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"Ellian et le Sortilège", un conte sur les tabous familiaux par la réalisatrice de "Shrek"

  • Nicole Kidman, Rachel Zegler et Javier Bardem, lors de la première du film d'animation
    ©Arturo Holmes, AFP - Nicole Kidman, Rachel Zegler et Javier Bardem, lors de la première du film d'animation "Ellian et le Sortilège" à New York, le 11 novembre 2024
  • Nicole Kidman, Rachel Zegler et Javier Bardem, lors de la première du film d'animation
    ©Yuki IWAMURA, AFP - La réalisatrice Vicky Jenson, lors de la première du film d'animation "Ellian et le Sortilège" à New York, le 11 novembre 2024
  • Nicole Kidman, Rachel Zegler et Javier Bardem, lors de la première du film d'animation
    ©Yuki IWAMURA, AFP - Javier Bardem et Rachel Zegler, lors de la première du film d'animation "Ellian et le Sortilège" à New York, le 11 novembre 2024
  • Nicole Kidman, Rachel Zegler et Javier Bardem, lors de la première du film d'animation
    ©Arturo Holmes, AFP - Nicole Kidman, lors de la première du film d'animation "Ellian et le Sortilège" à New York, le 11 novembre 2024

En matière de films d'animation, le divorce et la séparation des parents ont rarement constitué des thèmes porteurs.

Si certains films pour enfants comme "Madame Doubtfire" et "A nous quatre" ont utilisé le sujet comme un tremplin pour des aventures humoristiques, les dessins animés s'en sont largement tenus à l'écart.

"On peut tuer un parent dans un film comme +Le Roi Lion+ ou +Bambi+", remarque Vicky Jenson, cinéaste américaine qui a coréalisé "Shrek".

"Les mères de Disney sont souvent décédées - le seul moment où quelqu'un se remarie, c'est parce que l'autre conjoint est mort", ajoute-t-elle. Mais "le sujet de la séparation, de l'impossibilité pour les parents de vivre ensemble, (...) c'est tabou."

Avec son nouveau film "Ellian et le Sortilège", la réalisatrice met en scène une princesse dont les parents ont été transformés en monstres par un mauvais sort. Une allégorie qui pousse l'adolescente à tenter de "réparer" son père et sa mère, et leur famille brisée.

"Nous avons rencontré une certaine résistance lorsque nous cherchions (...) un partenaire pour le distribuer", avoue à l'AFP Mme Jenson.

De nombreux studios lui ont dit "Quel beau film, quel beau message", raconte-t-elle, sans jamais la rappeler.

"Je crois qu'ils ne savaient pas comment le commercialiser", s'amuse-t-elle.

Après avoir été un temps sous la coupe de Paramount et d'Apple TV+, son film a finalement atterri chez Netflix, dont elle salue le "courage". Il est disponible à partir de vendredi.

Dans un Hollywood qui s'accroche aux super-héros comme des "valeurs sûres" pour remplir les salles de cinéma, "les histoires qui repoussent les limites sont plus accessibles grâce au streaming", salue-t-elle.

- "Monstres" -

Au début du film, la princesse Ellian (doublée par Rachel Zegler en anglais), cherche désespérément un remède au mystérieux sort qui a transformé ses parents, la reine Ellsmere (Nicole Kidman) et le roi Solon (Javier Bardem).

Cette adolescente tenace tente également de cacher l'affaire aux citoyens du royaume de Lumbria, pour éviter une panique.

Mais lorsque le secret est éventé, elle se retrouve catapultée dans une dangereuse quête pour briser la malédiction.

Des aventures au cours desquelles elle comprend que même en cas de succès, sa famille ne redeviendra peut-être jamais exactement comme avant.

L'équipe du film a fait appel à un psychologue, spécialisé dans les divorces, pour rendre crédible le comportement d'Ellian face à ses montres de parents.

"Les enfants ont l'impression que c'est à eux d'arranger les choses", explique Mme Jenson. "Ils ne comprennent pas que quelque chose est arrivé à leurs parents - qu'ils agissent comme des monstres."

La réalisatrice, les acteurs et l'équipe de tournage se sont également inspirés de leurs propres expériences.

"Nous savons tous que nos parents sont des monstres à un moment donné. Et en tant que parents, nous sommes tous des monstres à un moment donné", plaisante-t-elle.

- Parabole -

Le résultat final est une parabole contemporaine, située dans un univers de conte de fées. De quoi faire écho à "Shrek", premier succès de Mme Jenson.

Mais là où l'ogre vert pétomane détraquait la mécanique bien huilée des contes pour enfants à grands renforts de second degré, "Ellian et le Sortilège" choisit d'appliquer ce procédé narratif aux difficultés familiales de la vie réelle.

"Shrek était la version moderne des contes de fées", résume Mme Jenson. "Ici, il s'agit d'un conte de fées sur une histoire moderne."

Pour la réalisatrice et son équipe - dont le compositeur Alan Menken, qui a travaillé sur "La Petite Sirène" et "La Belle et la Bête" -, il était important de porter cette "vérité sur la vie de famille" à l'écran.

"Désormais, un nouveau conte de fées existe pour cette expérience que tant d'enfants, tant de parents, tant de familles doivent affronter", conclut-elle.

publié le 22 novembre à 08h59, AFP

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