Alcool, drogues : "Bien sûr qu’il y a des addictions à l’Assemblée"
© Abdullah Firas/ABACA. - Durant les derniers mois, plusieurs députés ont été épinglés pour des faits de consommation de drogues.
Au sein de l’Assemblée nationale aussi, les addictions sont en hausse. Les récentes affaires impliquant certains parlementaires ont fait la lumière sur la consommation de drogues et d’alcool dans l’hémicycle, rapporte BFMTV.
Le 17 octobre dernier, le député insoumis Andy Kerbrat a été pris en flagrant délit d’achat de 3MMC, une drogue de synthèse se rapprochant de la cocaïne. De quoi relancer la discussion sur l’utilisation de drogues et l’existence d’addictions parmi les rangs de l’Assemblée nationale. Des suppositions qui décrivent une réalité, selon plusieurs parlementaires interrogés par BFMTV.
Selon la députée PS Dieynaba Diop, "bien sûr qu’il y a des addictions à l’Assemblée". Mis sous pression, les députés seraient ainsi "scruté(s)" en permanence et donc "très vulnérable(s)". Les sessions parlementaires, d’au moins deux jours par semaine, peuvent s’avérer très intenses et se prolongent parfois jusqu’aux petites heures du matin. Un tel rythme, qui peut donc être difficile à tenir, peut entraîner des addictions.
"Certains abusent un peu trop"
Une situation qui n’est pas propre uniquement au métier de député, selon Amine Benyamina, le chef du service psychiatrie et addictologie de l’hôpital Paul Brousse de Paris interrogé par les journalistes de BFMTV. "Tout métier qui est stressant, avec des horaires décalés, de fortes responsabilités est un terrain très favorable aux addictions." Le député Horizons Vincent Thiébaut avoue ainsi fumer "presque quatre fois plus quand (il est) à l’Assemblée", en plus d’une "consommation de caféine (qui) explose".
Pour certains, la caféine et la nicotine ne suffisent plus. Ce sont alors les drogues, comme dans le cas d’Andy Kerbrat ou encore l’ancien député Renaissance Emmanuel Pellerin, qui a reconnu avoir consommé de la cocaïne pendant son mandat, qui prennent le relais. Ou l’alcool, qui est autorisé à l’Assemblée. L'édifice possède même une buvette, dont "certains abusent un peu trop, c’est certain", reconnaît un ex-député macroniste auprès de BFMTV. Plusieurs députés ont ainsi été épinglés par la justice pour des faits en lien avec leur consommation d’alcool, allant de la conduite en état d’ivresse, comme le communiste Nicolas Sansu, à l’outrage à agent.
Aucun dispositif de prévention n’existe à l’Assemblée
D’autant plus que quand ils ne sont pas dans l’hémicycle, les parlementaires doivent gérer les affaires de leur circonscription, ce qui veut aussi dire faire face au mécontentement des administrés. Selon un élu de l’Est, il est encore plus difficile d’échapper à l’omniprésence de l’alcool : "Vous avez l’air d’un casse-pied si on vous propose un verre et que vous refusez."
Dans le quotidien parlementaire, les questions d’addiction sont peu, voire pas traitées. Et aucun dispositif de prévention ou de soutien n’existe sur la question.]
publié le 24 novembre à 12h48, Caroline Chambon, 6Medias.