Venezuela: l'armée refuse de reconnaître l'opposant Gonzalez Urrutia comme président
L'armée vénézuélienne a refusé "catégoriquement" de reconnaître comme président l'opposant Edmundo Gonzalez Urrutia, qui est allé chercher du soutien de Washington et cherche à relancer la contestation contre la réélection du président sortant Nicolas Maduro.
La tension monte avant la cérémonie d'investiture prévue vendredi à Caracas au cours de laquelle M. Maduro, au pouvoir depuis 2013, doit prêter serment pour un troisième mandat (2025-2031).
Les forces de sécurité sont déployées massivement dans les rues de la capitale et l'opposition appelle à manifester jeudi, à la veille de l'événement pour lequel son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire, affirme vouloir revenir au Venezuela.
"S'il pose un pied au Venezuela, il sera arrêté et jugé", a prévenu lors d'une conférence de presse le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello, souvent considéré comme l'homme le plus puissant du pays, après M. Maduro.
M. Gonzalez Urrutia, ancien ambassadeur de 75 ans, en avait appelé dimanche à l'armée, pilier du pouvoir au venezuela, appelant à le reconnaître comme président.
"Nous rejetons catégoriquement et avec une véhémence absolue cet acte clownesque et bouffon", a répliqué le général Vladimir Padrino, ministre de la Défense, tout en réaffirmant "fidélité, obéissance et subordination solennelles" au président Maduro.
"Le monde entier doit savoir que le 10 janvier, nous ratifierons l'engagement total envers la démocratie vénézuélienne et reconnaîtrons le citoyen Nicolas Maduro comme président constitutionnel (...) réélu pour la période de 2025 à 2031", a ajouté le général Padrino.
Les troubles post-électoraux ont déjà fait 28 morts, 200 blessés et entraîné 2.400 arrestations.
Après plusieurs mois d'exil en Europe, M. Gonzalez Urrutia effectue une tournée internationale qui l'a conduit lundi à Washington, où il a rencontré le président sortant Joe Biden et Mike Waltz, le futur conseiller sécurité de Donald Trump.
Sur X, il a affirmé avoir reçu l'assurance que l'engagement de Joe Biden en faveur d'"une transition pacifique au Venezuela reste intact".
- "Campagne victorieuse" -
"La campagne victorieuse de Gonzalez Urrutia doit être prise en compte par un transfert pacifique du pouvoir", a indiqué la Maison Blanche.
"Il est grotesque qu'un gouvernement sortant, tel que celui de Joe Biden, discrédité politiquement et marqué par un héritage d'échecs nationaux et internationaux, insiste pour soutenir un projet violent", a répliqué le ministère vénézuelien des Affaires étrangères dans un communiqué.
M. Urrutia s'est aussi entretenu par vidéo lundi avec la présidente péruvienne Dina Boluarte, dont le gouvernement n'a pas reconnu la victoire de Maduro. La présidence péruvienne a loué sur X "le leadership et le courage" de M. Gonzalez Urrutia.
La victoire de Nicolas Maduro à l'élection présidentielle du 28 juillet a été validée par la Cour suprême après qu'il a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE).
Les procès-verbaux des bureaux de vote n'ont cependant pas été publiés, comme le prévoit la loi, en raison officiellement d'un piratage informatique, jugé peu crédible par de nombreux observateurs.
L'opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, assure que son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 67% des voix.
Dans un entretien à l'AFP, la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado a enfoncé le clou :
"Nous savons tous qui est le président élu", a-t-elle dit. "Les Vénézuéliens le savent, les forces armées le savent, Maduro le sait, le monde entier le sait".
Promettant de sortir de la clandestinité pour les manifestations de jeudi, elle estime que "le régime n'a plus que la peur" pour garder le pouvoir et appelé les militaires à "baisser les armes".
Successeur désigné d'Hugo Chavez en 2013, le président Nicolas Maduro, considéré comme un syndicaliste sans envergure par ses détracteurs, a su se maintenir au pouvoir en dirigeant le pays pétrolier d'une main de fer.
Ancien lieutenant-colonel, Chavez avait particulièrement choyé l'armée, lui confiant des postes clé dans l'administration et l'économie, et octroyant le droit de vote aux militaires en 1999.
Le président Maduro qui lui a succédé, a été plus loin en permettant à de nombreux officiers de s'enrichir, selon l'opposition et des experts.
Outre les armes, les forces armées contrôlent aujourd'hui les sociétés minières, pétrolières et de distribution alimentaire, ainsi que les douanes et 12 des 34 ministères, dont des portefeuilles importants tels que le Pétrole, la Défense, l'Intérieur ou le Commerce
publié le 7 janvier à 11h38, AFP