Économie

Le rétablissement "progressif" de l'électricité se poursuit en Guadeloupe

  • Le soleil se couche derrière les palmiers du Gosier, près de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 22 novembre 2021
    ©Christophe ARCHAMBAULT, AFP - Le soleil se couche derrière les palmiers du Gosier, près de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 22 novembre 2021
  • Le soleil se couche derrière les palmiers du Gosier, près de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, le 22 novembre 2021
    ©Carla BERNHARDT, AFP - L'entrée du centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre, sur l'archipel français de la Guadeloupe, le 3 septembre 2021

Le rétablissement de l'électricité se poursuivait de manière "progressive" samedi matin en Guadeloupe, avec "65%" des foyers réalimentés selon EDF, 24 heures après une coupure électrique généralisée dans l'ensemble de l'archipel.

L'électricité a été rétablie chez "149.500 clients", soit 65% des personnes touchées, selon un bilan de l'énergéticien réalisé à 06H30 heure locale (12H30 à Paris).

"Au total, 80.500 clients sont encore privés d'électricité", a ajouté EDF, précisant que la réalimentation "sera progressive pour assurer la stabilité du réseau électrique".

Un coupure généralisée ("black-out") affecte la Guadeloupe depuis vendredi à 08H30 heure locale, "à la suite de l'arrêt illégal" des moteurs de la centrale EDF-PEI de Jarry, qui fournit la majorité de l'électricité sur le territoire de près de 380.000 habitants.

Le préfet comme le président du département ont dénoncé un "sabotage", alors qu'un conflit social oppose depuis plusieurs semaines la branche énergie de la CGT et la direction d'EDF Production électrique insulaire (PEI) dans le territoire.

Peu après la coupure, le préfet Xavier Lefort avait accusé "des salariés grévistes" de la centrale de Jarry, qui "se sont introduits dans la salle des commandes" et "provoqué l'arrêt d'urgence de l'ensemble des moteurs".

Les gendarmes sont intervenus à l'intérieur pour "sécuriser la salle des commandes", avait expliqué le préfet, qui a aussi réquisitionné les salariés "nécessaires au fonctionnement" de la centrale.

Le représentant de l'État a également décrété vendredi la mise en place d'un "couvre-feu général" sur l'ensemble du territoire, une mesure levée à 06H00 samedi.

Selon les gendarmes, malgré ce couvre-feu, plusieurs faits de violences urbaines (barricades, poubelles brûlées) ont été constatés dans la nuit, notamment à Baie-Mahault et au Lamentin, sans faire de blessé.

Sur l'archipel, l'annonce de la coupure avait provoqué une certaine inquiétude concernant la distribution de l'eau, le fonctionnement de l'hôpital, mais aussi les malades soignés chez eux.

C'est le cas de Sylviane Fresac, 84 ans, une résidente du Gosier appareillée chez elle après un AVC et qui s'est réveillée suffoquant en pleine nuit. "Je sentais que j'allais étouffer, alors j'ai enlevé mon appareil: l'air ne passait plus", a-t-elle déclaré.

- "Graves conséquences " -

Les réseaux de téléphonie mobile étaient aussi très touchés vendredi mais la situation "s'améliore progressivement au rythme du rétablissement de l'alimentation", a annoncé samedi matin Orange Caraïbe, le principal opérateur mobile de Guadeloupe.

Les établissements de santé fonctionnent eux sur leurs groupes électrogènes. Dès la constatation de la coupure, "les équipes de maintenance ont activé les groupes électrogènes sur l'ensemble des sites concernés", avait indiqué le Centre Hospitalier de la Guadeloupe (CHUG) dans un communiqué.

Le président du département, Guy Losbar, s'est dit vendredi "particulièrement indigné par les graves conséquences du black-out général", ajoutant qu'"aucune revendication salariale, aussi légitime soit-elle, ne saurait justifier de tels agissements aux conséquences catastrophiques".

L'Union des entreprises de Guadeloupe, représentant du Medef sur le territoire, a elle dénoncé un "acte criminel", ajoutant que "les plus petites entreprises paieront le plus lourd tribut avec des pertes de stocks et de matériels".

La fédération PS de Guadeloupe a de son côté pointé du doigt le "dialogue social en lambeaux" dans cette crise et réclamé "d'urgence un retour à la raison".

Des grévistes de la centrale ont indiqué à l'AFP avoir procédé à la coupure des moteurs "après la convocation par la direction d'un de (leurs) chefs, peut-être en vue d'un licenciement".

Samedi matin, "sept moteurs sur les 12 de la centrale de Jarry" avaient pu "être redémarrés" après la réparation d'un "des moteurs de secours, spécifiquement dédié à la relance du système électrique", a détaillé EDF Archipel Guadeloupe.

Le mouvement social, qui dure depuis le 15 septembre, porte sur la mise en œuvre d'un accord signé début 2023, après deux mois de grève des mêmes agents, qui réclamaient une mise en conformité de leurs contrats et de leur rémunération avec le droit du travail, notamment cinq ans d'arriérés de salaires non versés.

Il avait depuis provoqué des coupures d'électricité affectant jusqu'à environ 100.000 foyers.

Lundi, la direction d'EDF-PEI avait proposé la signature d'un accord que la fédération de l'énergie de la CGT-Guadeloupe a refusé, un dernier point d'achoppement portant sur le mode de calcul des congés payés.

La Guadeloupe est une zone non interconnectée, ce qui signifie qu'elle doit produire elle-même son électricité pour satisfaire la demande sur le territoire.

publié le 26 octobre à 17h20, AFP

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