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Le Gabon vote pour ou contre une nouvelle Constitution, "tournant majeur" après le putsch

  • Une affiche de campagne pour encourager les citoyens à aller voter au référendum sur le projet de nouvelle constitution gabonaise, à Libreville le 12 novembre 2024
    ©Nao Mukadi, AFP - Une affiche de campagne pour encourager les citoyens à aller voter au référendum sur le projet de nouvelle constitution gabonaise, à Libreville le 12 novembre 2024
  • Une affiche de campagne pour encourager les citoyens à aller voter au référendum sur le projet de nouvelle constitution gabonaise, à Libreville le 12 novembre 2024
    ©Nao Mukadi, AFP - Une affiche de campagne pour encourager les citoyens à voter "oui" au référendum sur le projet de nouvelle constitution gabonaise, à Libreville, le 12 novembre 2024
  • Une affiche de campagne pour encourager les citoyens à aller voter au référendum sur le projet de nouvelle constitution gabonaise, à Libreville le 12 novembre 2024
    ©WILFRIED MBINAH, AFP - Le président de transition du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, lors d'une parade marquant le premier anniversaire de son arrivée au pouvoir par un coup d'Etat, le 30 août 2024 à Libreville

Bulletin vert pour le "oui" ou bulletin rouge pour le "non"? Les Gabonais doivent se prononcer samedi sur le projet de nouvelle Constitution présentée par le régime du général Brice Oligui Nguema comme "un tournant majeur" après le putsch d'août 2023.

Quelque 860.000 électeurs sont invités à voter entre 07H00 et 18H00 (06H00 et 17H00 GMT) dans les 2.835 bureaux de vote du pays, supervisés par des commissions électorales formées sous la houlette du ministère de l'Intérieur pour suppléer les instances dissoutes après le coup d'Etat qui a renversé la dynastie Bongo.

Le projet de nouvelle loi fondamentale consacre entre autres un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel au pouvoir exécutif fort, sans Premier ministre mais avec un vice-président nommé par le Chef de l'Etat, et un pouvoir de dissolution de l'Assemblée nationale.

"Le 16 novembre, nous avons rendez-vous avec l'histoire", a déclaré cette semaine le chef de l'Etat sur son compte X, avec une photo le montrant en veston civil et casquette, carte d'électeur à la main.

Les opposants au texte dénoncent un texte taillé sur mesure pour le nouvel homme fort du pouvoir.

Comme de nombreux médias locaux, le site d'information "Gaboninfoslive" voit le taux de participation comme le principal enjeu de la consultation, "épouvantail à combattre" qui "éprouve chaque jour davantage les nerfs des organisateurs".

Pour motiver les électeurs, le pouvoir a multiplié les appels au vote dans les médias, sur les réseaux sociaux et sur les panneaux d'affichage. A la dernière minute, deux jours de congés ont été accordés en amont du scrutin et des changements dérogatoires de bureau de vote autorisés pour "limiter les aléas liés aux transports et à la météo" en saison des pluies.

"Campagne référendaire ou présidentielle?", s'interroge le journal l'Union dans son édition de vendredi, en notant que les panneaux ornés de l'effigie du président de la transition sont "omniprésents".

- "Essor vers la félicité" -

Le projet de nouvelle Constitution impose au candidat à la présidentielle d'être exclusivement Gabonais, né d'au moins un parent gabonais de naissance et marié à une personne gabonaise --des conditions assouplies après une première mouture se limitant aux seuls Gabonais nés de deux parents gabonais.

Un alinéa non inscrit dans la liste des dispositions intangibles interdit au conjoint ou aux descendants du président de se porter candidat.

Si la Constitution est adoptée, la prochaine étape sera la tenue d'une élection présidentielle, actuellement prévue en août 2025, pour mettre un terme définitif à la transition née du putsch qui a mis fin aux 55 ans de règne de la dynastie Bongo.

Le général Oligui a promis de rendre le pouvoir aux civils mais il ne cache pas ses ambitions présidentielles en promettant aussi un "essor vers la félicité" à ce pays à la fois riche en pétrole et lourdement endetté.

"Nous fabriquons de toutes pièces un dictateur qui conçoit la Constitution pour lui-même", a lancé la juriste Marlène Fabienne Essola Efountame lors d'un grand débat organisé dimanche par la télévision d'Etat. "Ce genre de débat, on n'y avait pas droit avant", a pour sa part insisté Johanna Boussamba, porte-parole du COPIL citoyen, une association civile pour qui il faut "aller de l'avant" en votant +Oui+.

Le ministère de l'Intérieur assure avoir pris toutes les dispositions pour "garantir la plus grande transparence", notamment en invitant des observateurs internationaux --écartés lors de la présidentielle d'août 2023 qui avait conduit à la réélection d'Ali Bongo puis à sa destitution après des accusations de fraude électorale et de détournement de fonds publics.

Les résultats provisoires seront publiés "dans le délai le plus court possible" et les résultats définitifs seront ensuite proclamés par la Cour constitutionnelle après "levée de toutes les contestations", selon le ministère.

En l'absence de sondage, une enquête Afrobarometer publiée mi-octobre donne quelques tendances : 86,7% des 1.200 personnes sondées pensent que "le pays va dans la bonne direction", 53,8% attribuent un "plutôt bien" à la gestion économique du gouvernement actuel, en citant parmi les problèmes les plus urgents le chômage (29,4%), la santé (13,4%), les infrastructures routières (9,7%) devant l'insécurité et la hausse du prix de la vie (8%).

Selon cette enquête, 46,4% font "beaucoup confiance" au général Oligui qui arrive en tête des intentions de vote pour la présidentielle.

publié le 16 novembre à 04h01, AFP

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