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Deuil national au Monténégro, après une fusillade qui a fait 12 morts

  • Des policiers montent la garde à un poste de contrôle à la périphérie de Cetinje, le 1er janvier 2025, après qu'un homme armé a tué plusieurs personnes dans le village voisin de Bajice.
    ©SAVO PRELEVIC, AFP - Des policiers montent la garde à un poste de contrôle à la périphérie de Cetinje, le 1er janvier 2025, après qu'un homme armé a tué plusieurs personnes dans le village voisin de Bajice.
  • Des policiers montent la garde à un poste de contrôle à la périphérie de Cetinje, le 1er janvier 2025, après qu'un homme armé a tué plusieurs personnes dans le village voisin de Bajice.
    ©SAVO PRELEVIC, AFP - Deuil national à Cetinje, et dans tout le Monténégro, le 2 janvier 2024
  • Des policiers montent la garde à un poste de contrôle à la périphérie de Cetinje, le 1er janvier 2025, après qu'un homme armé a tué plusieurs personnes dans le village voisin de Bajice.
    ©SAVO PRELEVIC, AFP - Des habitants rendent hommage à Podgorica, le 2 janvier 2025, aux victimes du drame qui a fait douze morts à Cetinje, lors des trois jours de deuil national décrétés dans le Monténégro

Le Monténégro a entamé jeudi trois jours de deuil national et le gouvernement a annoncé des opérations "urgentes" de saisie d'armes illégales, après la fusillade déclenchée la veille dans un restaurant à Cetinje (sud) par un homme ivre, qui a fait douze morts, dont deux enfants.

Le meurtrier, un garagiste de 45 ans, a entamé sa marche mortelle mercredi en fin de journée, en tirant sur plusieurs personnes dans un restaurant, a raconté jeudi le chef de la police nationale, Lazar Scepanovic.

Après une altercation avec un client attablé avec lui, l'assaillant est sorti du restaurant, "probablement pour chercher l'arme", et en revenant il a tué, avec un pistolet de 9mm, quatre personnes et blessé trois autres, a raconté M. Scepanovic en conférence de presse.

"Toutes ces personnes ont passé la journée ensemble dans le restaurant" et "ont consommé de l'alcool", selon le patron de la police.

Les autres victimes ont été tuées à quatre endroits différents de cette localité de 13.000 habitants, située à 36 km à l'ouest de la capitale, Podgorica.

Il s'agit de deux enfants, les frères "nés en 2011 et 2016", de trois femmes et de sept hommes, a précisé M. Scepanovic. Ils ont été tués en l'espace d'une "trentaine de minutes".

Le meurtrier a tué notamment le propriétaire du restaurant, deux enfants de ce dernier, son frère, ainsi que sa propre sœur, selon la même source.

Il s'est tiré une balle dans la tête, six heures plus tard, alors qu'il était cerné par la police de ce pays des Balkans de près de 630.000 habitants, et il est mort lors du transport vers un hôpital.

Ce drame s'est produit moins de trois ans après une fusillade dans cette même petite ville paisible lors de laquelle un homme de 34 ans avait tué dix personnes, dont deux enfants, en août 2022.

- "Tristesse, silence" -

"Tuer des enfants (...) est complètement insensé. Ce n'est pas un crime, c'est pire que ça", a déclaré à l'AFP Danilo Zecevic, un retraité, l'un des rares habitants de Cetinje qui a accepté de parler à la presse.

Quatre personnes au total ont été blessées. Trois étaient toujours dans un état grave jeudi matin, tandis que la quatrième, blessée à la tête, était dans un état très critique, a dit à la presse le directeur d'un hôpital de Podgorica, Aleksandar Radovic.

Des Monténégrins se sont rassemblés jeudi soir dans plusieurs villes du pays, notamment à Cetinje et à Podgorica, pour allumer des bougies en hommage aux victimes.

"Tristesse, silence. Ce n'est pas la première fois. C'est le résultat de ports d'armes incontrôlés. Nous avons de bonnes lois, mais il est évident qu'elles ne sont pas respectées", a déclaré à l'AFP à Podgorica, Boro Bozovic, un retraité de 76 ans.

"Deux enfants tués. C'est une grande tristesse pour tout le Monténégro. Ça doit s'arrêter, on doit bannir les armes", a renchéri Vuk Markovic, un chef cuisinier de 34 ans.

Le président du pays Jakov Milatovic et le Premier ministre Milojko Spajic ont rejoint les résidents de Podgorica sur la place centrale de la ville.

- Armes -

M. Spajic a annoncé mercredi soir de nouvelles restrictions concernant la possession d'armes à feu.

"Cette tragédie nous interroge sur qui sont ceux qui peuvent avoir des armes au Monténégro", a-t-il déclaré.

Le Conseil de sécurité nationale doit se réunir vendredi pour discuter des "actions urgentes" et des "défis dans la détection et la saisie d'armes illégales", ainsi que du recrutement de fonctionnaires de police, a indiqué le gouvernement dans un communiqué.

Selon le chef de la police nationale, les forces de l'ordre ont besoin d'environ deux mille policiers supplémentaires.

Selon le Small Arms Survey (SAS), un programme de recherche suisse, environ 245.000 armes à feu sont en circulation au Monténégro.

La police a tenu depuis le début à assurer que cette fusillade n'était "pas le résultat d'une confrontation entre des groupes appartenant au crime organisé".

La corruption et le crime organisé affectent depuis longtemps le Monténégro, qui négocie son adhésion à l'Union européenne, et la ville de Cetinje a été particulièrement touchée ces derniers mois.

En juin, deux personnes sont mortes et trois y ont été blessées dans une explosion - des membres d'un groupe criminel, selon la police.

Après cette explosion, le gouvernement avait promis de s'attaquer au crime organisé. Mais fin septembre, un autre membre d'un clan mafieux a été tué, encore à Cetinje, abattu dans son jardin par un tireur embusqué.

publié le 3 janvier à 12h58, AFP

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