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Législatives au Japon: le parti du Premier ministre menacé de perdre sa majorité

  • Chambre basse du Parlement japonais
    ©Nicholas SHEARMAN, Janis LATVELS, AFP
  • Chambre basse du Parlement japonais
    ©Yuichi YAMAZAKI, AFP - Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba (au centre) va saluer ses partisans après un discours de campagne à Tokyo le 26 octobre 2024
  • Chambre basse du Parlement japonais
    ©Richard A. Brooks, AFP - Un bureau de vote à Tokyo lors des législatives du 27 octobre

Les Japonais votent dimanche pour des élections législatives annoncées particulièrement ardues pour le parti du nouveau Premier ministre Shigeru Ishiba, menacé selon des sondages de perdre sa majorité au Parlement, ce qui n'est pas arrivé depuis 2009.

Shigeru Ishiba, 67 ans, a lui-même convoqué ce scrutin anticipé peu après être devenu Premier ministre le 1er octobre, espérant bénéficier d'un état de grâce auprès des électeurs pour consolider son pouvoir.

Mais son Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), empêtré dans un scandale de "caisses noires", pourrait peiner avec son partenaire de coalition du Komeito (centre droit) à obtenir une majorité absolue --233 sièges sur 465-- à la chambre basse du Parlement, selon plusieurs sondages.

Un tel résultat serait quasiment inédit dans l'histoire du PLD, qui a réussi à se maintenir au pouvoir pendant la quasi-totalité de ses 69 années d'existence.

"J'ai pris ma décision avant tout sur la base de leur politique économique et des mesures contre l'inflation", explique Yoshigiro Uchida, 48 ans, interrogé par l'AFP à la sortie d'un bureau de vote à Tokyo.

Mme Taniyama, 63 ans, qui préfère taire son prénom, reconnaît avoir voté "par élimination".

"J'aurais préféré ne pas avoir fait mon choix comme cela mais c'était la seule façon", souligne-t-elle, disant vouloir donner la priorité "aux jeunes candidats plutôt qu'à ceux avec une longue carrière derrière eux, pour qu'ils apportent quelque chose de différent.

La participation dimanche à 14H00 (05H00 GMT) était de 19,1%, légèrement en retrait par rapport à celle des dernières législatives en 2021 à la même heure (21,5%), a annoncé le ministère des Affaires intérieures, précisant qu'environ 20% des inscrits avaient par ailleurs eu recours au vote anticipé.

Les derniers bureaux de vote fermeront à 20H00 locales (11H00 GMT), et des sondages sortie des urnes doivent donner peu après une idée des rapports de force à l'issue de ce scrutin.

- Parti "orgueilleux" -

Shigeru Ishiba a assuré samedi lors d'un meeting de campagne à Tokyo que le PLD voulait "repartir sur de nouvelles bases en tant que parti équitable, juste et sincère".

Le dirigeant a promis aux électeurs "un nouveau Japon", espérant appliquer son programme de renforcement de la sécurité et de la défense, de soutien accru aux ménages à faibles revenus et de revitalisation des campagnes japonaises.

Mais le PLD peine à tourner la page de son scandale de financement, qui avait déjà contribué à l'impopularité du précédent Premier ministre, Fumio Kishida.

Alors que Shigeru Ishiba s'était engagé à ne pas soutenir la campagne des membres incriminés, le quotidien Asahi a rapporté que le PLD avait versé 20 millions de yens (122.000 euros) aux sections locales dirigées par ces responsables, provoquant la fureur de l'opposition et amplifiant les doutes sur l'issue du scrutin de dimanche.

Shigeru Ishiba est également critiqué pour avoir fait marche arrière sur plusieurs sujets depuis son élection, comme la possibilité pour un couple marié de ne pas porter le même nom de famille, ou une plus forte taxation des plus-values.

Selon des médias locaux, M. Ishiba pourrait quitter son poste immédiatement en cas de défaite électorale afin d'en assumer la responsabilité, et deviendrait alors le Premier ministre resté le moins longtemps aux affaires dans le pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le record est actuellement détenu par Naruhiko Higashikuni, avec 54 jours en poste en 1945. M. Ishiba est dimanche au 26e jour de son mandat.

- Opposition divisée -

L'ancien Premier ministre Yoshihiko Noda, à la tête du Parti démocratique constitutionnel (PDC), la principale force d'opposition parlementaire, a critiqué samedi "la politique du PLD consistant à mettre en œuvre rapidement des mesures pour ceux qui leur donnent beaucoup d'argent".

"Une majorité de Japonais font confiance à M. Noda", dont le positionnement "n'est pas si différent de celui du PLD. "C'est fondamentalement un conservateur, à la politique très pragmatique", a souligné Masato Kamikubo, professeur de sciences politiques à l'université Ritsumeikan.

Mais une victoire du PDC est cependant "difficile car l'opposition est très divisée", a-t-il déclaré à l'AFP.

L'incertitude politique provoquée par un éventuel revers électoral du PLD pourrait notamment affoler les marchés financiers, peu habitués à ce cas de figure, prévoient des analystes.

Un total de 1.344 candidats sont en lice dans le pays dimanche, parmi lesquels une faible proportion de femmes --23,4%--, ce qui marque néanmoins un record dans un pays marqué par de fortes inégalités de genre.

publié le 27 octobre à 09h16, AFP

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