Culture

Le Goncourt des lycéens 2024 attribué à Sandrine Collette pour "Madelaine avant l'Aube"

  • Cinq finalistes étaient en lice pour le Goncourt des lycéens, très prescripteur en termes de ventes, traditionnellement annoncé à Rennes
    ©DANIEL ROLAND, AFP - Cinq finalistes étaient en lice pour le Goncourt des lycéens, très prescripteur en termes de ventes, traditionnellement annoncé à Rennes
  • Cinq finalistes étaient en lice pour le Goncourt des lycéens, très prescripteur en termes de ventes, traditionnellement annoncé à Rennes
    ©THOMAS COEX, AFP - L'écrivaine française Sandrine Collette pose à Paris, le 29 juin 2022

"Une émotion immense" pour Sandrine Collette: l'autrice a reçu jeudi le prix Goncourt des lycéens pour son livre "Madelaine avant l'Aube" (JC Lattès), décerné par un jury représentant une cinquantaine de lycées francophones.

"Quelle aventure ! Ça doit être une des rares fois où les mots me manquent", a immédiatement réagi Sandrine Collette, jointe au téléphone par le jury réuni à la mairie de Rennes.

"C'est une émotion immense et je commence tout juste à avoir le cœur qui redescend sur terre", a déclaré la romancière à l'AFP une heure après la nouvelle.

"Quand on commence à écrire, les prix littéraires paraissent inaccessibles, vous vous dites que vous n'en serez jamais digne. Finalement, non, il faut avoir confiance", lance-t-elle.

Le roman de Sandrine Collette, 54 ans, entrée en littérature par le polar, a des allures de chronique paysanne sombre. Jusqu'à l'irruption dans le décor de ce "roman-conte" volontairement dénué de repères historiques, de Madelaine, une fillette affamée et sauvage sortie des forêts qui vient remettre en question l'ordre des choses.

"Je dis que c'est un roman sombre avec des puits de lumière", résume l'autrice.

"C'est un livre viscéral, qui est impactant aussi, et on s'y est beaucoup retrouvés. Ce sont des thèmes actuels, on a la crise climatique, les inégalités subies par les femmes, et aussi la solidarité humaine dans la rébellion. Tout ça nous a beaucoup parlé à nous en tant que lycéens", a déclaré à l’AFP Cassidy Sydol, la présidente du jury.

"On ne devrait pas avoir peur ni honte d'être soumis, ni d'essayer de casser les codes et de parler à haute voix (...) Je pense que Madelaine retranscrit un peu cette soif de liberté que les jeunes ont aujourd'hui", explique la lycéenne de 17 ans, en classe de terminale au séminaire collège de Fort-de-France (Martinique).

"Pour moi c'est un roman d'amour avant tout, amour dans les familles, l'amour qui fait que, même au fond des ténèbres, on trouve la force de se relever. C'est peut-être ça qui les a touchés aussi", estime Sandrine Collette.

En 2022, son précédent roman "On était des loups" avait été récompensé par le prix Renaudot des lycéens, et par le prix Jean Giono.

- Délégation québecoise -

Pour une délégation de 38 élèves québecois qui a fait spécialement le déplacement à Rennes, le Goncourt des lycéens a notamment permis "d'apprendre à être à l'écoute des autres et l'art de discuter", explique Vanessa Ross Lopèz, 18 ans.

Aussi, "c'était important de défendre la voix des jeunes et de préserver la culture française, parce que la littérature anglaise prend beaucoup de place au Canada", relève Tess Sainte-Croix, 18 ans et comme elle lycéenne dans la ville d'Assomption, près de Montréal.

Cinq finalistes étaient en lice pour ce prix, très prescripteur en termes de ventes, qui est traditionnellement annoncé à Rennes où ce petit frère du Goncourt a été créé en 1988.

Le jury devait cette année choisir entre Sandrine Collette, Rebecca Lighieri ("Le Club des enfants perdus", P.O.L), Thibault de Montaigu ("Cœur", Albin Michel), Abdellah Taïa ("Le bastion des larmes", Julliard) et Olivier Norek ("Les Guerriers de l'hiver", Michel Lafon).

Le Goncourt des lycéens, qui désigne son lauréat parmi la même sélection que celle de l'Académie Goncourt, peut représenter certaines années plusieurs centaines de milliers d'exemplaires vendus. Selon les organisateurs, il s'agit du deuxième prix littéraire le plus vendu en France.

"J'y vois un prix de lecteurs et pas un prix de jury", avec des "lecteurs très frais et très libres de leurs choix", souligne Sandrine Collette. "C'est très émouvant d'entendre quelqu'un dire +c'est la première fois que j'arrive à lire un livre+. C'est une récompense inouïe", affirme-t-elle.

"Aujourd'hui, les libraires vous disent +je préférerais pour toi que tu aies le Goncourt des lycéens plutôt que le Goncourt+", assure la romancière.

En 2023, le Goncourt des lycéens avait été décerné à Neige Sinno pour son livre "Triste tigre" (P.O.L), un récit sur l'inceste également récompensé par le prix Femina.

publié le 28 novembre à 15h37, AFP

Liens commerciaux