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Un juge enquête sur des accusations visant X pour complicité de cyberharcèlement contre Magali Berdah

  • Magali Berdah au tribunal à Paris, le 10 mai 2023
    ©Bertrand GUAY, AFP - Magali Berdah au tribunal à Paris, le 10 mai 2023
  • Magali Berdah au tribunal à Paris, le 10 mai 2023
    ©Issouf SANOGO, AFP - Le rappeur français Booba en concert au Festival des musiques urbaines d'Anoumabo à Abidjan (Côte d'Ivoire), le 30 avril 2023
  • Magali Berdah au tribunal à Paris, le 10 mai 2023
    ©Nicolas TUCAT, AFP - Au civil, Twitter avait notamment été assigné en justice en France par six associations à partir de 2020, et condamné en mars 2023 par la Cour de cassation à détailler ses moyens de lutte contre la haine en ligne

Les réseaux sociaux peuvent-ils être tenus responsables d'un cyberharcèlement ? Un juge d'instruction parisien enquête depuis juillet sur des accusations visant X (ex-Twitter) pour complicité de harcèlement moral aggravé, après une plainte de l'ex-papesse des influenceurs, Magali Berdah.

La femme d'affaires est en conflit avec le rappeur Booba, mis en examen à Paris depuis octobre 2023 pour cyberharcèlement à son encontre. Il nie vigoureusement.

Elle accuse aussi X d'avoir sciemment continué à donner à l'artiste l'accès à ses services, "lui permettant ainsi de la harceler", d'après une source proche du dossier.

Magali Berdah avait déjà porté plainte en avril 2023 contre Twitter, mais l'enquête ouverte par le parquet de Paris avait été classée "au motif qu'aucune infraction n'était suffisamment caractérisée", a expliqué mercredi le ministère public, sollicité par l'AFP.

En novembre 2023, Mme Berdah a de nouveau déposé une plainte, cette fois-ci avec constitution de partie civile, et obtenu la saisine d'un magistrat instructeur, a confirmé le parquet.

Cette information judiciaire, au caractère inédit, doit permettre "à la justice d'apprécier le rôle de la plateforme X dans le cyberharcèlement subi par Magali Berdah et de se prononcer sur la responsabilité pénale des plateformes", ont estimé les avocats de la plaignante, Mes Antonin Gravelin-Rodriguez, Rachel-Flore Pardo et Elie Touitou, contactés par l'AFP.

- "Far west numérique" -

"C'est, à notre connaissance, la première fois que la plateforme X est mise en cause de la sorte dans le monde: nous espérons que cette procédure conduira à rétablir l'état de droit au far-west numérique", ont-ils aussi commenté dans un communiqué.

De son côté, X n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

La période visée par la plainte de Magali Berdah s'étend avant et après le rachat de la plateforme par le milliardaire américain Elon Musk. Mais les critiques accusant le réseau de servir de chambre d'écho à la haine en ligne n'ont pas attendu ce changement de propriétaire.

Il est toutefois rare que des procédures pour des affaires de harcèlement en ligne aillent jusque devant la justice pénale.

Au civil, Twitter avait notamment été assigné en justice en France par six associations à partir de 2020, et condamné en mars 2023 par la Cour de cassation à détailler ses moyens de lutte contre la haine en ligne.

Depuis son rachat par M. Musk, les accusations liées au manque de modération se sont multipliées. Selon le régulateur australien, le nouveau propriétaire du réseau a licencié quelque 1.200 personnes chargées de modérer les contenus.

Le Center for Countering Digital Hate (CCDH), une organisation de lutte contre la diffusion de haine en ligne, a pointé à plusieurs reprises le manque de réaction de la plateforme face à la diffusion de contenus haineux.

Dans le cas de Mme Berdah, la plaignante accuse notamment le réseau social d'avoir fait fi des alertes adressées sur la plateforme de modération ou des mises en demeure formulées par ses avocats, d'après la source proche du dossier.

- Croisade contre les "influvoleurs" -

Outre sa mise en examen pour cyberharcèlement à l'encontre de Magali Berdah, le "Duc de Boulogne", qui vit désormais aux Etats-Unis, est également placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour des menaces de mort et recel d'une infraction d'atteinte à l'intimité.

Dans cette affaire, il est notamment reproché à Booba "au moins 487 messages sur les réseaux sociaux la visant directement" entre mai 2022 et mai 2023, d'après des éléments de l'enquête consultés par l'AFP.

Le rappeur conteste vivement. Il explique plutôt s'être lancé, aux côtés d'un collectif "d'aide aux victimes d'influenceurs", dans une croisade contre ceux qu'il appelle les "influvoleurs", dénonçant de multiples arnaques à l'encontre des internautes.

Certaines de ses publications ont reçu un large écho et alimentent un plus large débat sur le secteur lucratif des influenceurs.

Mais ses méthodes de dénonciation interrogent la justice. Car le rappeur use, entre autres, d'attaques personnelles et de vidéos non sourcées, notamment depuis mai 2022 à l'encontre de Mme Berdah, fondatrice de l'agence d'influenceurs Shauna Events.

Outre l'instruction visant Booba, 28 personnes ont été condamnées à Paris, accusées d'avoir participé au cyberharcèlement "en meute" de Magali Berdah, notamment via Twitter.

De son côté, Booba a aussi porté plainte contre Mme Berdah pour pratiques commerciales trompeuses. L'enquête préliminaire a été classée sans suite en mars par le parquet de Paris.

Malgré les difficultés financières de Shauna Events, Magali Berdah a annoncé fin novembre le lancement d'une agence internationale sur le même modèle.

publié le 4 décembre à 16h37, AFP

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