Les hôpitaux de Gaza en danger faute de carburant, alerte le ministère de la Santé
Les hôpitaux de la bande de Gaza vont cesser ou réduire leurs activités dans les 48 heures faute de carburant, a averti vendredi le ministère de la Santé du Hamas dans le territoire palestinien frappé par une grave crise humanitaire et où l'armée israélienne a mené de nouveaux bombardements.
Les réactions internationales continuent par ailleurs de se multiplier après l'émission jeudi par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant, accusés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans le conflit déclenché à Gaza par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
Le ministère de la Santé du Hamas dans la bande de Gaza, où le mouvement islamiste était arrivé au pouvoir en 2007, a lancé vendredi "un avertissement urgent car tous les hôpitaux de la bande de Gaza vont cesser de fonctionner ou réduire leurs services sous 48 heures en raison de l'obstruction de l'entrée du carburant" par Israël dans le petit territoire assiégé.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'est dite "profondément préoccupée" par la situation de 80 patients, dont 8 en soins intensifs, et du personnel de l'hôpital Kamal Adwan, l'un des deux seuls hôpitaux fonctionnant partiellement dans le nord de Gaza.
Une attaque de drone avait visé la veille l'établissement, endommageant le générateur et le réservoir d'eau, a ajouté le chef de l'Organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
La Défense civile a fait état de son côté de douze morts et de plusieurs blessés dans des frappes israéliennes dans l'est et au sud de Gaza-ville.
- "Enfants innocents" -
"J'ai perdu toute ma famille, 10 personnes, et je suis le seul qui reste", lance Belal, dans une salle de l'hôpital Al-Ahli où ont été transportées des victimes. "Il y avait (...) des enfants innocents. Qu'ont-ils fait de mal?", a déclaré à l'AFP un autre homme, près d'un garçon inconscient sur un lit d'hôpital.
Les autorités israéliennes ont affirmé avoir "éliminé cinq terroristes du Hamas" lors d'un raid dans la zone de Beit Lahia (nord) dans la nuit de mercredi à jeudi.
Ce raid a fait des dizaines de morts et de disparus, d'après des sources médicales palestiniennes.
Selon les autorités israéliennes, deux des hommes tués étaient responsables, le jour de l'attaque du 7 octobre 2023, de "meurtres et enlèvements".
Disant vouloir empêcher les combattants du Hamas de reconstituer leurs forces dans la zone, l'armée israélienne a lancé début octobre une nouvelle offensive majeure sur le nord du territoire palestinien, qui a déjà fait plus d'un millier de morts, selon le ministère de la Santé à Gaza.
L'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées, dont 97 restent otages à Gaza, parmi lesquelles 34 déclarées mortes par l'armée.
L'offensive aérienne puis terrestre lancée à Gaza en représailles par Israël a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
L'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha) a indiqué vendredi qu'"au moins 333 travailleurs humanitaires" avaient été tués dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.
Après plus d'un an de conflit, la CPI a provoqué la fureur d'Israël en émettant jeudi des mandats d'arrêt sans précédent contre MM. Netanyahu et Gallant.
- "En défi" -
Vendredi, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, inconditionnel soutien du dirigeant israélien, a annoncé vouloir inviter M. Netanyahu en Hongrie, en "défi".
L'Iran a vu de son côté dans la décision de la CPI "la mort politique du régime sioniste". La France a dit prendre acte de cette décision et le Royaume-Uni a indiqué qu'il "respectera ses obligations légales".
Le Hamas a salué une "étape importante vers la justice", sans mentionner le mandat d'arrêt annoncé simultanément par la CPI contre le chef de la branche armée du mouvement. Israël a annoncé cet été avoir tué Mohammed Deif, considéré comme l'un de ses cerveaux du 7-Octobre, mais le Hamas n'a pas confirmé son décès.
L'armée israélienne a aussi lancé le 23 septembre une campagne de frappes massives au Liban contre le Hezbollah pro-iranien, qui avait ouvert un front pour soutenir le Hamas après le 7-Octobre.
De nouveaux bombardements ont secoué vendredi la banlieue de Beyrouth, un fief du mouvement islamiste, après un appel d'Israël à évacuer.
Cinq secouristes affiliés au Hezbollah ont par ailleurs été tués dans le sud du Liban, où l'armée israélienne mène depuis le 30 septembre des incursions terrestres contre les combattants du Hezbollah, selon le ministère libanais de la Santé.
Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord du pays déplacés par les échanges de tirs avec le mouvement libanais. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.
publié le 22 novembre à 19h30, AFP