Espièglerie et éclectisme, marques de fabrique du pianiste japonais Hayato Sumino
Du répertoire classique au jazz en passant par la pop et quelques facéties, le pianiste et compositeur japonais Hayato Sumino, actuellement en tournée, a construit sa réputation sur les réseaux sociaux, avec 1,4 million de fans sur sa chaîne YouTube.
Le musicien de 29 ans, qui vient de se produire à la salle Gaveau à Paris avant de se rendre prochainement en Corée du Sud, en Allemagne et en Suisse, a sorti récemment l'album "Human Universe" (Sony Classical), qui témoigne de ses goûts et de ses influences éclectiques. Il y joue pour la première fois ses propres compositions, dont trois "Nocturnes", alliant base classique et improvisations.
"J'ai été inspiré par la croyance, chez les Grecs de l'Antiquité, que les corps célestes de l'univers créaient des sons, de l'harmonie, de la musique", raconte-t-il à l'AFP.
Il y interprète aussi ses compositeurs favoris, Bach et Chopin, fait un détour par le baroque avec Purcell, puis passe à des extraits de bande originale de films, comme ceux de Hans Zimmer, auteur de la musique d'"Interstellar".
Hayato Sumino se distingue par son goût pour l'exploration des oeuvres du répertoire et par l'improvisation. On l'a ainsi vu, en plein concert au Royal Albert Hall de Londres, intégrer en quelques secondes, dans son interprétation du "Rhaspody in blue" de Gershwin, l'air de la sonnerie du téléphone d'un spectateur qui venait de retentir.
Espiègle, il est aussi celui qui s'amuse à jouer le "Boléro" de Ravel sur deux pianos à la fois.
- Personnalité de 2024 -
Mis au piano par sa mère, professeure de cet instrument, à l'âge de trois ans, il étudie la musique classique à l'école élémentaire, s'entraîne "tous les jours", passe des concours.
Vers l'âge de 15 ans, il commence à mettre en ligne ses interprétations. "Je m'amusais à poster ce que je voulais, des morceaux de pop ou de jeux vidéo comme +Super Mario Bros+, juste pour le plaisir", rembobine le jeune homme aux traits fins, boucles noires et silhouette longiligne.
En 2020, pandémie oblige, il multiplie les contenus, expérimente, ajoute son travail sur la musique classique. "Le nombre d'abonnés a grossi petit à petit".
L'obtention du grand prix d'un concours prestigieux au Japon (le NPTA), en 2018, lui avait déjà permis de lancer sa carrière professionnelle. Ces dernières années, il a pour professeur le pianiste français Jean-Marc Luisada, qui le pousse notamment à se présenter en 2021 au prestigieux Concours Chopin, à Varsovie, où il arrive demi-finaliste.
Aujourd'hui, sa chaîne YouTube, sous le nom de "Cateen", compte 1,4 million d'abonnés et certaines de ses vidéos font jusqu'à 11 millions de vues. "Les réseaux sociaux sont un outil pour toucher un large public", reconnaît-il.
L'artiste, qui a son groupe de musique pop ("Penthouse") au Japon avec des amis de longue date, est parfois sollicité pour composer des musiques d'animes (films d'animation) et des génériques d'émissions télévisées.
Lui, qui vit désormais à New York, a participé à plusieurs festivals, dont l'un avec l'Orchestre symphonique de Chicago. Il vient d'être repéré par le magazine Vogue (édition japonaise) comme faisant partie des personnalités de 2024 à ne pas rater.
Autre singularité: cet amoureux des maths et de la physique a, parallèlement à ses études musicales, obtenu un master en ingénierie. Et passé six mois en 2018 à l'Institut de recherche et de coordination acoustique/musique (Ircam) à Paris, pendant lesquels il s'est intéressé à l'intelligence artificielle et la musique.
D'ailleurs, s'il aime la musique de Bach, c'est bien parce qu'elle est "harmonieuse" et "mathématiquement belle".
publié le 14 novembre à 13h48, AFP