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Traite d'être humains en milieu agricole: 3 ans avec sursis pour une Marocaine

Traite d'être humains en milieu agricole: trois ans avec sursis pour une Marocaine

© Thomas SAMSON, AFP - Traite d'être humains en milieu agricole: trois ans avec sursis pour une Marocaine

Elle faisait travailler dans les champs du Lot-et-Garonne des Marocains sans contrat de travail et logés dans des conditions indignes: une femme de 50 ans a été condamnée à trois ans de prison avec sursis mercredi à Agen pour traite d'être humains et travail dissimulé.

Cette Marocaine habitant à Espiens (Lot-et-Garonne), absente à l'audience pour raisons médicales, faisait venir en France des compatriotes qui devaient débourser entre 5.000 et 10.000 euros pour travailler comme ouvriers agricoles. La prévenue sous-traitait ensuite cette main-d'œuvre à des agriculteurs locaux.

Ces Marocains travaillaient "sans contrat de travail" pour la plupart, "faisaient beaucoup d'heures avec peu ou pas de jour de repos" et avec un salaire "très irrégulier", selon l'instruction.

Ils étaient également logés dans des conditions indignes, dormant sur des matelas "posés à même le sol sans draps avec une seule salle d'eau et un seul wc" au sous-sol sans chauffage d'un bâtiment "dégradé avec de l'humidité, de la moisissure", selon un rapport de l'inspection du travail cité par le président du tribunal.

De février 2021 à juillet 2022, la justice a recensé 24 Marocains recrutés directement ou indirectement par la prévenue dont une quinzaine se sont porté parties civiles.

Me Sarah Vasseur, avocate de l'une des parties civiles, a dénoncé "un esclavage des temps modernes". "Ils sont venus en France pour travailler de manière régulière", mais la prévenue "a confisqué leurs papiers" et "sans papiers, sans argent, ne parlant pas la langue, ils avaient peur d'être arrêtés".

L'avocate de la défense Me Elea Cerdan a critiqué comme ses confrères et consœurs "une enquête lacunaire et bâclée" et regretté que l'ex-mari de la mise en cause et le propriétaire du logement où les Marocains étaient hébergés n'aient "pas été entendus".

"Les enjeux économiques locaux et la puissance de certains syndicats agricoles pourraient laisser à penser qu'il ne faut pas trop parler de ce type d’affaire", estime pour sa part Me Younes Derkaoui, avocat de 11 parties civiles.

Une des victimes, un homme de 21 ans, a fait une tentative de suicide, selon son avocate, Me Sylvia Goudenège. "Il culpabilise car sa mère s'est sacrifiée financièrement pour qu'il vienne en France", a-t-elle ajouté.

La mise en cause a également été condamnée à 50.000 euros d'amende avec sursis. Une audience pour évaluer les intérêts civils des parties civiles aura lieu le 6 octobre.

publié le 18 décembre à 20h56, AFP

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