Greve du 18 octobre. Les cheminots au cœur de la mobilisation pour la hausse des salaires

par humanite-fr

Mobilisation. Dans la foulée des grèves des raffineurs, des milliers de manifestants ont défilé à Paris, Strabourg, Lille pour exiger des hausses de salaires immédiates et dénoncer les atteintes au droit de grève. Cheminots, infirmières, fonctionnaires, étudiants... Tous témoignent des difficultés à joindre les deux bouts. Dans le cortège parisien, les cheminots sont venus en nombre. Dépeints en nantis par les éditorialistes des chaînes en continu, la droite et les macronistes. Mais la réalité des travailleurs venus dans le cortège parisien est pourtant toute autre. Chasuble orange de la SNCF sur les épaules, Frédéric ne touche que 2100 euros, « net et avec les primes » après 24 ans d’ancienneté. Alors pour boucler ses fins de mois, cet agent de 47 ans s’est trouvé une autre activité. « Je me lève aussi le week-end pour chiner et vendre sur internet ce que je trouve, glisse ce cheminot des ateliers de Vitry, je le fais avec ma fille de 18 ans, lycéenne et encore à ma charge. » Séparé de son ex-compagne, Frédéric n’a plus de crédit immobilier sur le dos. Pourtant, pour lui aussi l’inflation est du quotidien : « Avant j’essayais de mettre 50 à 100 euros de côté, maintenant… Je suis contraint de regarder mes dépenses au plus près, je ne vais plus au Carrefour ou au Monoprix, mais au Lidl. » Il ajoute : « La viande tous les jours c’est fini, la côte de bœuf je la vois de moins en moins. » Frédéric juge à 200 euros l’augmentation de salaires qu’il lui faudrait pour sortir la tête de l’eau.Une estimation que partage Pierre, son collègue venu de Versailles. « Même un plein c’est 100 euros, bien que je sois célibataire je n’arrive plus à économiser. Plus encore, je ne voyage plus », mesure cet agent de maintenance de 31 ans, qui ne touche que 1700 euros. Cet été justement, il était sur les rails pour permettre aux Français de partir en vacances. Et à la SNCF d’afficher un bénéfice record de 928 millions d’euros pour le premier semestre 2022. « Les primes d’investissement, ce sont les cadres qui les touchent, nous, nous n’avons que les miettes, poursuit son collègue de brigade Anthony. Le boulot de maintenance de nuit et les week-ends sur le terrain c’est nous qui le faisons. » Pour Emmanuel, qui sans la nationalité française ne peut bénéficier du statut, la situation est plus contraignante encore. Avec 1500 euros par mois, il est obligé de cumuler avec un emploi de coach sportif pour gagner sa vie. « Financièrement je m’en sors, mais j’ai la tête sous l’eau plusieurs jours par semaine », souligne-t-il, souhaitant « un seul métier avec un salaire de base correct ».

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