Environnement

A Los Angeles, les incendies les "plus dévastateurs" de Californie toujours indomptés

  • Un blessé évacué lors d'un incendie à Pasadena, en Californie, le 8 janvier 2025
    ©JOSH EDELSON, AFP - Un blessé évacué lors d'un incendie à Pasadena, en Californie, le 8 janvier 2025
  • Un blessé évacué lors d'un incendie à Pasadena, en Californie, le 8 janvier 2025
    ©JOSH EDELSON, AFP - Une bouche incendie, au milieu des flammes à Altadena, en Californie, le 8 janvier 2025
  • Un blessé évacué lors d'un incendie à Pasadena, en Californie, le 8 janvier 2025
    ©JOSH EDELSON, AFP - Des pompiers combattent le feu à Los Angeles, le 8 janvier 2024
  • Un blessé évacué lors d'un incendie à Pasadena, en Californie, le 8 janvier 2025
    ©Olivia BUGAULT, Valentina BRESCHI, Jean-Michel CORNU, AFP - Carte satellitaire 3D de Los Angeles, en Californie (Etats-Unis), montrant les périmètres des incendies au 9 janvier

Le feu continue de ravager Los Angeles, enveloppé dans une épaisse fumée âcre : les deux principaux incendies qui font rage dans la mégapole californienne restent hors de contrôle jeudi, dans des conditions météorologiques "critiques".

"Les flammes ont consumé tous nos rêves. Nous avons pratiquement tout perdu", souffle à l'AFP William Gonzales derrière un masque noir, devant sa maison réduite en cendres dans la ville d'Altadena, au nord de Los Angeles.

A l'ouest de la deuxième plus grande ville des Etats-Unis, le foyer qui dévore le quartier huppé de Pacific Palisades, aux villas de multimillionnaires et de célébrités, situé entre Malibu et Santa Monica, n'était toujours pas circonscrit dans l'après-midi. Et ce, malgré le renfort d'hélicoptères larguant de l'eau grâce à une accalmie temporaire des vents violents qui attisent les flammes.

Pas plus que celui qui a embrasé Altadena, où au moins cinq personnes ont trouvé la mort, même si sa propagation a été "considérablement stoppée" dans la nuit précédente, ont précisé les pompiers.

"Il s'agit des incendies les plus étendus, dévastateurs de l'histoire de la Californie", a déclaré le président américain Joe Biden, qui vit ses derniers jours au pouvoir, au cours d'une réunion organisée jeudi après-midi à la Maison Blanche avec des responsables intervenant dans la gestion de ces violents feux.

- "Mort et destruction" -

"C'est une vision de mort et de destruction", décrit à l'AFP Kalen Astoor, assistante juridique de 36 ans, entourée de vestiges noircis et calcinés dans ce qui était encore il y a quelques jours des rues résidentielles. Par miracle, la maison de sa mère est restée debout. De nombreuses habitations voisines, elles, ont été réduites en cendres.

"Je ne sais pas si quelqu'un pourra revenir avant un moment. Même si votre maison est encore debout, elle est endommagée par la fumée", soupire-t-elle.

"Altadena est dévastée", a constaté la parlementaire californienne Judy Chu sur une chaîne locale, lors d'une visite d'un centre où un millier d'habitants évacués a trouvé refuge. "Ils sont désemparés."

Quelque 180.000 personnes à travers la ville californienne sont encore concernées par un ordre d'évacuation et les conditions météorologiques, ultra sèches et venteuses, restent "critiques", bien que moins sévères, insistent prévisionnistes et autorités locales.

"Les vents conservent leur caractère historique. C'est absolument sans précédent", alerte la maire de Los Angeles Karen Bass.

Tout au long de la journée de jeudi et jusqu'à vendredi, un "développement significatif de feux reste probable", qu'il s'agisse d'incendies déjà en cours ou de nouveaux foyers, avertissent les services météo.

Hollywood, antre de l'industrie du cinéma, menacée un temps par les flammes, peut, elle, respirer : l'incendie dans ses collines a été maîtrisé par les pompiers, selon les autorités locales, et l'ordre d'évacuation levé jeudi matin.

- Pillages "inacceptables" -

Au milieu du chaos dans la ville en partie désertée, des pillages ont conduit à l'arrestation de vingt personnes, selon la police, qui les a qualifiés de "totalement inacceptables".

A Altadena, ville sinistrée, des habitants ont décidé de mettre en place des patrouilles pour protéger ce qu'il reste de leurs quartiers. Un couvre-feu a été déclaré dans les zones évacuées de la ville côtière de Santa Monica.

Les flammes furieuses, qui ont progressé à la vitesse de l'éclair depuis mardi, attisées dans des conditions de sécheresse extrême par des rafales qui ont soufflé jusqu'à 160 km/h, ont détruit plus de 2.000 bâtiments - maisons, commerces, écoles, etc. - et font redouter d'autres morts.

L'une des cinq victimes est un habitant d'Altadena, Victor Shaw, qui a défendu jusqu'au bout son domicile.

"Il semble qu'il ait essayé de sauver la maison que ses parents avaient depuis près de 55 ans", a confié à la chaîne KTLA son ami Al Tanner, qui l'a retrouvé sans vie, tuyau d'arrosage à la main.

Les Californiens ont été invités par les autorités à économiser l'eau, car trois réservoirs alimentant des bouches d'incendie ont été vidés par le combat contre les flammes rien qu'à Pacific Palisades.

- Hollywood perturbé -

"Plus de 7.500" soldats du feu, certains venus d'autres Etats américains, mènent le combat contre ces incendies.

Le président élu Donald Trump a répandu de fausses informations sur son réseau Truth Social, en affirmant que la Californie manquait d'eau à cause des politiques environnementales démocrates qui détourneraient l'eau de pluie pour protéger un "poisson inutile".

En réalité, la plupart de l'eau utilisée par Los Angeles provient du fleuve Colorado, et est utilisée en priorité par l'industrie agricole.

Le "changement climatique est une réalité", a réaffirmé Joe Biden, qui cédera le pouvoir le 20 janvier à Donald Trump, climato-sceptique notoire.

Dans la ville du divertissement, les incendies perturbent l'industrie du cinéma: plusieurs tournages de films et séries ont été arrêtés, et le parc d'attractions Universal Studios Hollywood a été fermé. Les nominations aux Oscars ont été repoussées de deux jours, au 19 janvier.

Les vents de Santa Ana qui soufflent actuellement sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais ils ont atteint cette fois une intensité jamais vue depuis 2011, selon les météorologistes.

Un cauchemar pour les pompiers : la Californie sort de deux années très pluvieuses qui ont fait naître une végétation luxuriante, désormais asséchée par un hiver anormalement sec.

Les scientifiques rappellent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes.

publié le 10 janvier à 00h12, AFP

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