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L'horreur de la prison de Saydnaya, symbole des pires exactions du clan Assad

  • Une presse mécanique à la tristement célèbre prison de Saydnaya, en Syrie, le 11 décembre 2024.
    ©Sameer Al-DOUMY, AFP - Une presse mécanique à la tristement célèbre prison de Saydnaya, en Syrie, le 11 décembre 2024.
  • Une presse mécanique à la tristement célèbre prison de Saydnaya, en Syrie, le 11 décembre 2024.
    ©Sameer Al-DOUMY, AFP - Un Syrien montre la photo d'un proche, emprisonné en 2013, qu'il recherche à l'extérieur de la prison de Saydnaya à Damas, le 11 décembre 2024.
  • Une presse mécanique à la tristement célèbre prison de Saydnaya, en Syrie, le 11 décembre 2024.
    ©Yasin AKGUL, AFP - Des photos de disparus accrochées sur un mur de la prison de Saydnaya à Damas, le 11 décembre 2024.
  • Une presse mécanique à la tristement célèbre prison de Saydnaya, en Syrie, le 11 décembre 2024.
    ©OMAR HAJ KADOUR, AFP - Vue aérienne de la foule rassemblée aux abords de la prison de Saydnaya à Damas, le 9 décembre 2024.
  • Une presse mécanique à la tristement célèbre prison de Saydnaya, en Syrie, le 11 décembre 2024.
    ©Sameer Al-DOUMY, AFP - Des gens fouillent dans des documents retrouvés à la prison de Sadnaya à Damas, le 11 décembre 2024.

La prison de Saydnaya, au nord de Damas, est tristement célèbre pour ses conditions inhumaines et son rôle central dans la répression violente exercée par le clan Assad, notamment depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011.

Ce sinistre complexe situé dans une vallée aride, théâtre de nombreuses exécutions extrajudiciaires, tortures et disparitions forcées, incarne les atrocités commises par le président renversé, Bachar al-Assad, contre ses opposants.

Dès leur entrée à Damas le 8 décembre, les rebelles syriens ont annoncé avoir pris le contrôle de la prison et libéré des détenus, certains entassés depuis les années 1980.

Selon l'Association des détenus et des disparus de la prison de Saydnaya (ADMSP), plus de 4.000 détenus y ont alors été libérés.

Les images de prisonniers hagards et décharnés, certains portés par des camarades car trop faibles pour s'extraire de leurs cellules, ont fait le tour du monde, révélant au grand jour les coulisses de cet établissement pénitentiaire qualifié d'"abattoir humain" par Amnesty International.

Voilà ce qu'il faut savoir sur cette prison où se sont rendus vendredi les ministres français et allemand des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot et Annalena Baerbock, en visite en Syrie:

- Torture et "crématorium" -

Saydnaya a été construite dans les années 1980 durant le règne de Hafez al-Assad, le père de Bachar. C'était à l'origine une prison destinée à accueillir des détenus politiques, principalement des opposants au gouvernement, dont les membres de groupes islamistes et les militants kurdes.

Au fil des années, elle est devenue un symbole du contrôle impitoyable de l'Etat syrien sur ses citoyens.

En 2016, des enquêteurs de l'ONU affirment que "le gouvernement est responsable d'actes qui relèvent de l'extermination et sont assimilables à un crime contre l'humanité", notamment à Saydnaya.

En 2017, Amnesty International y recense des milliers d'exécutions, décrivant une "politique d'extermination".

Peu de temps après, les Etats-Unis y signalent la présence d'un "crématorium" servant à détruire les restes de milliers de prisonniers tués.

En 2022, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) rapporte qu'environ 30.000 personnes avaient été détenues à Saydnaya, certaines soumises aux pires tortures, dont seulement 6.000 avaient été relâchées.

- Exécutions et "saloirs" -

L'Association des détenus et des disparus de la prison de Saydnaya estime que plus de 30.000 détenus ont été exécutés au sein de la prison ou y sont morts sous la torture, par manque de soins ou de nourriture, de 2011 à 2018.

Elle accuse les autorités d'y avoir créé des "saloirs", des morgues de fortune servant à conserver les cadavres en l'absence de chambres froides.

La plupart des autres détenus sont officiellement considérés comme disparus, leurs certificats de décès parvenant rarement à leurs familles, à moins que leurs proches ne versent des pots-de-vin exorbitants, dans le cadre d'un racket généralisé.

En 2022, l'ADMSP publie un rapport décrivant pour la première fois les "chambres de sel" créées à Saydnaya.

D'après l'association, la première chambre de sel à Saydnaya remonte à 2013, une des années les plus sanglantes du conflit syrien.

- Etrangers détenus -

Dès le 8 décembre, des milliers de proches de disparus ont accouru à Saydnaya, pensant, en vain, y retrouver les leurs dans des cachots souterrains. Les secouristes syriens des Casques blancs ont annoncé deux jours plus tard la fin des recherches sans avoir trouvé de détenus.

De nombreux étrangers étaient détenus dans les prisons syriennes, à l'instar du Jordanien Oussama Béchir Hassan al-Bataynah, rapatrié deux jours après la chute de Damas après 38 ans derrière les barreaux. Il a été trouvé en Syrie "inconscient et amnésique", selon Amman.

Selon l'Organisation arabe des droits de l'homme en Jordanie (OADHJ), le nombre de Jordaniens détenus dans les prisons syriennes atteignait les 236, "la plupart dans celle de Saydnaya".

Un Libanais, Souheil Hamawi, 61 ans, qui a regagné son pays le 9 décembre, avait croupi pendant 33 ans dans ces geôles, notamment à Saydnaya.

Le 26 décembre, les forces de sécurité des nouvelles autorités syriennes ont arrêté le général Mohammed Kanjo Hassan, chef de la justice militaire sous Bachar al-Assad et "responsable de nombreuses condamnations à mort" à Saydnaya, selon l'OSDH.

publié le 3 janvier à 11h58, AFP

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