Appels dans l'affaire Mazan: le viol est "le crime qu'on n'avoue jamais", regrette Aurore Bergé
© Anna KURTH, AFP - La ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, le 24 décembre 2024, à Paris
Après le procès des viols de Mazan et l'appel de 17 des 51 hommes condamnés, la ministre de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, a déploré vendredi que le viol restait "le crime qu'on n'avoue jamais", même "confronté aux preuves".
Un second procès aura lieu dans l'affaire des viols de Mazan, même si Dominique Pelicot, condamné à 20 ans de réclusion pour avoir drogué sa femme Gisèle afin de la violer et la livrer à des dizaines d'inconnus, a accepté sa sanction. Mais 17 de ses coaccusés, eux aussi condamnés, ont fait appel.
"Cela en dit long", a réagi Mme Bergé sur France Inter. "C'est évidemment totalement leur droit de faire appel. (...) Mais ça veut dire que même confrontés à des images, à des preuves, il y a encore ce déni".
"Même confronté au fait que le premier des accusés (Dominique Pelicot) a expliqué lui-même la démarche qu'il avait entreprise, ça ne suffit pas. On ne reconnaît toujours pas le crime qu'on a commis", a-t-elle insisté.
"Le viol, c’est le crime qu’on n’avoue jamais. On reconnaît avoir cambriolé, on reconnaît avoir frappé. On ne reconnaît jamais avoir violé. Parce qu'on considère qu'on n'a pas violé. Qu'elle était forcément consentante. Que le corps des femmes nous appartient, appartient aux hommes", a dit la ministre.
Mme Bergé a redit souhaiter l'inscription de la notion de consentement dans le code pénal, accompagnée de sa définition précise qui sera déterminée par le débat parlementaire.
Par ailleurs, concernant les violences conjugales, elle a rappelé qu'une proposition de loi, qu'elle a elle-même déposée à l'Assemblée nationale quand elle était députée, serait examinée en janvier, pour notamment inscrire dans le code pénal un délit de "contrôle coercitif", c'est-à-dire les manoeuvres visant à déstabiliser psychologiquement une victime, dans le but de l'empêcher d'agir contre son agresseur.
"Les violences à l'encontre des femmes, ce n'est pas d'abord des coups. (...) Il y a tout le contrôle qu'on met en place. On va contrôler vos comptes, vos sorties, votre téléphone (...) vos fréquentations, on va vous isoler. Et cet isolement fait que vous vous retrouvez dans un huis clos" qui permet aux violences physiques et sexuelles de s'installer, a-t-elle dit.
"Mieux caractériser les choses, en faire un délit (…) je crois que ça pourrait changer la donne", a-t-elle conclu.
publié le 3 janvier à 10h57, AFP