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Le Commonwealth reconnaît que "le temps est venu" de discuter de la réparation de l'esclavage

  • Le roi Charles III de Grande-Bretagne applaudit lors de la cérémonie d'ouverture de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Apia, Samoa, le 25 octobre 2024
    ©Rick Rycroft, AFP - Le roi Charles III applaudit lors de la cérémonie d'ouverture de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Apia, Samoa, le 25 octobre 2024
  • Le roi Charles III de Grande-Bretagne applaudit lors de la cérémonie d'ouverture de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Apia, Samoa, le 25 octobre 2024
    ©MANAUI FAULALO, AFP - Départ du roi Charles III après une cérémonie au dernier jour de la visite royale aux Samoa, au village de Siumu à Apia, le 26 octobre 2024
  • Le roi Charles III de Grande-Bretagne applaudit lors de la cérémonie d'ouverture de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Apia, Samoa, le 25 octobre 2024
    ©Stefan Rousseau, AFP - Le Premier ministre Britannique Keir Starmer arrive à une conférence de presse durant la réunion du Commonwealth à Apia, le 26 octobre 2024
  • Le roi Charles III de Grande-Bretagne applaudit lors de la cérémonie d'ouverture de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à Apia, Samoa, le 25 octobre 2024
    ©WILLIAM WEST, AFP - La secrétaire générale du Commonwealth Patricia Scotland s'exprime devant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernements de l'organisation à Apia, aux Samoa, le 25 octobre 2024

"Le temps est venu" de discuter de "justice réparatrice" quant au passé colonial britannique, sont convenus samedi les 56 membres du Commonwealth aux Samoa, après un sommet houleux sur l'héritage de l'esclavage et de l'empire où était notamment présent le roi Charles III.

Les pays du Commonwealth ont longuement débattu lors de négociations âpres et tendues avant de trouver un compromis sur l'un des aspects les plus sensibles de leur passé commun.

Dans une déclaration finale, consultée par l'AFP, les pays membres indiquent avoir pris acte des appels à une "justice réparatrice" pour l'"odieuse" traite transatlantique et ont convenu que "le temps est venu pour la tenue d'une conversation utile, sincère et respectueuse" sur le sujet.

Le Commonwealth, composé de 56 nations, était à l'origine constitué du Royaume-Uni et d'anciennes de ces colonies, mais il s'est ensuite élargi avec des pays comme le Togo et le Gabon - anciennes colonies françaises.

De nombreuses nations d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique souhaitent que le Royaume-Uni et d'autres puissances européennes versent une compensation financière pour l'esclavage ou qu'elles fassent au moins amende honorable sur le plan politique.

En quatre siècles, environ 10 à 15 millions d'esclaves ont été amenés de force dans les Amériques depuis l'Afrique, selon les historiens, même si le bilan humain exact reste inconnu.

Au cours du sommet, Londres a tenté d'éviter d'approuver explicitement les négociations, tout en essayant de prouver que les nations du Commonwealth peuvent travailler conjointement et efficacement.

- "Langage de la division" -

Le Premier ministre Britannique Keir Starmer a jusqu'ici rejeté publiquement les demandes de réparations et ses collaborateurs ont exclu la possibilité de présenter des excuses lors du sommet.

"Je dois être très clair : depuis deux jours que nous sommes ici, aucune des discussions n'a porté sur l'argent", a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer après la réunion.

"Notre position est très, très claire à ce sujet", a-t-il déclaré, soulignant que les négociations avaient été "très positives".

La famille royale britannique, qui a bénéficié de la traite des esclaves pendant des siècles, a été invitée à présenter des excuses.

Mais le monarque s'est abstenu de le faire vendredi, demandant aux participants au sommet de "rejeter le langage de la division".

"Aucun d'entre nous ne peut changer le passé. Mais nous pouvons nous engager, de tout notre cœur, à en tirer les leçons et à trouver des moyens créatifs de corriger les inégalités qui perdurent", a déclaré le roi.

Charles est reparti samedi à Londres, avec la reine Camila, avant que la déclaration finale du sommet ne soit adoptée.

Vendredi, le Premier ministre des Bahamas Philip Davis avait confié à l'AFP qu'il était temps que le Commonwealth demande "justice" pour la période brutale de l'esclavage subie par de nombreux pays du groupe.

"Les horreurs de l'esclavage ont laissé une blessure profonde et générationnelle dans nos communautés" et "notre histoire est profondément entremêlée, ce qui implique la responsabilité de faire face au passé avec honnêteté", a-t-il notamment indiqué.

"Les demandes de réparations ne se limitent pas à une compensation financière. Il s'agit de reconnaître l'impact durable de siècles d'exploitation, et de veiller à ce que l'héritage de l'esclavage soit traité avec honnêteté et intégrité," a également insisté Philip Davis.

- "Avancée significative" -

Joshua Setipa, du Lesotho, l'un des trois candidats en lice pour le poste de secrétaire général du Commonwealth, avait indiqué à l'AFP que les réparations pourraient inclure des formes de paiement alternatives, comme le financement de la lutte contre le changement climatique.

A l'issue du sommet, le Commonwealth a annoncé la nomination de la ministre ghanéenne des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchwey, comme secrétaire générale.

Ancienne députée, elle a dirigé la diplomatie ghanéenne ces sept dernières années, notamment pendant le mandat de deux ans de son pays au Conseil de sécurité des Nations unies, achevé en décembre 2023.

Elle a soutenu l'élaboration d'un accord de libre-échange entre les Etats membres du Commonwealth et affirmé qu'elle était en faveur des réparations historiques.

Pour Kingsley Abbott, directeur de l'Institut d'études du Commonwealth à l'université de Londres, l'inclusion d'une mention de la justice réparatrice constituerait une "avancée significative" pour le Commonwealth.

Lors du sommet, les dirigeants du Commonwealth ont aussi trouvé un terrain d'entente sur la question du changement climatique, en adoptant une "déclaration sur les océans" qui reconnaît les frontières maritimes nationales même si le niveau des mers continue de monter.

publié le 26 octobre à 13h52, AFP

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