Économie

Censure du gouvernement: les marchés gardent leur calme mais le risque politique perdure

  • De g. à d. : les députés du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, Jean-Philippe Tanguy et Sébastien Chenu, le 31 octobre 2024 à l'Assemblée nationale, à Paris
    ©STEPHANE DE SAKUTIN, AFP - De g. à d. : les députés du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, Jean-Philippe Tanguy et Sébastien Chenu, le 31 octobre 2024 à l'Assemblée nationale, à Paris
  • De g. à d. : les députés du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, Jean-Philippe Tanguy et Sébastien Chenu, le 31 octobre 2024 à l'Assemblée nationale, à Paris
    ©Nalini LEPETIT-CHELLA, Sabrina BLANCHARD, AFP - Présentation des conditions à réunir pour faire adopter une motion de censure et donc provoquer la démission d'un gouvernement en France

Une motion de censure avant Noël ? La menace brandie par Marine Le Pen n'a pour l'instant eu aucun effet sur des marchés financiers qui restent toutefois attentifs au désordre politique français.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Et si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé la cheffe de file des députés RN sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le projet de budget de l'État.

Le risque sera alors la chute du gouvernement Barnier et le rejet du projet de budget, ouvrant la voie à une période d'incertitude de nature à nourrir le stress sur les marchés.

Pour l'heure, ni le CAC 40 ni les taux d'intérêt de la France n'ont réagi aux propos de Marine Le Pen et "ce n'est pas un sujet de stress ajourd'hui", commente Andrea Tueni, responsable des activités marchés de Saxo Banque France.

"Sans majorité à l'Assemblée nationale, il n'y a pas de risque d'avoir de mesures ou de réformes impopulaires" et c'est finalement "un statu quo qui convient aux investisseurs", a-t-il poursuivi.

Cependant, si motion de censure il y a en décembre, cela interviendrait à un moment où les volumes d'échanges sont faibles sur les marchés, ce qui peut amplifier les variations.

"Là où normalement on verrait une baisse de 1% par exemple, cela pourrait se transformer en baisse de 3 à 4%", illustre Andrea Tueni et dans ce cas, "il faudrait alors attendre janvier pour voir si le mouvement se confirme ou non".

- La surprise est déjà passée -

L'inquiétude politique engendrée par la dissolution surprise de l'Assemblée nationale en juin avait déjà en grande partie été absorbée sur les marchés immédiatement après l'annonce.

Le CAC 40 a perdu en juin l'entièreté des gains accumulés depuis le début de l'année. Et les performances de l'indice vedette parisien sont depuis bien en deçà de celles des autres indices européens.

L'indice CAC 40 est en repli de plus de 4,5% depuis le 1er janvier alors que l'indice vedette allemand DAX a avancé dans le même temps de plus de 13% et que l'incice FTSE 100 de la Bourse de Londres a progressé de plus de 4,5%.

Sur le marché obligataire l'écart ("spread") entre le rendement des emprunts de l'Etat français à 10 ans et son équivalent allemand, considéré comme une valeur refuge en Europe, a atteint un pic de 0,81 point de pourcentage en juin. Il est depuis redescendu à 0,75 point.

En cas de changement politique majeur, "le vrai sujet sera la dette souveraine de la France" et donc celui de la potentielle hausse des taux auxquels la France emprunte sur les marchés pour se financer, abonde Christopher Dembik, spécialiste de l'investissement chez Pictet AM.

"Quand l'Allemagne allait très bien ce +spread+ était un bon baromètre mais maintenant, la lecture est un peu plus biaisée. On peut considérer que si l'Allemagne se portait mieux, le +spread+ aujourd'hui serait aujourd'hui beaucoup plus élevé", nuance-t-il.

- Déclassement -

"On assiste à un scénario de déclassement plutôt que de crise sur l'intérêt des investisseurs pour la dette souveraine de la France. Le point important c'est que la France est en train d'être sortie du podium à la faveur de l'Allemagne, du Portugal et de l'Espagne", commente Christopher Dembik.

La France est également dans le viseur des agences de notation.

Elle a échappé à une dégradation de sa note par Moody's en octobre, mais l'agence a déploré la situation des comptes publics et averti qu'elle envisageait une rétrogradation dans les mois à venir.

Fitch a également maintenu la note de la France inchangée mais y ajouté une perspective négative, ce qui veut dire, comme pour Moody's, que cette agence de notation envisage à l'avenir de la dégrader.

L'agence S&P doit se prononcer quant à elle le 29 novembre. Elle avait abaissé en mai la note française de "AA" à "AA-".

publié le 21 novembre à 10h40, AFP

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