Conflit au Proche-Orient

Gaza: 29 ONG accusent l'armée israélienne de favoriser le pillage de l'aide humanitaire

Des personnes reçoivent des colis d'aide humanitaire fournis par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) depuis un entrepôt du centre de la ville de Gaza, le 27 août 2024

© Omar AL-QATTAA, AFP - Des personnes reçoivent des colis d'aide humanitaire fournis par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) depuis un entrepôt du centre de la ville de Gaza, le 27 août 2024

L'armée israélienne favorise le pillage de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, en s'en prenant notamment aux forces de police palestiniennes qui tentent de le combattre, accusent vendredi 29 ONG dans un rapport commun.

"Le pillage est un problème récurrent, conséquence du ciblage par Israël des forces de police restantes à Gaza, de la pénurie de biens essentiels, du manque de routes et de la fermeture de la plupart des points de passage, et du désespoir de la population qui en résulte dans ces conditions désastreuses", pointent ces ONG, dont Médecins du monde, Oxfam ou encore le Norwegian refugee council (NRC).

L'armée israélienne "échoue" en outre à "empêcher le pillage des camions d'aide et les gangs armés à extorquer aux organisations humanitaires de l'argent pour leur protection", poursuivent les ONG, citant notamment un article du quotidien israélien de gauche Haaretz, paru lundi et titré "L'armée israélienne permet aux gangs de Gaza de piller les camions d'aide et d'extorquer des frais de protection aux chauffeurs".

Dans leur rapport, les ONG affirment également que "dans certains cas", alors que des policiers palestiniens "tentaient de prendre des mesures contre les pilleurs, ils ont été attaqués par les troupes israéliennes".

"De nombreux incidents se déroulent à proximité ou sous les yeux des forces israéliennes, sans qu'elles n'interviennent, même lorsque les camionneurs demandent de l'aide".

Dans le même rapport, les 29 ONG dénoncent la réduction "à un niveau historiquement bas" de l'aide humanitaire autorisée par Israël dans la bande de Gaza.

- Situation aggravée -

Selon celles-ci, 37 camions humanitaires sont en moyenne entrés chaque jour dans le territoire palestinien en octobre et 69 quotidiennement la première semaine de novembre, contre 500 avant le 7 octobre 2023, date du début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël.

Entre le 10 octobre et le 13 novembre, "les frappes israéliennes ont tué au moins 20 travailleurs humanitaires (...) travaillant en majorité pour des organisations palestiniennes", déplorent les 29 ONG.

"Ces employés ont été tués chez eux, dans des camps de déplacés ou alors qu'ils distribuaient de l'aide."

Le 13 octobre, les Etats-Unis ont de nouveau demandé aux autorités israéliennes d'améliorer la situation humanitaire à Gaza, sous peine de voir l'aide militaire américaine restreinte, pointent-elles.

"Non seulement Israël n'a pas satisfait aux critères américains", mais son armée a "en même temps pris des mesures qui ont considérablement aggravé la situation sur le terrain", notamment dans le nord de Gaza, accuse le rapport.

La situation est "encore plus désastreuse qu'il y a un mois", pointaient récemment huit ONG, dont Save the children, Care ou Mercy corps, dans un autre communiqué.

Jeudi, le ministère israélien des Affaires étrangères se disait toutefois "pleinement déterminé à faciliter l'acheminement continu de l'aide humanitaire vers Gaza" et à "l'accroître", notamment "en ouvrant de nouveaux itinéraires et points de passage, comme (celui) de Kissoufim ouvert cette semaine, afin de garantir que l'aide essentielle parvienne aux habitants de Gaza".

publié le 15 novembre à 16h53, AFP

Liens commerciaux