Économie

Pourquoi les géants européens de l'automobile calent

  • Les deux premiers groupes automobiles européens, Volkswagen et Stellantis, affrontent un virage difficile en 2024, entre la baisse du marché et la transition vers l'électrique
    ©MARCO BERTORELLO, AFP - Les deux premiers groupes automobiles européens, Volkswagen et Stellantis, affrontent un virage difficile en 2024, entre la baisse du marché et la transition vers l'électrique
  • Les deux premiers groupes automobiles européens, Volkswagen et Stellantis, affrontent un virage difficile en 2024, entre la baisse du marché et la transition vers l'électrique
    ©Ronny HARTMANN, AFP - Des salariés de Volkswagen en grève à Hanovre, en Allemagne, le 2 décembre 2024
  • Les deux premiers groupes automobiles européens, Volkswagen et Stellantis, affrontent un virage difficile en 2024, entre la baisse du marché et la transition vers l'électrique
    ©Sebastien SALOM-GOMIS, AFP - Renault, numéro trois européen, a multiplié les partenariats pour baisser ses coûts de développement et poursuit parallèlement sa stratégie de vendre des véhicules dans des gammes plus élevées

Les deux premiers groupes automobiles européens, Volkswagen et Stellantis, affrontent un virage difficile en 2024, entre la baisse du marché et la transition vers l'électrique.

Des dizaines de milliers de salariés de Volkswagen ont manifesté lundi en Allemagne contre le plan drastique d'économies annoncé par le constructeur allemand qui, selon le syndicat IG Metall pourrait fermer trois de ses dix usines en Allemagne, ce qui serait une première en 87 ans d'histoire.

Côté Stellantis, né de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, le conseil d'administration a décidé d'écarter dimanche son patron Carlos Tavares, notamment après des difficultés aux Etats-Unis.

"On est en plein dans la souffrance de l’industrie automobile européenne", a commenté lundi un analyste, qui préfère que son nom ne soit pas cité car il travaille avec ces groupes. "Et ce sera encore plus compliqué en 2025 avec le durcissement du CAFE" (normes européennes d'émissions de CO2).

"On reproche à Stellantis d’être trop +lean+ (à la recherche d'efficacité), d’avoir hypothéqué son avenir, là où Volkswagen doit réduire ses coûts, notamment face aux nouveaux acteurs de l’électrique", a-t-il expliqué.

Virages difficiles

"Tout le secteur automobile européen affronte un virage électrique inégal, une compétition agressive des constructeurs chinois avec des structures de coûts ajustées et une faible demande dans la région", soulignait l'agence Moody's dans un rapport fin novembre.

Les ventes en Europe restent bien inférieures aux chiffre d'avant-Covid, certaines usines tournant à vide. Le virage vers l'électrique n'a pas tenu ses promesses, le prix des véhicules et les subventions en baisse renforçant l'attentisme des automobilistes.

Volkswagen comme Stellantis ont aussi vu le lancement de leur offre électrique ralenti par des problèmes électroniques sur leurs nouveaux modèles.

Par ailleurs, le ralentissement économique en Chine a freiné les achats de voitures et frappe les constructeurs allemands, qui y faisaient d'importants profits.

Moody's prévoit ainsi une année 2025 toujours compliquée avec une croissance modérée des ventes, une compétition toujours acérée sur les prix des véhicules, limitant les marges, et donc une poursuite des mesures de restructuration.

Les grands équipementiers comme Bosch, ZF, Valeo, sont aussi au ralenti et multiplient les annonces de suppressions de postes. Tout le secteur industriel souffre par ailleurs des prix de l'énergie.

2040

Les difficultés des deux géants européens correspondent aussi à un moment historique dans l'automobile, où les marchés occidentaux (Europe, Etats-Unis et Canada) ont atteint, et dans certains cas dépassé, le "pic automobile" en termes de ventes de nouveaux véhicules, selon une étude du cabinet Roland Berger. La croissance se trouve désormais en Chine mais aussi en Inde ou en Amérique du Sud.

A horizon 2040, deux scénarios se dessinent, selon le cabinet: les constructeurs occidentaux pourraient continuer à souffrir de ventes stagnantes ou en baisse, d'une pression croissante sur les coûts et d'un besoin majeur de restructuration, tandis que les Chinois prendront des parts de marché (de 15 à 20% en Europe).

Les occidentaux pourraient aussi continuer à investir massivement dans la technologie, profiter de leur bonne image de marque et de réseaux de production et de distribution solides.

"Cependant, ils doivent devenir beaucoup plus efficaces", précise Arnaud Lesschaeve, de Roland Berger, en utilisant davantage de bases techniques et logicielles conçues par des tiers, par exemple.

A contre-courant

Alors tous les constructeurs européens seraient en panne? Non. Renault, numéro trois européen, est pour l'instant l'exception à la règle. Le groupe, qui a multiplié les partenariats pour baisser ses coûts de développement, poursuit parallèlement sa stratégie de vendre des véhicules dans des gammes plus élevées, une orientation célébrée dans un documentaire à paraître sur Amazon Prime.

Le groupe au losange a déjà retrouvé des niveaux de marge satisfaisants et les faveurs des investisseurs, et lance son offensive majeure en 2025 avec l'arrivée de la R5 électrique.

Dans une moindre mesure, le japonais Toyota et le sino-suédois Volvo ont eux vu leurs ventes augmenter fortement en Europe grâce à leurs modèles hybrides et électriques.

publié le 2 décembre à 20h40, AFP

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