Irak : détenus dans des conditions insoutenables, des djihadistes français souhaitent purger leur peine en France
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Onze djihadistes français condamnés à vie en Irak demandent à purger leur peine en France. Une enquête rapportée par l’AFP révèle leurs conditions de détention inhumaines.
En Irak, onze djihadistes français qui étaient tout d’abord condamnés à mort et dont la peine a été ramenée à de la prison à vie souhaitent leur rapatriement en France afin d’y être jugés, a annoncé l'Agence France-Presse (AFP) dimanche 20 octobre.
Après la chute de l'État Islamique, les onze djihadistes avaient été condamnés à mort par pendaison en juin 2019. Leur peine avait été commuée en prison à perpétuité après des échanges entre les magistrats français et irakiens. « Tous avaient des positions élevées au sein de l’État islamique, et certains ont été impliqués dans des projets d’attentats en France avant leur départ puis pendant leur séjour en zone irako-syrienne », a précisé la source judiciaire.
Une enquête ouverte pour tortures
Selon le parquet national antiterroriste, une juge d’instruction du pôle de crimes contre l’humanité du tribunal de Paris a ouvert une enquête pour tortures, peines et traitements inhumains, dégradants, et détention arbitraire. “On ne peut pas admettre que des Français dépérissent dans des geôles, quelle que soit la gravité des faits qu'on leur reproche”, a expliqué Richard Sédillot, l’avocat de deux des plaignants. En 2023, des investigations inédites ont été ouvertes. Une plainte, déposée avec constitution de partie civile en septembre 2020, n’avait abouti à aucune réponse. La justice avait décidé de ne pas enquêter, cependant l’avocat a fait appel et obtenu le lancement des investigations.
Quatre avocats se sont ensuite rendus à la prison d'Al-Rusafa durant l’automne 2023 et en février 2024. Après des échanges avec leurs clients, les avocats des plaignants ont tiré la sonnette d’alarme quant à leurs conditions de détention. Selon les rapports transmis à la justice française dont l’AFP a eu connaissance, les prisonniers sont entassés dans des cachots de 120 hommes avec seulement une douche et deux toilettes. Les prisonniers n’ont le droit qu’à une bouteille d’eau d’un litre et demi pour boire et assurer leur hygiène. Une seule sortie par semaine est autorisée pour les détenus et celle-ci ne durerait que dix à trente minutes. Interrogés sur le possible retour des détenus, ni le ministère de la Justice ni le ministère des Affaires étrangères n’a répondu aux questions posées par l’AFP.
publié le 20 octobre à 18h00, Arnaud Enjourbault, 6Medias