractère systématique des fouilles à corps pour les détenus de retour des parloirs familiaux", ajoute le tribunal dans un communiqué.

Après une visite de l'établissement de l'île de Ré en septembre 2021, les services du CGLPL avaient pointé "une vétusté bâtimentaire des quartiers d'encellulement qui continuent de se dégrader avec le temps".

Ouverte en 1875, cette maison centrale dévolue aux longues peines est la plus grande de France avec une capacité d'environ 460 places, selon l'OIP.

publié le 17 décembre à 17h54, AFP

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