Macron sur Sansal, une "immixtion inacceptable dans une affaire intérieure", selon Alger
© JOEL SAGET, AFP - L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal le 4 septembre 2015 à Paris
Alger a rejeté mardi comme "une immixtion inacceptable dans une affaire interne algérienne" des déclarations du président français Emmanuel Macron sur l'Algérie, dans lesquelles il affirmait que ce pays "se déshonore" en maintenant en prison l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
"Des propos du président français qui déshonorent, avant tout, celui qui a cru devoir les tenir de manière aussi désinvolte et légère. Ces propos ne peuvent être que réprouvés, rejetés et condamnés pour ce qu'ils sont, une immixtion éhontée et inacceptable dans une affaire interne algérienne", a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Ce que le président français présente indûment et faussement comme une affaire de liberté d'expression n'en est pas une au regard de la loi d'un Etat souverain et indépendant. Elle relève essentiellement d'une mise en cause de l'intégrité territoriale du pays, un délit punissable par la loi algérienne", a ajouté le ministère algérien dans son communiqué.
Lundi, Emmanuel Macron avait appelé Alger à la libération de M. Sansal.
"L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", avait-t-il dit devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée.
"Je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal", avait-il ajouté. Ce "combattant de la liberté" est "détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens", selon M. Macron.
Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l'Etat, après son interpellation à son arrivée à l'aéroport d'Alger, et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre.
Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris des déclarations de M. Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.
L'auteur de "2084: la fin du monde", naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du code pénal, qui sanctionne "comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l'Etat, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions".
publié le 7 janvier à 17h42, AFP