Faits divers

Cocaïne: recul des saisies en 2024 à Anvers, la coopération avec l'Amérique latine se renforce

  • Une saisie de cocaïne en provenance d'Equateur, à Algeciras, en Espagne, le 6 novembre 2024
    ©JORGE GUERRERO, AFP - Une saisie de cocaïne en provenance d'Equateur, à Algeciras, en Espagne, le 6 novembre 2024
  • Une saisie de cocaïne en provenance d'Equateur, à Algeciras, en Espagne, le 6 novembre 2024
    ©Pablo PORCIUNCULA, AFP - Des policiers brésiliens montrent des paquets de cocaïne saisis dans une favela de Rio de Janeiro, le 17 décembre 2024

Les saisies de cocaïne dans le port belge d'Anvers ont chuté en 2024 à 44 tonnes, contre 116 tonnes l'année précédente, grâce à un renforcement de la coopération avec l'Amérique latine et des contrôles dans les pays d'expédition.

C'est "la première fois depuis 2013" que le volume de saisies recule sur cette plaque tournante du trafic en Europe, a expliqué jeudi Kristian Vanderwaeren, administrateur général des douanes belges, à l'occasion de la présentation à la presse du bilan annuel.

Anvers, deuxième port de marchandises en Europe après Rotterdam (Pays-Bas), et première voie d'accès pour les importations en provenance d'Amérique latine, était habitué cette dernière décennie à enchaîner les records de saisies de poudre blanche, dissimulée dans des conteneurs de bananes, de café ou de bois.

La barre symbolique des 100 tonnes interceptées sur une année avait été franchie en 2022, un chiffre à l'époque multiplié par trois en cinq ans.

Mais désormais les douaniers belges enregistrent à Anvers "beaucoup de petites saisies, mais moins de grandes", selon M. Vanderwaeren.

- Multiplier les "petits envois" -

Il n'y en a eu l'an dernier que deux d'un volume d'au moins deux tonnes, contre 13 en 2023. Si le nombre de constatations d'infractions a progressé (136 contre 124), elles ont porté sur des quantités bien moindres.

Les narcotrafiquants ont tendance à "dispatcher le risque" en multipliant les petits envois, plutôt que de cibler les conteneurs davantage surveillés à leur débarquement à Anvers, a expliqué le chef des douanes.

Le ministre belge des Finances, Vincent Van Peteghem, s'est félicité quant à lui que l'investissement de 70 millions d'euros réalisé ces dernières années, en achat de scanners mobiles et en recrutement de douaniers, ait porté ses fruits.

"Les criminels changent de méthodes en permanence, c'est à nous de nous adapter, ce n'est pas gagné. Mais l'amélioration de la coopération internationale est positive", a déclaré le ministre à l'AFP.

L'an dernier, les interceptions en Amérique latine de cargaisons de cocaïne destinées au grand port belge ont bondi à 81,4 tonnes, contre 45 tonnes en 2023, selon les chiffres dévoilés jeudi.

Un progrès que les douanes belges imputent notamment aux efforts de l'Équateur, traditionnel N.1 des expéditions en tant que voisin de la Colombie, le premier producteur.

- L'Equateur "en état de guerre" -

"En Equateur, depuis que le gouvernement a dit +stop+ et sollicité l'armée pour couper les réseaux, les expéditions de cocaïne ont baissé, on saisit plus", a relevé Kristian Vanderwaeren. "Avec cette politique de la matraque, beaucoup de criminels ont été mis en prison".

En janvier 2024, le président équatorien Daniel Noboa, tout juste élu quelques mois plus tôt, avait déclaré son pays en "état de guerre" contre les bandes criminelles liées au narcotrafic, qualifiées de "groupes terroristes".

Dans le top cinq des États dits "expéditeurs" figurent aussi la République dominicaine et le Panama. Le Brésil, qui en faisait partie l'année précédente, en a été éclipsé en 2024.

Au chapitre des nouveautés de 2024, les autorités belges ont mentionné des accords de coopération renforcée avec l'Equateur et le Pérou.

Les narcotrafiquants sud-américains ne cessent de diversifier leurs itinéraires vers l'Europe, en faisant transiter de plus en plus leurs envois par l'Afrique occidentale.

Pour la première fois en 2024, une saisie anversoise majeure - près de six tonnes de cocaïne - a été effectuée dans une cargaison qui arrivait de Sierra Leone, faisant de cet État africain, avec une seule interception, le N.2 des "expéditeurs". L'Equateur se classe en tête avec un volume de près de neuf tonnes, en 19 saisies.

"Si Anvers reste en Europe le port le plus utilisé par les réseaux criminels, il y a aussi des routes alternatives", a fait valoir Bob Van den Berghe, un responsable de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Il a ainsi évoqué le développement "très important" du trafic vers la Géorgie qui, avec sa façade sur la Mer Noire, dispose d'"une connexion maritime directe" avec l'Equateur, et devient une autre porte d'entrée vers le marché européen.

publié le 9 janvier à 20h40, AFP

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