Faits divers

Avant le verdict sur les viols de Mazan, "merci Gisèle"

  • Un collage mural à l'image de Gisèle Pelicot près du palais de justice d'Avignon, où se déroule le procès des viols de Mazan, le 18 décembre 2024
    ©MIGUEL MEDINA, AFP - Un collage mural à l'image de Gisèle Pelicot près du palais de justice d'Avignon, où se déroule le procès des viols de Mazan, le 18 décembre 2024
  • Un collage mural à l'image de Gisèle Pelicot près du palais de justice d'Avignon, où se déroule le procès des viols de Mazan, le 18 décembre 2024
    ©Christophe SIMON, AFP - Des femmes félicitent Gisèle Pelicot, suivie de son avocat Me Stéphane Babonneau, devant le palais de justice d'Avignon le 27 novembre 2024
  • Un collage mural à l'image de Gisèle Pelicot près du palais de justice d'Avignon, où se déroule le procès des viols de Mazan, le 18 décembre 2024
    ©MIGUEL MEDINA, AFP - Banderole de l'association Amazones84, devant le palais de justice d'Avignon, le 18 décembre 2024

"Merci Gisèle": la banderole qui flottait jeudi matin face au palais de justice d'Avignon, avant le verdict du procès historique des viols de Mazan, résume le message de gratitude de femmes et d'hommes envers celle qui a voulu "que la honte change de camp".

Gisèle Pelicot, devenue icône féministe, est arrivée peu après 09h00, souriante, sous les bravos, pour entendre le verdict contre les 51 hommes accusés pour la plupart de viols aggravés contre elle, dont son mari Dominique.

"Gisèle, Gisèle", a scandé la petite foule venue à l'entrée du tribunal en l'applaudissant.

Ses enfants David, Caroline et Florian étaient passés une demi heure avant, entrant dans la salle d'audience le long d'un groupe d'hommes accusés d'avoir violé leur mère. Ces derniers comparaissent libres mais risquent des années de réclusion. "On est venus avec nos affaires pour la prison", dit l'un d'eux en désignant les sacs de sport posés au sol.

Près du palais de justice, comme depuis le début de ce procès, il y a près de quatre mois, les messages féministes s'affichent sur les murs et des banderoles: "Justice pour toutes", "La honte a changé de camp, et la justice ?", et le plus grand, "Merci".

"Justice pour Gisèle" chantent des membres du collectif féministe Les Amazones d'Avignon.

"Le viol concerne des femmes du monde entier, c'est pour ça que le monde entier a les yeux sur ce qui va se passer", estime Ghislaine Sainte Catherine, une des membres de ce collectif féministe.

Entre ces mobilisations contre les violences sexuelles, la ruée des médias, la queue depuis l'aube de citoyens espérant vainement une place, et un important dispositif policier, le verdict est attendu dans la fébrilité.

Hors norme par le nombre d'accusés et les faits reprochés -un mari, Dominique Pelicot, qui drogue son épouse, Gisèle, pendant une décennie, pour la violer et la faire violer au domicile conjugal par des dizaines d'inconnus recrutés sur internet-, ce procès a fait résonner largement les ravages des violences faites aux femmes.

Pour avoir renoncé au huis clos auquel ont droit les victimes de viols et fait face publiquement aux hommes accusés de l'avoir violée, Gisèle Pelicot, 72 ans, est devenue une icône féministe.

"Merci à elle, parce que pour beaucoup de femmes victimes de viols, la honte a maintenant changé de camp", se réjouit Pascale Plattard, ingénieure informatique.

- "Courage" -

Bernadette Teyssonnières, 69 ans, attend depuis 05h20, comme chaque matin depuis le début des audiences le 2 septembre. Venue au départ pour découvrir le déroulement d'un procès, cette retraitée des environs d'Avignon, exprime elle aussi sa gratitude et son admiration pour Gisèle Pelicot.

"Je suis impressionnée par le courage qu'a eu cette femme, qui avait subi tout ça pendant dix ans, de se montrer au grand jour", confie-t-elle à l'AFP: "la honte doit reposer sur les agresseurs".

Comme des dizaines d'autres personnes, dans la salle des pas perdus du tribunal, elle l'a applaudie, jour après jour.

Mais, en ce jour de verdict, aucun membre du public ne pourra rentrer entendre les mots des juges car les médias du monde entier se sont rués à Avignon. Ils sont près de 180 accrédités, dont 86 étrangers, certains avec plusieurs journalistes.

De nombreux policiers sont aussi présents dans la salle d'audience et autour, car 32 coaccusés comparaissent libres mais pourraient être emmenés directement en prison s'ils sont condamnés.

Mais pour Bernadette, plus que le verdict contre ces hommes âgés de 27 à 74 ans et de tous milieux sociaux jugés dans cette affaire, c'est "tout ce qui s'est passé avant dans le procès qui restera le plus important": "Essayer de comprendre comment ce monsieur en est arrivé là, pourquoi des hommes, quand ils sont arrivés dans la chambre de Mme Pelicot, ont quand même poursuivi leur acte alors qu'elle était inerte, au lieu de partir tout de suite".

Elle espère que ce procès permettra de discuter plus ouvertement et largement dans les familles de la question du consentement, du respect pour chacun dans la sexualité.

Venu lui aussi vers 05H30, Hugo Mazure, étudiant en sciences politiques de 18 ans, restera dehors, mais il adresse un mot à Gisèle: "Merci! Elle est clairement un symbole d'une lutte qui est énorme et grâce à elle on aura des progrès!"

publié le 19 décembre à 09h31, AFP

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