Environnement

Mayotte : Macron annonce des mesures d'urgence, pas de retour à la "normale" avant des mois

  • Emmanuel Macron à Tsingoni, à Mayotte, le 20 décembre 2024
    ©LUDOVIC MARIN, AFP - Emmanuel Macron à Tsingoni, à Mayotte, le 20 décembre 2024
  • Emmanuel Macron à Tsingoni, à Mayotte, le 20 décembre 2024
    ©Ludovic MARIN, AFP - Emmanuel Macron à Tsingoni, à Mayotte, le 20 décembre 2024
  • Emmanuel Macron à Tsingoni, à Mayotte, le 20 décembre 2024
    ©LUDOVIC MARIN, AFP - Emmanuel Macron parle avec une habitante à Tsingoni, à Mayotte, le 20 décembre 2024
  • Emmanuel Macron à Tsingoni, à Mayotte, le 20 décembre 2024
    ©Sylvie HUSSON, Valentina BRESCHI, Nalini LEPETIT-CHELLA, AFP - Graphique comparant le positionnement de Mayotte vis à vis des autres départements français au regard d'une série d'indicateurs socio-économiques, d'après les données de l'Insee et de la Drees

"De l'eau, de l'eau !" : Emmanuel Macron a quitté Mayotte vendredi après avoir constaté l'immensité des besoins sur l'archipel suite au passage du cyclone Chido, promettant le raccordement des foyers à l'eau dès samedi mais écartant tout retour à la normale avant des "mois".

"Il y a l'urgence qu'on est en train de faire. Il va y avoir la stabilisation parce que pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale", a-t-il déclaré à Mayotte la 1ère, au journal de Mayotte et Kwezi TV avant de s'envoler pour Djibouti et le traditionnel Noël avec les troupes déployées à l'étranger.

Les écoles ne pourront pas toutes rouvrir à la rentrée du 13 janvier, a-t-il notamment averti. "Mais on veut pouvoir apporter une solution à toutes les familles" à cette date, a-t-il assuré, évoquant entre autres la scolarisation d'élèves à La Réunion, territoire français distant de 1.400 km.

L'approvisionnement en eau, problème le plus critique six jours après le passage du cyclone, sera en revanche rétabli dans les foyers, au moins de façon partielle, dès samedi, a-t-il ajouté.

Durant ses deux jours à Mayotte, le chef de l'Etat, confronté à la détresse d'habitants à la fois exaspérés et accablés par les dégâts du cyclone, a promis la mobilisation générale de la métropole et mis en garde contre la "division".

- 35 morts -

Sur place, le bilan provisoire s'élève désormais à 35 morts et quelque 2.500 blessés, a annoncé vendredi le ministère de l'Intérieur. Mais "il est vraisemblable qu’il y ait beaucoup plus de victimes", a reconnu Emmanuel Macron. Le cyclone a également fait 75 morts au Mozambique et 13 autres au Malawi, au moins.

Un gendarme de 50 ans envoyé en renfort à Mayotte est décédé vendredi des suites d'un malaise, a par ailleurs annoncé dans un communiqué le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, expliquant qu'il a perdu connaissance alors qu'il menait une opération "de rétablissement des réseaux de communication".

Avant de décoller, Emmanuel Macron a tenu en visioconférence une réunion de la cellule interministérielle de crise pour "transmettre au gouvernement et aux administrations les actions utiles à prendre", selon l'Elysée. Matignon a ainsi annoncé dans l'après-midi une batterie de mesures, dont des facilités ou report du paiement des impôts des entreprises et particuliers.

Déterminé à "rebâtir" l'archipel, notamment par une "loi spéciale", M. Macron a dit faire de la maîtrise de l'immigration une priorité et un préalable.

"On ne pourra pas régler les problèmes de fond de Mayotte si on ne règle pas le problème de l'immigration clandestine", a-t-il affirmé.

A moyen terme, il entend augmenter le nombre de reconduites à la frontière depuis ce territoire de l'océan Indien, qui était de 22.000 en 2023.

Sachant qu'environ un tiers de la population de Mayotte, soit plus de 100.000 habitants, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans des bidonvilles que l'Etat veut démanteler depuis des années.

- "Coupés du monde" -

Dans une station-service au pied d'un de ces bidonvilles, celui de Kawéni à Mamoudzou, les habitants qui font la queue dans l'espoir de s'approvisionner notamment pour alimenter des groupes électrogènes laissent éclater leur frustration.

"On est fatigué. On en a marre. On a soif. On a faim", énumère Yazéa Abdou, une Mahoraise de 26 ans, qui assure à l'AFPTV que les "gens dorment à la station", faute de mieux.

Dans la matinée, le chef de l'Etat s'est rendu à Tsingoni, commune enclavée de l'ouest de Grande-Terre, l'île principale de l'archipel. Loin de Mamoudzou, le chef-lieu, les secours, l'eau, l'électricité et la nourriture tardent à arriver.

"On veut de l'eau", l'ont imploré plusieurs habitants. L'un d'eux, Badirou Abdou, prévient: "Ici on est coupés du monde", il "y a des gens qui dorment dehors, par terre... Les maladies, ça va arriver".

"Déjà 80 tonnes d'alimentation et 50 tonnes d'eau ont été distribuées dans neuf communes hier", a assuré Bruno Retailleau sur X, ajoutant que "tout est mis en place pour permettre de distribuer 600.000 litres d'eau par jour", soit un peu moins de deux litres par personne, dans un territoire où il fait actuellement plus de 30 degrés.

- Polémique -

Jeudi, lors d'une première journée parfois tendue sur ces îles ravagées le 14 décembre par le cyclone le plus violent depuis 90 ans, Emmanuel Macron avait pu constater l'étendue des dégâts et l'ampleur de la détresse, faisant face pendant de longues heures à l'impatience et la colère de Mahorais qui ont parfois tout perdu.

"Si c'était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde !", a rétorqué jeudi le président au milieu de la foule en colère.

Face aux polémiques suscitées par ces propos à Paris, le chef de l'Etat a affirmé avoir répondu à des "gens" du Rassemblement national qui "insultaient la France (...) en disant +on ne fait rien+".

publié le 20 décembre à 19h36, AFP

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