La résistante Madeleine Riffaud est décédée à l'âge de 100 ans
© JOEL SAGET, AFP - Madeleine Riffaud, poète, journaliste, correspondante de guerre et membre de la Résistance française, pose lors d'une séance photo à son domicile à Paris, le 17 juin 2024
La résistante Madeleine Riffaud est décédée mercredi à l'âge de 100 ans, après avoir été correspondante de guerre et avoir livré sur le tard ses secrets en bande dessinée.
"C'est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons le décès de la résistante, poète, écrivain, journaliste et correspondante de guerre Madeleine Riffaud", a indiqué l'éditeur Dupuis dans un communiqué.
"Elle s'est éteinte ce matin, paisiblement dans son lit entourée de ses proches", a-t-il ajouté.
"Une héroïne s'en est allée. Son legs: tout un siècle de combats", a salué L'Humanité pour qui elle couvrit les guerres d'Algérie et du Vietnam.
"Elle était un personnage de roman, à l'existence tramée par la lutte, l'écriture, trois guerres et un amour. Une vie d'une folle intensité, après l'enfance dans les décombres de la Grande guerre, depuis ses premiers pas dans la résistance jusqu'aux maquis du Sud-Vietnam", a souligné le quotidien.
Le 23 août 2024, jour de ses 100 ans, Madeleine Riffaud avait publié le troisième et dernier tome de "Madeleine, résistante" (éd Dupuis), ses mémoires de guerre en bande dessinée, avec Dominique Bertail au dessin, et Jean-David Morvan au scénario. Ce dernier lui a rendu hommage sur Facebook en publiant une photo d'elle, âgée, posant sur un canapé.
Il a aussi salué son "formidable talent de conteuse doublé d'un sens aigu de la formule", dans un communiqué joint avec la traductrice Éloïse de la Maison et le sociologue du travail Philippe Denimal.
"Je salue la mémoire de cette héroïne au courage admirable et exemplaire", a réagi la ministre de la Culture Rachida Dati dans un communiqué, rappelant que Madeleine Riffaud fut aussi poète et proche de Paul Eluard, qui éditera ses œuvres.
- "Pied de nez" -
Née en 1924 dans la Somme, cette fille unique d'instituteurs rejoint la résistance à 16 ans.
Elève sage-femme à Paris, elle devient agent de liaison avec ses compagnons communistes des Francs-tireurs et partisans (FTP) de la faculté de médecine. Elle devient "Rainer" - en hommage au poète allemand Rainer Maria Rilke - pour signifier qu'elle "n'est pas en guerre contre le peuple allemand mais contre les nazis".
Le massacre d'Oradour-sur-Glane, un village de sa jeunesse décimé en juin 1944, provoque son passage aux armes. Le 23 juillet, elle assassine de deux balles dans la tête un gradé nazi sur le pont de Solférino, à Paris.
"Je regrette, d'ailleurs, d'avoir tué cet homme. Tu es là. Tu regardais la Seine. Est-ce qu'on peut être méchant, quand on regarde la Seine? C'était peut-être un type bien. Mais ça... bon, c'est la guerre", disait-elle.
Le monde politique lui a aussi rendu mercredi hommage.
Le gouvernement a ainsi rappelé dans un publication sur X qu'il y avait "encore quelques mois, elle nous livrait son témoignage sur sa vie et son combat dans la Résistance".
"Arrêtée et torturée par la Gestapo, journaliste engagée aux côtés des mineurs grévistes de 1948, des Algériens et des Vietnamiens contre le pouvoir colonial: elle aura mené une vie de lutte pour l'émancipation", a rappelé de son côté le député de gauche François Ruffin.
Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a lui relevé que Madeleine Riffaud était décédée "au jour de l'élection de Trump." "Comme un dernier pied de nez aux fascistes de tout poil, que tu auras combattus toute ta vie", a-t-il écrit sur X.
publié le 6 novembre à 20h03, AFP