La Russie dit avoir conquis la ville de Kourakhové dans l'est de l'Ukraine
La Russie a revendiqué lundi la prise de la ville minière de Kourakhové, dans l'est de l'Ukraine, après une bataille de près de trois mois, estimant que sa conquête lui permettra de s'emparer entièrement de la région de Donetsk "à un rythme accéléré".
Cette annonce intervient à un moment où les forces ukrainiennes, qui reculent depuis des mois sur le front oriental, ont, selon Moscou, lancé une nouvelle offensive dans la région frontalière russe de Koursk, dont elles contrôlent plusieurs centaines de kilomètres carrés depuis août 2024.
Sur place, "nous infligeons des pertes sans cesse" aux Russes, a affirmé le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Mikhaïlo Drapaty, à plusieurs médias, dont l'AFP, sans donner plus de détails sur l'opération en cours.
Chaque camp semble vouloir renforcer ses positions, tandis que les conjectures vont bon train depuis des semaines sur les conditions de futures négociations de paix, du fait du retour à la Maison Blanche le 20 janvier de Donald Trump.
Sur le front est, après des mois de lente mais constante progression, les troupes russes "ont entièrement libéré la ville de Kourakhové, la plus grande agglomération dans le sud-ouest du Donbass", a annoncé lundi matin le ministère russe de la Défense.
Kourakhové, qui comptait environ 22.000 habitants avant le conflit, était une position défensive de premier plan pour les militaires ukrainiens dans ce secteur et est située près d'un important gisement de lithium, un minerai rare.
- "Victoire" pour Moscou -
Le ministre de la Défense, Andreï Belooussov, s'est félicité dans un communiqué de cette "victoire".
La perte de cette ville n'a pas été pour l'heure confirmée par l'armée ukrainienne, qui s'est bornée lundi à faire état "d'assauts dans la zone urbaine de Kourakhové".
"Ce n'est pas mon domaine", a de son côté balayé le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Mikhaïlo Drapaty, interrogé sur les affirmations russes.
La carte des combats établie par le blog militaire DeepState, proche de l'armée ukrainienne, fait toutefois apparaître la totalité de cette ville sous contrôle russe.
Le ministère russe de la Défense juge que cette conquête permettra de s'emparer du reste de la région orientale de Donetsk "à un rythme accéléré". Il a aussi revendiqué lundi la prise du hameau de Datchenské, juste au sud de Pokrovsk.
- "Discussions réalistes" -
Dans la région de Koursk, l'armée russe a annoncé dimanche faire face à "une contre-attaque" des troupes de Kiev.
Les Ukrainiens y occupent quelques centaines de kilomètres carrés depuis août, malgré les tentatives de les déloger des troupes russes, épaulées dans ce secteur par des soldats nord-coréens, d'après Kiev et les Occidentaux.
L'armée russe affirme que cette "tentative de percée" ukrainienne vise le village de Bolchoïe Soldatskoïe et a été "déjouée".
Hormis la brève prise de parole de Mikhaïlo Drapaty, l'armée ukrainienne est restée à ce stade largement silencieuse sur l'opération en cours et son objectif.
Le président Volodymyr Zelensky a lui rappelé dans son allocution quotidienne "l'importance" de fixer l'armée russe dans la région de Koursk pour l'empêcher de déployer l'ensemble de ses troupes sur les fronts oriental et méridional.
"Nous maintenons une zone tampon sur le territoire russe, en détruisant activement le potentiel militaire russe", a-t-il souligné.
Sur le plan diplomatique, Kiev espère dans les prochaines semaines des décisions fortes de ses alliés occidentaux, en premier lieu Donald Trump, pour obtenir "garanties de sécurité" face à la Russie de Vladimir Poutine.
Le président français Emmanuel Macron a, pour sa part, appelé Kiev lundi à "mener des discussions réalistes sur les questions territoriales" pour obtenir la paix avec le Kremlin, qui réclame que Kiev cède quatre régions partiellement aux mains des Russes, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renonce à entrer dans l'Otan. Des conditions inacceptables pour Volodymyr Zelensky.
Le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Mikhaïlo Drapaty, a par ailleurs reconnu lundi "des problèmes" au sein de la brigade "Anne de Kiev", en partie formée et équipée par la France, après des révélations de presse sur des cas d'abus de pouvoir et de nombreuses désertions.
"Dans la mesure du possible, tous ces problèmes sont en train d'être résolus", a-t-il affirmé, assurant que le nombre de désertions de soldats formés en France était "minime".
publié le 6 janvier à 21h16, AFP