Environnement

A Mayotte, dévasté par un cyclone, un couvre-feu imposé à compter de mardi soir

  • Cette image satellite montre une vue du port de Dzaoudzi, sur l'archipel français de Mayotte dans l'océan Indien, le 16 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido
    ©Handout, AFP - Cette image satellite montre une vue du port de Dzaoudzi, sur l'archipel français de Mayotte dans l'océan Indien, le 16 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido
  • Cette image satellite montre une vue du port de Dzaoudzi, sur l'archipel français de Mayotte dans l'océan Indien, le 16 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido
    ©Handout, AFP - Cette photo prise par la Sécurité civile française le 16 décembre 2024 montre des dommages sur l'archipel français de Mayotte dans l'océan Indien, après le passage du cyclone Chido
  • Cette image satellite montre une vue du port de Dzaoudzi, sur l'archipel français de Mayotte dans l'océan Indien, le 16 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido
    ©Sylvie HUSSON, Valentina BRESCHI, AFP - Les ravages du cyclone Chido à Mayotte
  • Cette image satellite montre une vue du port de Dzaoudzi, sur l'archipel français de Mayotte dans l'océan Indien, le 16 décembre 2024, après le passage du cyclone Chido
    ©Handout, AFP - Le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau (C) serre la main de fonctionnaires à son arrivée sur l'archipel français de Mayotte dans l'océan Indien, le 16 décembre 2024, à la suite du passage du cyclone Chido

A Mayotte, un couvre-feu sera instauré dès mardi soir de 22H00 à 04H00 du matin, après le passage dévastateur et meurtrier du cyclone Chido, une "tragédie" pour Emmanuel Macron qui a annoncé qu'il se rendrait dans l'archipel "dans les prochains jours".

Ce couvre-feu est mis en place pour des raisons de sécurité, afin d'éviter les pillages, trois jours après le passage de ce cyclone, dans l'archipel meurtri qui est en manque de tout et où les habitants doivent faire face à une situation sanitaire qui se dégrade.

Les autorités observent un afflux des personnes vers les stations-services, dont les deux tiers sont réquisitionnées pour les véhicules de secours. Selon elles, des "tensions commencent à apparaître" et un escadron de gendarmerie a été déployé pour "renforcer la sécurisation".

Mardi midi, le réseau de téléphonie mobile demeurait toujours indisponible à 80%, selon les autorités.

Très entravés par des chutes d'arbres et des débris divers, les opérations de déblaiement se poursuivent: entre 70 et 75% du réseau départemental et national était dégagé mardi.

"Face à cette tragédie", le président Emmanuel Macron a annoncé lundi soir sur X qu'il prévoyait de "décréter un deuil national" après une réunion gouvernementale de crise et a annoncé qu'il se rendrait "dans les prochains jours" sur place "en soutien" à la population et à toutes les personnes mobilisées.

Pour l'heure, le bilan officiel provisoire s'élève à 21 morts à l'hôpital et le préfet local a mis sur pied une "mission de recherche des morts". Mais les autorités redoutent "plusieurs centaines" de morts, peut-être même "quelques milliers" dans ce territoire et département le plus pauvre de France. "Le bilan sera lourd, trop lourd", a prédit lundi le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau.

Le décompte est d'autant plus compliqué que Mayotte est une terre de forte tradition musulmane et que, selon les rites de l'islam, de nombreux défunts ont vraisemblablement été enterrés dans les 24 heures.

"70% des habitants ont été gravement touchés", a expliqué M. Retailleau, annonçant l'arrivée "dans les prochains jours" de 400 gendarmes supplémentaires pour prêter main forte aux 1.600 gendarmes et policiers présents sur l'archipel.

Le cyclone, le plus intense qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a ravagé samedi le territoire de l'océan Indien, où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit.

Il a également tué au Mozambique au moins 34 personnes, fait plus de 300 blessés et détruit plus de 20.000 maisons, a annoncé mardi l'Institut national de gestion des risques et désastres.

Chido a probablement été favorisé par des eaux de surface proches de 30°C, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique déjà observé ailleurs cet automne.

- "Besoins vitaux" -

Trois jours après la catastrophe, la priorité est d'assurer les "besoins vitaux" des habitants en eau et en nourriture, a insisté lundi Bruno Retailleau.

"On commence à manquer d'eau. Il nous reste quelques bouteilles mais il n'y a quasiment plus de stocks dans les magasins", s'inquiète auprès de l'AFP Antoy Abdallah, 34 ans, habitant de Tsoundzou.

Sur l'archipel, premier désert médical de France, l'unique hôpital, très endommagé, "reprend progressivement son activité" et sera soutenu par un hôpital de campagne dès jeudi, a indiqué M. Retailleau.

Lundi, 25 premiers patients "en situation urgente" ont été évacués vers La Réunion.

Côté militaire, un avion de transport A400M fait la navette Réunion-Mayotte pour d'éventuelles évacuations de personnes fragiles et un second A400M assure une liaison directe métropole-Mayotte, a-t-on appris auprès de l'état-major des armées.

Le bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer (BSAOM) Champlain, qui a appareillé de La Réunion, doit arriver jeudi matin à Mayotte avec 180 tonnes de fret à bord, selon la même source.

Autre priorité des autorités, l'envoi de tentes et de bâches pour rétablir des habitats, totalement détruits ou dont la toiture a été arrachée par des rafales de vent qui ont atteint plus de 220 km/h.

- Solidarité nationale -

Face à l'urgence, le nouveau Premier ministre François Bayrou a appelé à la "solidarité nationale" lundi soir, depuis son conseil municipal à Pau. Un déplacement au détriment de la réunion à Paris de la cellule de crise qui a suscité de vives critiques.

La solidarité s'organise déjà sur le terrain malgré des conditions dégradées, alors qu'une grande partie de l'archipel est toujours privée d'électricité, de réseau mobile et d'internet.

Les secours cherchent toujours des sinistrés et s'attendent à trouver de nombreuses victimes dans les décombres des bidonvilles, très peuplés, notamment dans les hauteurs de Mamoudzou, la capitale ayant appelé lundi ses habitants majeurs et en "bonne condition physique" à "renforcer les équipes sur le terrain".

Selon Florent Vallée, de la Croix-Rouge française, "des familles entières" et "beaucoup d'enfants mineurs seuls" et "délaissés" vivent dans les bangas, ces petites maisons traditionnelles désormais détruites.

publié le 17 décembre à 13h15, AFP

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