Bosnie-Herzégovine : mourir pour le charbon

par euronews-fr

Alors que la 22ème conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Marrakech doit préciser la mise en oeuvre des objectifs notamment de réduction d‘émissions de gaz à effet de serre fixés dans l’accord de Paris, nous faisons le point sur la situation en Bosnie-Herzégovine, pays où l’on enregistre régulièrement des pics de pollution. Tuzla par exemple est la deuxième ville la plus polluée d’Europe. En cause : le trafic routier, la consommation domestique de charbon, mais aussi l’utilisation de ce minerai dans les centrales électriques. Autour de ces sites, les conséquences sur l’environnement et la santé des riverains sont dramatiques, comme l’a constaté notre reporter Valérie Gauriat. C’est le jour de la Toussaint, dans le village de Divkovici, en Bosnie-Herzégovine. La communauté locale est venue rendre hommage à ses proches disparus. Goran Stojak a perdu son père il y a trois mois, foudroyé par un cancer du poumon, le mal du village. En quatre mois, six personnes en sont mortes à Divkovici, les derniers d’une longue liste. Pointée du doigt : la centrale thermique à charbon de Tuzla qui déverse ses déchets à quelques centaines de mètres du village de Goran Stojak. Depuis quatre ans, il se bat pour sauver les riverains de la pollution causée par la centrale. “La centrale est là et les résidus arrivent par ce pipeline, nous montre le père de famille. Cette eau, petit à petit, s’infiltre dans la terre, elle se propage sur les rives, de part et d’autre du lac et elle rentre dans les puits dont se servent les habitants pour l’eau potable,” explique-t-il. Eau et terre contaminées Une fois filtrés et mélangés à l’eau, les déchets sont acheminés par pipeline jusqu‘à de vastes décharges situées à la lisière de Divkovici. L’an dernier, des analyses réalisées par un laboratoire indépendant ont révélé de fortes concentrations de métaux lourds jusqu‘à plusieurs dizaines de mètres sous terre. “On dirait de la terre assez riche, assez fertile : en fait, c’est de la poussière de résidus qui proviennent de la centrale à charbon, précise notre reporter Valérie Gauriat présente sur place. “Là-dedans”, ajoute-t-elle, “on trouve des choses comme du cadmium, du mercure, de l’arsenic, du chrome, et tout cela a contaminé les terres qui entourent le village, ainsi que l’eau évidemment.” Par temps sec, le vent charrie les suies toxiques jusqu’aux habitations. Bronchites, asthme, maladies pulmonaires sont le lot des habitants. “La nuit dernière, raconte Goran Stojak, j’ai dû emmener ma femme et notre enfant de sept mois à l’hôpital, à cause de problèmes d’obstruction pulmonaire. Quand je suis dans mon lit, la nuit, renchérit-il, j’entends les cris de douleur de mon voisin, atteint d’un cancer du poumon. Ici, on est juste condamné à mourir : d’ici quelques années, ce village sera vide, il n’y aura plus personne,” conclut-il. “On n’a pas le choix” Président de la communauté des riverains de la centrale de Tuzla, Goran Stojak n’a cessé d’aler

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