Économie

Transport des malades: des chauffeurs de taxi en colère et inquiets mobilisés à Lyon et au nord de Marseille

  • Des chauffeurs de taxi participent à une manifestation de blocage des routes, le 2 décembre 2024 à Lyon
    ©OLIVIER CHASSIGNOLE, AFP - Des chauffeurs de taxi participent à une manifestation de blocage des routes, le 2 décembre 2024 à Lyon
  • Des chauffeurs de taxi participent à une manifestation de blocage des routes, le 2 décembre 2024 à Lyon
    ©OLIVIER CHASSIGNOLE, AFP - Manifestation de chauffeurs de taxi à Lyon contre la convention en cours de négociation avec l'Assurance maladie pour le transport de malades assis, le 2 décembre 2024
  • Des chauffeurs de taxi participent à une manifestation de blocage des routes, le 2 décembre 2024 à Lyon
    ©Christophe SIMON, AFP - Des chauffeurs de taxi bloquent le péage de l'autoroute A7 à Lançon-de-Provence,  le 2 décembre 2024 dans les Bouches-du-Rhône
  • Des chauffeurs de taxi participent à une manifestation de blocage des routes, le 2 décembre 2024 à Lyon
    ©Christophe SIMON, AFP - Manifestation de chauffeurs de taxi contre la convention en cours de négociation avec l'Assurance maladie pour le transport de malades assis, le 2 décembre 2024 à Lançon-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône

"On essaie de sauver notre peau": des centaines de chauffeurs de taxi perturbent lundi la circulation autour de Lyon et sur un péage au nord-ouest de Marseille, pour protester contre une convention en cours de négociation avec l'Assurance maladie incluant une tarification à la baisse du transport de malades.

Feux de détresse allumés, quelque 150 véhicules stationnaient déjà avant l'aube, en files indiennes, sur un échangeur à l'ouest de Lyon, sans pour autant bloquer totalement la circulation. "Taxis en grève", "taxi médical en danger", pouvait-on lire sur certains.

Nicolas Galliot, 43 ans, a fait la route depuis Clermont-Ferrand. A la tête d'une société de taxis, le transport médical représente 60 à 70% de son chiffre d'affaires. "Mais pour les taxis de campagne, ça peut monter jusqu'à 100%", précise-t-il.

Si cette convention est adoptée, ce sera "au détriment de mes salariés, de la valeur de nos licences, mais surtout des patients", affirme-t-il.

En 2023, plus de 40.000 taxis étaient conventionnés pour transporter des personnes malades, atteintes de pathologies allant des cancers aux maladies psychiatriques, selon l'Assurance maladie, soit près des trois quarts des taxis en France.

Afin de réaliser 300 millions d'euros d'économies sur ces transports sanitaires, le gouvernement Barnier souhaite désormais contraindre taxis et transporteurs sanitaires à négocier des mesures avec l'Assurance maladie, sous peine de baisses tarifaires imposées.

De plus, un décret d'application du budget de la Sécu pour 2024 prévoit qu'un patient ne puisse plus refuser, sauf exception, un transport sanitaire partagé, sous peine de devoir avancer les frais et de n'être remboursé que sur la base du transport partagé. Les patients devront aussi être pris en charge en moins de 45 minutes, et par secteur géographique avec une limite kilométrique de détour par patient.

"Non seulement on va attendre très longtemps pour remplir la voiture, on va faire des tournées qui n'en finiront pas, mais aussi on va détériorer le service qu'on a mis en place depuis des années avec les patients", explique à l'AFP Abdel Green, président de la Fédération des taxis indépendants du Rhône (FTI69).

- Bivouac -

Venus du Puy-de-Dôme, de l'Isère, la Drôme, la Loire ou encore la Haute-Loire, les chauffeurs de taxis ont bloqué des voies des autoroutes A7, A43 et A46, provoquant plusieurs dizaines de kilomètres de bouchons ou de ralentissements à l'entrée de l'agglomération lyonnaise.

Les blocages devraient durer jusqu'en fin d'après-midi, a prévenu vers 13H00 la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Au coeur de la ville, devant l'hôpital Edouard Herriot, ils étaient une trentaine à stationner et à distribuer des tracts, tout en se réchauffant autour d'un café.

En transport médical, "l'approche n'est pas la même qu'avec un client qu'on récupère à la gare", souligne Mohammed, 36 ans, assis dans son véhicule à l'arrêt et dont près de 90% de son travail est du transport médical.

"Pour la plupart des patients, pendant le trajet, c'est une sorte de libération. Ils ne se sentent pas malades quand ils sont dans le véhicule. Ça leur permet d'oublier. Ils nous racontent leurs soucis, nous leur racontons les nôtres", illustre-t-il. "Et avec la nouvelle convention, ils n'auront plus le choix du transporteur", renchérit-il.

Sabrina Pena, 51 ans, taxi depuis 27 ans à Lyon, réalise 10% de son activité avec des malades. Elle regrette la baisse des tarifs car "depuis quelques années tout a augmenté, le prix du carburant, des véhicules, des péages, celui des bouteilles d'eau pour les clients". "Ils savent qu'on est pris à la gorge car on est tous endettés", lâche-t-elle devant l'hôpital Edouard Herriot.

Les cortèges de taxis doivent converger vers le centre de Lyon pour rejoindre à partir de 18H00 la place Bellecour, où ils comptent bivouaquer la nuit. Annonçant des perturbations "importantes", la préfecture invite les usagers de la route à "anticiper leurs déplacements avant cet horaire ou à privilégier d'autres modes de déplacement".

Des perturbations en Provence-Alpes-Côte d'Azur ont aussi été constatées, notamment dans la matinée aux entrées de Toulon et qui ont pris fin en début d'après-midi.

En revanche, 800 taxis sont toujours mobilisés pour bloquer le péage de Lançon-de-Provence, l'un des plus importants sur l'A7, à une quarantaine de km au nord-ouest de Marseille, avec 6 km de bouchons vers Lyon et 5 km vers Marseille, selon la préfecture des Bouches-du-Rhône et Vinci.

Des taxis venus de Marseille et de la région ont bloqué les voies de paiement avec leur voiture ou des pneus. "Taxis sacrifiés", "non à la mort des taxis", peut-on lire sur des banderoles ou sur les pare-brise.

Pour Karine Lahouel, taxi à Carpentras (Vaucluse) depuis onze ans, "on essaie de sauver notre peau, très clairement, parce que là c’est la fin, c’est la dernière chance pour que ce métier continue d’exister", dit cette femme de 52 ans.

publié le 2 décembre à 15h40, AFP

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