Cinéma : western taurin et féministe en Camargue
© JOEL SAGET, AFP - L'actrice française Oulaya Amamra pose lors d'une séance photo à Paris, le 13 novembre 2024
Western et courses camarguaises s'accordent rarement au féminin: le film "Animale", en salles mercredi, renverse les stéréotypes dans une histoire de revanche nimbée de fantastique, portée par l'actrice Oulaya Amamra.
Révélée il y a huit ans en jeune fille de banlieue à l'énergie explosive dans "Divines", l'actrice de 28 ans monte cette fois en selle pour incarner le personnage de Nejma, plongée dans un monde d'hommes, celui d'une manade où sont élevés des taureaux de course.
Nejma fait partie du paysage mais trouver sa place dans ce milieu ultrapatriarcal reste un combat du quotidien, surtout lorsqu'elle se met en tête de défier à son tour les taureaux dans l'arène. Et trouve les jeunes hommes de la manade sur son chemin.
Loin du récit social, "Animale", présenté en clôture de la Semaine de la critique à Cannes, fait le choix du genre, entre film de revanche et fantastique façon "Le règne animal", avec sa bête sauvage et menaçante qui rode dans un univers enveloppé de poussière.
"La bête dangereuse n'est pas forcément celle que l'on croit", explique à l'AFP la réalisatrice Emma Benestan, qui a voulu jouer sur les symboles et les mythes, comme celui du Minotaure.
"Le taureau est le summum du symbole masculin. On boit même en rigolant du Red Bull en soirée, comme si on se donnait de l'énergie masculine", constate-t-elle. "Il faut ouvrir les imaginaires. C'est un film très féministe, qui s'empare des figures féminines mais travaille aussi les symboles masculins."
Au milieu d'acteurs non-professionnels recrutés en Camargue, le long métrage doit beaucoup au jeu d'Oulaya Amamra, qui s'est préparée pendant des semaines pour monter à cheval et apprendre les techniques de raseteuse, parmi ceux qui affrontent les taureaux.
"Quand j'étais petite, je n'avais pas forcément de quoi m'identifier. J'adore les westerns mais les personnages féminins, à chaque fois, ils servent la soupe! De voir cette femme à cheval et de me dire +OK, nous aussi, on a le droit d'avoir l'aventure, l'action+, ça fait du bien!", commente la comédienne.
Hors de sa zone de confort, l'actrice continue une carrière jalonnée de peu de films, choisis avec soin, comme "Le sel des larmes" de Philippe Garrel (2020) ou "Divertimento" (2022) où elle incarnait la très charismatique Zahia Ziouani, fondatrice d'un orchestre symphonique unique en son genre en Seine-Saint-Denis.
Elle retrouvera prochainement sa soeur, la réalisatrice Houda Benyamina, et toute l'équipe de "Divines" pour une version féminine des Trois Mousquetaires, intitulée "Toutes pour une", qui sort en janvier.
publié le 22 novembre à 09h03, AFP