Culture

Eurovision : la chanson de l'Espagne, qui reprend une insulte sexiste, fait polémique

La chanson choisie par l'Espagne pour l'Eurovision, samedi 3 février, ne fait pas l'unanimité. Le titre, reprenant une insulte sexiste espagnole pour mieux la détourner, déplaît à certaines associations féministes, qui jugent la démarche "absurde". Le Premier ministre lui-même a pris position.

La chanson qui représentera l'Espagne à l'Eurovision, le 11 mai prochain à Malmö (Suède), est-elle sexiste ? C'est ce qu'estiment certaines associations féministes, rapportent plusieurs médias locaux. Samedi 3 février, le duo Nebulossa a été désigné pour défendre les couleurs du pays. Mais "Zorra", le titre du morceau, est une insulte sexiste pour qualifier une femme ayant beaucoup de partenaires. En français, elle se traduirait par "chienne" ou "traînée", explique Le Parisien.

"Je sais que je ne suis qu’une traînée, (…) je suis le mouton noir, l’incomprise", scande la chanteuse, María Bas. Si ces paroles heurtent certains, l'intéressée y voit surtout une réappropriation. "On m’a souvent qualifiée de traînée. Ce titre est une manière de transformer ce mot en quelque chose de beau", explique-t-elle à la Radio-Télévision publique espagnole (RTVE). Une manière, donc, de déjouer les clichés misogynes qui minimisent la réussite professionnelle des femmes ou s'attaquent à leur liberté sexuelle.

"Une forme de double peine publique"

Le Mouvement féministe de Madrid, peu sensible à cette démarche, a jugé "absurde" dans un communiqué que cette chanson puisse se prétendre féministe. "Fêter un terme qui est une arme d’humiliation des agresseurs machistes est une forme de double peine publique", y lit-on encore. L'affaire est telle que le Premier ministre Pedro Sanchez lui-même a pris position, estimant sur la chaîne Sexta que le féminisme pouvait aussi être "divertissant". L'Union européenne de radio-télévision, qui organise le concours télévisé, a tranché : la chanson est "éligible" et représentera bien l'Espagne à l'Eurovision dans trois mois.

publié le 6 février à 19h00, Emmanuel Davila, 6Medias

Liens commerciaux