Sans budget de la Sécu, les retraites seront revalorisées sur l'inflation, admet le gouvernement
© Bertrand GUAY, AFP - La ministre du travail Astrid Panosyan-Bouvet à l'Assemblée nationale le 6 novembre 2024.
En cas de censure du gouvernement mercredi, la sous-indexation des retraites prévue dans le budget de la Sécu ne s'appliquera pas: les retraités verront leurs pensions revalorisées en étant indexées sur l'inflation, comme le prévoit la loi, a confirmé la ministre du Travail.
En vertu du Code de la Sécurité sociale, les retraites de base sont chaque année augmentées au 1er janvier, indexées sur la hausse des prix à la consommation (hors tabac) constatée par l'Insee pour l'année précédente.
Pour économiser 3 milliards d'euros, le gouvernement et la droite sénatoriale avaient décidé de modifier ces règles en 2025. Les pensions ne devaient être augmentées que de la moitié de l'inflation au 1er janvier, soit +0,8% selon l'exécutif, avec un complément au 1er juillet pour les retraites inférieures à 1.500 euros bruts pour arriver à +1,6%.
Sans ce texte, la loi prévaut. Interrogée sur Franceinfo mercredi, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet l'a confirmé: "les retraités seraient effectivement gagnants, si on peut dire qu'il y a des gagnants, parce qu'effectivement (...) ils verraient leurs pensions indexées sur l'inflation."
Mais "il y a une forme de frilosité et de myopie de la classe politique qui considère les retraités comme un bloc homogène. (..) Il y a 75% des retraités qui sont propriétaires" et certains "peuvent, je pense, participer à l'effort de redressement de nos comptes publics, au même titre que les actifs", a poursuivi la ministre, jugeant que le budget de la Sécu aurait "protégé" les retraités précaires.
Sans budget, la France se retrouvera dans "un océan de difficultés" et "17 millions de foyers" verront leurs impôts augmenter, a souligné Mme Panosyan-Bouvet.
Le projet gouvernemental de sous-indexation des retraites est l'un des facteurs invoqués pour justifier la chute du gouvernement: lundi, Marine Le Pen avait lancé un ultimatum à Matignon en lui demandant d'y renoncer, menaçant sinon de voter la censure.
"Je veux bien qu'on arrive avec une liste de courses, et qu'on les égrène" mais "ce n'est pas comme ça que ça doit se passer", a réagi mercredi la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, sur BFMTV. Elle a estimé que "nous ne pouvons pas continuer à aller dans le mur et vivre au dessus de nos moyens", des économies étant nécessaires.
L'exécutif souhaitait notamment transférer plusieurs centaines de millions d'euros de charges aux complémentaires santé, via une baisse de 5 points de la part remboursée par l'Assurance maladie sur les consultations médicales et les médicaments.
Mais Michel Barnier s'est déjà engagé auprès de Marine Le Pen à ne pas le faire sur les médicaments, ce qui représentait "350 millions d'euros" d'économies, a indiqué la ministre. Ces mesures sont toutefois d'ordre "réglementaire", et d'autres "équilibres" pourront être trouvés plus tard, a-t-elle jugé.
Par ailleurs, sans budget de la Sécu, il n'y aura pas cette année "9 milliards de plus pour l'Assurance maladie, dont 3 milliards pour les hôpitaux", a-t-elle regretté.
publié le 4 décembre à 12h03, AFP