Environnement

L'Asie commémore le tsunami de 2004, le plus meurtrier de l'histoire

  • Face à un tsunami : une course contre la montre
    ©Nicholas SHEARMAN, AFP - Le 26 décembre 2004 à 7h59 heure locale, un violent séisme sous-marin secoue l'océan Indien. Vingt minutes plus tard, des vagues de plus de 30 mètres de haut s'abattent sur les côtes de l'Indonésie, du Sri Lanka, de l'Inde, de la Thaïlande et de neuf autres pays de l'océan Indien
  • Face à un tsunami : une course contre la montre
    ©Lillian SUWANRUMPHA, AFP - Un homme se recueille devant le Mur-mémorial du tsunami à Ban Nam Khem, en Thaïlande, le 26 décembre 2024
  • Face à un tsunami : une course contre la montre
    ©Lillian SUWANRUMPHA, AFP - Vue aérienne de brise-lames en bois devant l'hôtel Pullman Khao Lak dans la province de Phang Nga, dans le sud de la Thaïlande, le 25 décembre 2024, à la veille du 20e anniversaire du tsunami de 2004
  • Face à un tsunami : une course contre la montre
    ©CHAIDEER MAHYUDDIN, AFP - Des villageois commémorent ceux qui ont péri dans le tsunami de 2004 à Peukan Bada, Aceh, Indonésie, le 26 décembre 2024

Des personnes endeuillées et en larmes ont prié jeudi lors de cérémonies organisées dans plusieurs pays d'Asie pour marquer le 20ème anniversaire du tsunami le plus meurtrier de l'histoire, qui avait tué plus de 220.000 personnes le lendemain de Noël.

Le 26 décembre 2004, un séisme de magnitude 9,1 au large de la côte ouest de l'île indonésienne de Sumatra engendrait d'énormes vagues qui avaient déferlé sur l'Indonésie, le Sri Lanka, l'Inde, la Thaïlande et neuf autres pays de l'océan Indien, avec des victimes jusqu'en Somalie.

A leur vitesse maximale, les déferlantes s'étaient déplacées à près de 800 km/h et avaient atteint jusqu'à 30 mètres de haut.

Dans la province indonésienne d'Aceh, où plus de 100.000 personnes avaient été tuées, la grande mosquée Baiturrahman a donné le coup d'envoi d'une série de commémorations dans toute l'Asie, en faisant retentir avec une sirène à l'heure exacte de la catastrophe, suivie de prières.

Des personnes se sont assises et ont pleuré devant la fosse commune d'Ulee Lheue, où environ 14.000 victimes du tsunami sont enterrées, tandis que certains villages ont organisé leurs propres prières dans la province en souvenir de la tragédie qui a dévasté des communautés entières.

"J'ai cru que c'était la fin du monde", raconte Hasnawati, un professeur de 54 ans à la mosquée qui avait été également endommagée par le tsunami.

"Un dimanche matin, alors que notre famille riait ensemble, un désastre s'est abattu et tout a disparu. Je n'ai pas les mots".

Devant la fosse commune de Siron à Aceh, où où sont inhumées quelque 46.000 personnes, des proches ont récité des prières.

Khyanisa, femme au foyer de 59 ans, avait cherché en vain sa mère et sa fille, disparues dans la catastrophe.

"Il y a eu un moment où j'ai réalisé qu'elles étaient parties. J'avais mal dans la poitrine. J'ai crié", se souvient-elle.

En Thaïlande, où la moitié des plus de 5.000 morts étaient des touristes étrangers, les commémorations ont commencé tôt à Ban Nam Khem, le village le plus touché du pays.

Des proches des victimes ont déposé des fleurs et des couronnes mortuaires devant un mur incurvé en forme de vague de tsunami, sur lequel sont apposées des plaques portant les noms des victimes. Après le coucher du soleil, des centaines de personnes ont porté des bougies devant le mur commémoratif.

Napaporn Pakawan, 55 ans, a perdu sa sœur aînée et une nièce dans la tragédie. "Je suis abattue. Je viens ici chaque année", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Le temps passe vite, mais il passe lentement dans notre esprit."

"Je suis heureux de voir encore des gens assister" aux veillées, "cela signifie qu'ils se souviennent encore", a déclaré Supap Boonlert, 53 ans, un habitant qui a perdu cinq membres de sa famille et qui vient tous les ans.

Une veillée aux chandelles sur la plage de Khao Lak, organisée par l'ambassade de Suède en Thaïlande, a attiré une centaine de personnes, majoritairement des Suédois. La Suède a été l'un des pays les plus durement touchés en proportion de sa population.

"En Suède, tout le monde connaît quelqu'un qui a été touché ou qui a perdu quelqu'un... ", a témoigné Anna Elf, 50 ans, venue avec ses enfants parce qu'il était "important pour eux de savoir ce qui s'est passé" ce jour-là.

- 23.000 fois la puissance d'Hiroshima -

Au total, le tsunami avait fait 226.408 morts selon EM-DAT, une base de données mondiale reconnue concernant les catastrophes.

La zone la plus touchée avait été le nord de l'île de Sumatra, où plus de 120.000 personnes avaient péri sur un total de 165.708 morts en Indonésie.

"J'espère que nous ne vivrons jamais plus une chose pareille", témoigne Nilawati, une Indonésienne de 60 ans ayant perdu son fils et sa mère dans le tsunami.

Selon les experts, l'absence d'un système d'alerte correctement coordonné en 2004 a aggravé les conséquences du désastre.

Depuis, quelque 1.400 stations dans le monde permettent de réduire à quelques minutes les délais d'alerte après la formation d'un tsunami.

Le tremblement de terre avait libéré une énergie équivalente à 23.000 fois la puissance de la bombe atomique d'Hiroshima.

En Thaïlande, plus de 5.000 personnes étaient mortes, dont la moitié étaient des touristes étrangers, et 3.000 autres avaient été portées disparues.

Dans un hôtel de la province de Phang Nga, une exposition sur le tsunami a été montée et un documentaire doit être diffusé, tandis que des responsables gouvernementaux et de l'ONU doivent s'exprimer sur la préparation aux catastrophes.

Au Sri Lanka, où plus de 35.000 personnes ont perdu la vie, des proches de victimes et des rescapés sont montés à bord du train Ocean Queen Express en direction de Peraliya (90 km au sud de Colombo), où des wagons avaient été emportés, faisant environ 1.000 morts.

Des cérémonies religieuses, bouddhistes, hindoues, chrétiennes et musulmanes, ont été organisées à travers l'île.

Les vagues avaient aussi atteint l'Afrique, tuant 300 personnes en Somalie, mais aussi plus d'une centaine aux Maldives.

"Je ne pouvais m'empêcher de pleurer", se rappelle Marziani, une enseignante indonésienne, qui porte un seul nom et a perdu un enfant lors du tsunami.

"Je me sentais coupable de n'avoir pu protéger mon enfant. Ce sentiment de culpabilité m'a poursuivi pendant des mois".

publié le 26 décembre à 16h46, AFP

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